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CINESTRANGER

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LA TRAVERSEE DE PARIS

Publié par cinestranger sur 12 Septembre 2016, 06:58am

Catégories : #FILMS ANCIENS

LA TRAVERSEE DE PARIS


Réalisateur: Claude Autant-Lara

 

avec
Jean Gabin    ...     Grandgil
Bourvil    ...     Marcel Martin

LOUIS DE FUNES

Jeannette Batti    ...     Mariette Martin
Georgette Anys    ...     Lucienne Couronne, la patronne du cafe Belotte
Robert Arnoux    ...     Marchandot
Laurence Badie    ...     La serveuse du restaurant
Myno Burney    ...     Angèle Marchandot
Germaine Delbat    ...     Une cliente du restaurant
Monette Dinay    ...     Madame Jambier
Jean Dunot    ...     Alfred Couronne, le patron du cafe Belotte
Bernard La Jarrige    ...     Un agent de police (comme Bernard Lajarrige)
Jacques Marin    ...     Le patron du restaurant Saint Martin
Hubert de Lapparent    ...     L'otage nerveux
Jean  Verner    ...     Le motard (comme Jean Verner)


Paris sous l'occupation allemande, en 1943-Martin est chauffeur de taxi au chômage et doit, pour gagner un peu d'argent et manger à sa faim, faire des transports clandestins de viande pour le marché noir. Sa dernière mission est de prendre possession d'un cochon coupé en tranches dans les locaux de l'épicier Jambier, pour l'apporter chez le boucher Marchandot, rue Lepic, à l'autre bout de la ville. Tandis que Jambier égorge l'animal, Martin joue de l'accordéon pour couvrir les cris du cochon. Puis il rejoint sa femme Mariette au restaurant où elle travaille, qui lui apprend que son coéquipier habituel vient d'être arrêté. Etant seul, il ne pourra pas transporter en un seul voyage l'intégralité du porc. C'est à ce moment qu'entre un inconnu dans le restaurant. Il s'appelle Grandgil et propose à Martin de remplacer l'équipier absent. D'abord réticent, Martin accepte et tous deux vont rue Poliveau chez Jambier, pour récupérer les quatre valises contenant le cochon.

 

Se dissimulant quand ils aperçoivent une patrouille de police, ou courant plus vite quand un chien flairant les saucisses les prend en chasse, les deux hommes font une halte dans un café tenu par monsieur et madame Couronne. Ils y déclenchent un esclandre puis font un détour par la rue de Turenne où Martin veut régler un problème avec Mariette. Se cachant sous une porte cochère, une jeune fille les prend pour des résistants...

 

Ils poursuivent leur route et atteignent enfin Montmartre. En raison d'une alerte, Grandgil entraîne Martin à son domicile, lequel découvre que son ami d'un soir qu'il croyait peintre en bâtiment est en fait un artiste peintre très célèbre, et qu'il n'a pas besoin d'argent. Pourquoi donc a-t-il accepté ce transport risqué ? Uniquement par jeu, par défi. Dans la rue, Martin pique une colère qui les fait remarquer par des soldats allemands. Ils sont emmenés à la Kommandantur mais un officier amateur d'art reconnaît Grandgil et le libère. Martin est, par contre, retenu comme otage, car un attentat vient d'avoir lieu à quelques dizaines de mètres de là... Quelques années plus tard, sur le quai d'une gare, Martin est porteur de bagages. Il installe l'un de ses client et découvre que celui-ci n'est autre qui Grandgil, toujours à l'aise, sûr de lui et fortuné.

Les récits de Marcel Aymé ont un point de départ formidable, raconte Claude Autant-Lara, mais pour une transposition à l'écran, nous ne trouvions pas toujours la bonne chute. Le scénario est ainsi resté quelque temps en rade. Je ne voulais pas commencer avant qu'il ne soit impeccable. Nous avons, dans un premier temps, renoncé au sujet. Nous l'avons repris deux ou trois ans plus tard et moi, j'ai poursuivi ma balade pour le placer... "
En vain. Le réalisateur frappe à toutes les portes, mais l'accueil des producteurs est décourageant :
"Autant-Lara, vous êtes ridicule. Vous nous apportez une histoire de cochon, pendant l'Occupation, alors que les gens ont envie de voir des bals avec des robes longues et de beaux habits. Franchement! Et puis la guerre est finie. Ça suffit comme ça... "

Autant-Lara, a toujours voulu Bourvil  pour La Traversée de Paris, projet tiré d'une œuvre de Marcel Aymé avant même que le premier « clap » soit donné.
Autant-Lara est tenace comme à son habitude, et il s'accroche, poursuit sa guerre d'usure. La Traversée de Paris est en passe de devenir une traversée du désert quand il trouve enfin celui qui accepte d'un coup et l'histoire et l'acteur. Au départ Blier était pressenti pour le rôle. Mais autant-Lara voulait Bourvil…
M. Deutchmeister s'étonne bien du choix fait sur Bourvil, mais il est d'accord.
"Bourvil ? Tiens. C'est pas grand-chose. Mais moi, du moment que j'ai Gabin en vedette, ça me  suffit"
Claude Autant-Lara va tourner le film qui lui tient à cœur depuis plusieurs années. Une adaptation de la nouvelle de Marcel Aymé, par les scénaristes Pierre Bost et Jean Aurenche, avec Jean Gabin et Bourvil... Mais l’'auteur ne veut pas de Bourvil . On lui avait déjà imposé ce drôle dans Le Passe-muraille et voilà que ça recommence. Cette fois, il ne peut accepter. Le 8 mars 1956, il envoie une lettre incendiaire au réalisateur, avec copie au producteur :
Vous savez aussi bien que moi que Bourvil est à l'opposé du rôle et je ne dis rien de ses qualités d'acteur. J'entends bien qu'il s'agit maintenant de faire commercial à tout prix et de tourner la chose en grosse guignolade, mais je ne crois même pas que ce soit là un bon calcul. Bourvil pourra y aller de toutes ses bonnes ficelles dans le rôle de Martin, il ne sera qu'insignifiant. Il va sans dire que mon nom ne paraîtra pas au générique. En outre je me réserve de dire dans la presse ce que je pense de cette petite mésaventure dont vous serez victime aussi bien que moi. Je vous souhaite bon courage dans l'accomplissement de cette besogne. A vous bien sincèrement. »
Marcel Aymé

Passablement affolé, le producteur fait pression sur le cinéaste : « Impossible. Nous ne pouvons tenter le coup alors que l'auteur nous dit à l'avance qu'il va nous tirer dessus. »
Mais Autant-Lara tient bon. Intransigeance, acharnement. Et arguments : il réussit à convaincre Deutchmeister que son film rapportera de l'argent, et comme ce dernier se trouve alors dans une mauvaise passe financière, il accepte de se lancer dans l'aventure. Comme on risque un banco, comme on se jette à l'eau. En passant, il profite des conditions particulières pour réduire le mon-tant du devis stipulé au contrat. Le réalisateur doit renoncer à la couleur. Va pour le noir et blanc. Ingénieux, Autant-Lara fera tout de même tirer le film sur une pellicule couleur, procédé inédit qui permet au cinéaste de retrouver ce qu'il appellera  " Le côté froid, verdâtre de l'Occupation... "
... Et Claude Autant-Lara, contre vents et marées et contre Marcel Aymé, maintient Bourvil. Qui peut enfin, lui aussi, signer le contrat. C'est parti.
Bourvil a suivi toutes ces tractations de loin. Sans en prendre ombrage, il a l'habitude. D'ailleurs lui-même n'y croyait pas trop. Lors de la première prise de contact, il n'avait su que dire au réalisateur :
"Un film avec Gabin. Moi, en vedette avec Gabin ? Vous êtes bien sûr ? "
« Il était un peu intimidé à cette idée », se souvient Claude Autant-Lara. " En plus de sa gentillesse naturelle, il y avait, chez ce garçon, beaucoup de modestie. La vertu des grands personnages. "
Les débuts ont été difficiles. Le tournage, lui, ne pose aucun problème. Même si le courant ne passe guère entre Autant-Lara et Gabin, deux caractères quelque peu irascibles, les rapports entre les acteurs sont alors excellents. Gabin fait un numéro d'acteur époustouflant. Mais à ce moment-là, il est encore au service d'un film et le film n'est pas fait que pour lui. Il ne « déborde » pas. Peut-être est-ce dû aussi pour une part au talent d'un réalisateur, particulièrement dirigiste ? Méthode autoritaire que n'apprécie pas toujours Gabin. Toujours est-il que son écla¬boussante personnalité garde ici toute sa mesure. Face à lui, Bourvil, avec de tout autres armes, rend attachant un personnage de grisaille. Son " Martin ", petit bonhomme falot, pas méchant mais pas bien courageux, juste capable de faire du marché noir à quatre sous, était plus délicat à faire vivre que le « Grandgil » de Gabin, peintre renommé qui vient avec ses larges épaules violer les consciences résignées et brutaliser « les salauds de pauvres ». Ce qui fait écrire au critique de la Centrale catholique du cinéma passablement scandalisé...
" La férocité de Grandgil, qui cache sous son dilettantisme un esprit anarchique et destructeur, rend ce film particulièrement amer et grinçant. On dirait que le seul but de Grandgil est de souligner et même de provoquer toute l'abjection qui peut exister au sein d'une humanité plongée dans le malheur.
Avec son « honnêteté » de petit trafiquant trimbalé dans les rues noires de l'Occupation, avec sa pitoyable dégaine de débrouillard qui se fait du bien sans faire de mal, le personnage de Martin avait, lui, toutes chances d'être tristement ridicule. Bourvil le rend simplement humain."

Beau joueur, l'ombrageux et exigeant Marcel Aymé reconnaît son erreur. Et il l'écrit, le 8 novembre, en s'adressant à Claude Autant-Lara qui fera publier ses deux lettres dans le magazine Positif :
" Cher ami,
J'espérais vous voir à la représentation et j'ai regretté que vous n'y soyez pas. Je vous aurais dit de vive voix combien j'étais content du film qui est une vraie réussite. Je vous aurais dit aussi que j'avais trouvé Bourvil tout à fait remarquable. Et j'aurais hautement confessé mon erreur... Merci de ce que vous avez fait. C'est vraiment la toute première fois que l'on a fait au cinéma quelque chose tiré d'un de mes livres qui soit, non seulement bien, mais d'une grande qualité. Et dans ce cas particulier ce n'était pas facile. Je vous en suis très reconnaissant. "
Une fausse note toutefois dans ce happy end. Si dans le roman de Marcel Aymé, Martin poignarde Grand-gil, une fin plus heureuse est imposée contre son gré à Claude Autant-Lara avec une rencontre teintée de nostalgie d'après-guerre entre le voyageur Gabin et le porteur Bourvil. C'est la fameuse réplique :
" Alors Martin, toujours les valises ?
— Eh oui, celles des autres. "
Mais le réalisateur, toujours aussi intransigeant, marquera son hostilité par un grand « noir » entre « sa » fin de La Traversée de Paris et la dernière séquence vue par le spectateur.

Film présente à la 17° biennale du festival de venise en 1957: Bourvil remporte le prix d'interprétation.

LA TRAVERSEE DE PARIS

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