LAUREL ET HARDY
Il n'est guère de tandem artistique dont la survie ne se trouve un jour mise en péril par le narcissisme et les intérêts contradictoires de ses entités constituantes, on songe à Dean Martin et à Jerry Lewis, à Paul Simon et à Art Garfunkel... Rien de tel chez Stan Laurel et Oliver Hardy. Non seulement ils s étaient complémentaires dans leurs effets comiques, mais en plus, ils étaient inséparables dans la vie. Une amitié véritable les unissait, dont ils nourrissaient inconsciemment leur duo, comme les préoccupations humanitaires imprégnaient chez Chaplin le personnage de Chariot. Il ne faut pas chercher ailleurs le secret de longévité une carrière qui traverse la période de dépression économique des années 1930 et les cinq années de guerre qui la fermèrent. Pourtant , si l'authenticité de leur amitié est le supplément d'âme qui distingue leur comique du pur « slap-stick » d'un Mack Sennett, fondé sur les gags visuels et les coups de bâton, c'est la réalité de leur tandem calamiteux, formé d'un Laurel maladroit et pleurnichard et d'un Hardy ridiculement plastronneur et prenant le public à témoin des catastrophes déchaînées par son compère, qui sera le fil rouge d'un duo comique qui aura accompagné aussi sûrement nos jeunes années que ne l'auront fait les avenues de Tintin.
Leur tandem peut bien nous apparaître évident aujourd'hui, c'est le hasard, mais aussi le flair d'un homme, Hal Roach, qui présida à la rencontre entre . Rien, dans leur histoire personnelle, si ce n'est une commune inclination pour le comique, ne prédestinait en effet cet Américain obèse et cet Anglais filiforme à collaborer un jour.
Stan Laurel, de son vrai nom Arthur Stanley Jefferson, était originaire d'Ulverston, près de la frontière écossaise, où il était né le 16 juin 1895. Dans le sillage de ses parents, comédiens, il fait, en 1907, ses débuts dans des spectacles de pantomime, avant d'intégrer, trois ans plus tard, la célèbre troupe ambulante de Fred Karno, dont l'une des stars est alors Charles Chaplin. Lorsque, à la faveur d'une tournée américaine, en 1912, Chaplin, séduit par les offres cinématographiques de Mack Sennett, quitte Karno, c'est Laurel qui deviendra sa doublure, avant qu'à son tour, il ne cède aux sirènes hollywoodiennes, en 1917.
Né en Géorgie le 18 janvier 1892, Oliver Hardy ne peut, en revanche, se prévaloir du moindre antécédent artistique familial. Au lendemain du décès de son mari, la mère d'« Ollie » reprend la gestion d'un hôtel. Une providentielle école d'observation pour son fils, qui parviendra au métier d'acteur par l'imitation, et après un passage par le Conservatoire, où l'a conduit sa voix de baryton. En 1913, il assure l'exploitation d'un cinéma, avant de se produire, trois ans plus tard, dans ses premières comédies burlesques, où il tient le rôle du faux jeton face à ses partenaires Billy West et Larry Semon.
La première rencontre cinématographique de Stan Laurel et d'Oliver Hardy, dans « Lucky dog », est fortuite et ne devait pas se renouveler avant neuf ans. En 1926, Stan est au service de Hal Roach depuis quatre ans et sur le point d'abandonner l'interprétation au profit de la réalisation et de l'écriture de gags, lorsque le hasard le convie à donner la réplique à Oliver Hardy. Présent, Hal Roach pressent d'emblée le potentiel comique qu'il peut tirer de leur complémentarité physique. Le tandem Laurel & Hardy est né, qui fera ses premières armes dans une succession de courts métrages bouffons, dont le pivot est alors l'acteur Jim Finlayson, chauve à moustaches qui fera plus tard les frais de la balourdise de nos deux compères. Mais, déjà, percent les particularismes gestuels qui deviendront l'estampille du célèbre duo : la mimique pleurnicharde de Stan, qui se gratte simultanément le crâne, fait ainsi son apparition dans « Un ancien flirt », comme Hardy tripatouillant nerveusement sa cravate et fixant la caméra dans le blanc de l'objectif est déjà repérable dans « Il était un petit navire ». Un caméra look dont la durée sera fonction de l'intensité des rires du public durant les projections test. A partir de 1928, le succès est foudroyant, et l'approche des gags, plus humaine et moins mécanique que dans le traditionnel comique tarte à la crème de leurs débuts. L'attention porte en effet moins sur l'accumulation des gags que sur leur enchaînement jusqu'à l'absurde. Contrairement à Harold Lloyd et à Harry Langdon, Laurel et Hardy connaîtront même une popularité accrue à l'avènement du parlant. Le tandem tourne alors ses premiers longs métrages, dont les plus achevés seront « Les compagnons de la nouba », « C'est donc ton frère » et « Laurel et Hardy au Far West ». Que Stan Laurel ait été le producteur et le gagman des deux derniers est d'autant plus révélateur de son génie créatif.
En 1939, le contrat de Stan Laurel avec Hal Roach prend fin. Pour « Zénobie », Oliver Hardy se verra donc adjoindre un nouveau partenaire comique, Harry Langdon. Mais le résultat se révélera si catastrophique que le duo initial sera reconduit sans délai. « Les as d'Oxford » et « Laurel et Hardy en croisière » seront néanmoins les deux dernières productions assurées par Hal Roach. La fin d'une association qui se traduira par une chute immédiate dans la qualité des projets ultérieurs du tandem comique, qu'aura précipitée le changement radical intervenu dans la méthode de travail. Là, en effet, où régnaient l'improvisation et l'absence de contrainte, Stan et Ollie se doivent dorénavant de respecter l'intégrité d'un scénario formaté, auquel Stan Laurel n'a plus aucune part. Le fiasco sera tel que le duo reviendra au music-hall, au cours de tournées extrêmement populaires, tant en Europe qu'en Amérique. C'est d'ailleurs à la faveur d'un séjour en France que les compères tourneront leur dernier film commun. Mais, outre le déplorable état de santé de Stan, n'est pas Hal Roach qui veut, et cet ultime rendez-vous sonnera le glas de leur carrière cinématographique. En 1955, Laurel et Hardy connaîtront un regain de popularité avec la diffusion de leurs films à la télévision américaine.
Mais il est trop tard : Ollie meurt le 1er août 1957. Stan lui survivra huit ans et décédera le 23 février 1965, après réception d'un Oscar d'honneur.
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LEURS VIES PRIVEES
Stan Laurel s'impliquait totalement dans son travail. Après une journée de tournage, il s'occupait encore du montage, par pur perfectionnisme sans aucun doute mais peut-être aussi, pour se réaliser au moins dans le domaine professionnel. Sa vie privée, en effet, était plutôt agitée et compliquée, au point de dépasser les nombreux scandales hollywoodiens en matière de mariages et de divorces.
En 1926, Stan épousa l'actrice Lois Neilson qui lui donna un enfant, sa seule fille. En 1933, Lois demanda le divorce et Stan déclara : « Tout second mariage est un triomphe de l'espoir sur l'expérience. » En 1934, il épousa Virginia Rogers; ils estimèrent ensuite que leur mariage n'était pas légal et se remarièrent en 1935 pour divorcer en 1937. Stan épousa alors, en troisièmes noces, Illeana, une chanteuse et danseuse russe, en 1938, mais sa deuxième femme Virginia, organisa une conférence de presse au cours de laquelle elle déclara que ce mariage n'avait pas été légal et que Stan était bigame, puis elle fit surveiller la suite nuptiale de l'hôtel où les jeunes mariés comptaient passer leur lune de miel. Stan et Illeana se marièrent de nouveau mais, cette fois, ils s'embarquèrent sur un yacht, à bord duquel ils trouvèrent la première femme de Stan et sa fille. Plus tard, Mae Dahlberg, sa compagne à l'époque du vaudeville, affirmant qu'elle avait elle aussi des droits, intenta une action contre Stan. Son accusation ne fut pas retenue mais cet affront blessa profondément Illeana, que Stan épousa une troisième fois suivant le rite orthodoxe russe. Ils divorcèrent en 1940; en 1941, Stan se remaria avec Virginia puis divorça peu de temps après. En 1946, il épousa Ida Kitaeva Raphael, une autre chanteuse russe. Ce mariage fut heureux et dura jusqu'à la mort de l'acteur.
La vie privée d'Oliver fut moins agitée. En 1925, il épousa une actrice, Myrtle Lee Reeves, et divorça en 1937. Son second mariage avec une secrétaire de production, Lucille Jones, dura jusqu'à sa mort.
C'est peut-être pour toutes ces raisons que l'image de la femme, dans les films du célèbre couple, n'est pas très flatteuse. Des épouses acariâtres, des jeunes filles en difficulté, des veuves riches et des femmes de mauvaise vie brisent le cœur des hommes et les réduisent en esclavage. Oliver les aborde en jouant avec sa cravate, en se dandinant et en soulevant son chapeau melon. Stan est plus timide, mais tous deux tombent sous leur emprise. Dans le film Laurel et Hardy au Far West (Way Out West, 1937), quand Stan se trouve dans le lit de la provocante Sharon Lynne, sa réaction ressemble plus à celle d'un enfant qu'à celle d'un adulte. Cette attitude vis-à-vis des femmes ne pouvait que renforcer l'accord apparemment paradoxal entre le gros autoritaire et le petit maigrichon pleurnichard — encore que ce dernier ose parfois se rebeller, au grand étonnement de son partenaire.
JESS ROBBINS ... LUCKY DOG 1917
FRED GUIOL ... 45 MINUTES FROM HOLLYWOOD 1926
FRED GUIOL ... DUCK SOUP 1927
FRED GUIOL ... SLIPPING WIVES 1927
FRED GUIOL ... LOVE 'EM AND WEEP 1927
FRED GUIOL ... IL ETAIT UN PETIT NAVIRE ... WHY GIRLS LOVE SAILORS 1927
FRED GUIOL ... LES GAITES DE L'INFANTERIE ... WITH LOVE AND HISSES 1927
FRED GUIOL ... MARINS ... SAILORS BEWARE 1927
FRED GUIOL ... LES DEUX DETECTIVES ... DO DETECTIVES THINK? 1927
FRANK BUTLER ... A L'AGE DE PIERRE ... FLYING ELEPHANTS 1927
FRED GUIOL ... SUGAR DADDIES 1927
CLYDE BRUCKMAN ... CALL OF THE CUCKOO 1927
FRED GUIOL ... THE SECOND HUNDRED YEARS 1927
HAL YATES ...RESTEZ COUVERT... HATS OFF 1927
CLYDE BRUCKMAN ... PUTTING PANTS ON PHILIP 1927
CLYDE BRUCKMAN ... THE BATTLE OF CENTURY 1927
CLYDE BRUCKMAN ... GAZ HILARANTS ... LEAVE'EM LAUGHING 1928
CLYDE BRUCKMAN ... LE POINT FINAL... THE FINISHING TOUCH 1928
EDGAR KENNEDY ... FROM SOUP TO NUTS 1928
EDGAR KENNEDY... TON COR EST A TOI ... YOU'RE DARN TOOTI' 1928
JAMES PARROTT ... TOUS EN TUTU ... THEIR PURPLE MOMENT 1928
JAMES PARROTT ... UN HOMME A BOUE ... SHOULD MARRIED MEN GO HOME 1928
EMMETT FLYNN ... EARLY TO BED 1928
JAMES PARROTT ... V'LA LA FLOTTE... TWO TARS 1928
LEO MCCAREY ...ON A GAFFE ... WE FAW DOWN 1928
LEO MCCAREY ... VIVE LA LIBERTE ... LIBERTY 1929
LEO MCCAREY.. . Y'A ERREUR ... WRONG AGAIN 1929
LLYOD FRENCH ...C'EST MA FEMME... THAT'S MY WIFE 1929
JAMES HORNE... FAIS PAS LE CLOWN ... BIG BUSINESS 1929
LEWIS FOSTER ... SON ALTESSE ROYALE ... DOUBLE WHOOPEE 1929
LEWIS FOSTER ... BERTH MARKS 1929
LEWIS FOSTER ... LA FLOTTE EST DANS LE LAC... MEN O'WAR 1929
JAMES PARROTT ...JOYEUX PIQUE NIQUE ... A PERFECT DAY 1929
JAMES PARROTT ... THEY GO BOOM 1929
LEWIS FOSTER ... UNE SAISIE MOUVEMENTEE ...BACON GRABBERS 1929
LEWIS FOSTER ... ENTRE LA CHEVRE ET LE CHOU ... ANGORA LOVE 1929
LEWIS FOSTER ... UNE NUIT EXTRAVAGANTE ...UNACCUSTOMED AS WE ARE 1929
JAMES PARROTT ...DERRIERE LES BARREAUX ... HOOSEGOW 1929
JAMES PARROTT ... LES DEUX CAMBRIOLEURS ... NIGHTOWLS 1930
JAMES PARROTT ...QUELLE BRINGUE ... BLOTTO 1930
LIONEL BARRYMORE ...LE CHANT DU BANDIT ... ROQUE SONG 1930
JAMES PARROTT ... DROLE DE BOTTES ... BE BIG 1930
JAMES PARROTT ...LES BONS PETITS DIABLES ... BRATS 1930
JAMES PARROTT ...EN DESSOUS DE ZERO ... BELOW ZERO 1930
JAMES PARROTT ...FEU MON ONCLE ...THE LAUREL AND HARDY MURDER CASE 1930
JAMES PARROTT ... LES BRICOLEURS ... HOG WILD 1930
JAMES PARROTT... DROLES DE LOCATAIRES ... ANOTHER FINE MESS 1930
JAMES HORNE ...CHOCKENS COME HOME 1931
JAMES HORNE ... LES CAROTTIERS ... MLAUGHING GRAVY 1931
JAMES HORNE ... LES TROIS MARIAGES DE LAUREL ET HARDY ... OUR WIFE 1931
JAMES HORNE ... TOUTE LA VERITE ...COME CLEAN 1931
JAMES HORNE ...UNE BONNE ACTION ...ONE GOOG TURN 1931
JAMES HORNE ...LES DEUX LEGIONNAIRES... BEAU HUNKS 1931
JAMES PARROTT ... SOUS LES VERROUS ... PARDON US 1931
JAMES PARROTT ...AIDONS NOUS ... HELPMATES 1931
JAMES HORNE ...STAN BOXEUR ... ANY OLD PORT 1932
JAMES PARROTT... LIVREURS SACHEZ LIVRER ... THE MUSIC BOX 1932
JAMES PARROTT ... PRENEZ GARDE AU LION ... THE CHIMP 1932
JAMES PARROTT ...SUR LE PLANCHER DES VACHES ... COUNTY HOSPITAL 1932
RAYMOND MCCAREY ... LES DEUX VAGABONDS ... SCRAM 1932
RAYMOND MCCAREY ...LES SANS SOUCIS ...PACK UP YOUR TROUBLES 1932
GEORGE MARSHALL ... BONNES D'ENFANTS ... THEIR FIRST MISTAKE 1932
GEORGE MARSHALL ...MARCHANDS DE POISSONS ... TOWED IN A HOLE 1933
JAMES PARROTT ... LES JOIES DU MARIAGE ... TWICE TWO 1933
CHARLES ROGERS ...LES DEUX FLEMMARDS ... ME AND MY PAL 1933
HAL ROACH ... FRA DIAVOLO... THE DEVIL'S BROTHER 1933
LLYOD FRENCH ... LES DEUX POLICIERS ... THE MIDNIGHT PATROL 1933
LLYOD FRENCH ... LES MENUISIERS ... BUSY BODIES 1933
LLYOD FRENCH ... LES RAMONEURS ... DIRTY WORK 1933
WILLIAM A SEITER ... LES COMPAGNONS DE LA NOUBA ... SONS OF TH DESERT 1934
LLYOD FRENCH ...GAI GAI MARIONS NOUS ... THE PRIVATE LIFE OF OLIVER THE EIGHTH 1934
RICHARD BOLESLAWSKI ... HOLYWOOD PARTY 1934
CHARLES ROGERS ... LES JAMBES AU COU ... GOING BYE BYE 1934
CHARLES ROGERS ... LES JOYEUX COMPERES ... THEM THAR HILLS 1934
CHARLES ROGERS ... UN JOUR UNE BERGERE ... BABES IN TOYLAND 1934
CHARLES ROGERS ... LE BATEAU HANTE ... THE LIVE GHOST 1934
CHARLES ROGERS ... LAUREL ET HARDY ELECTRICIENS ... TIT FOR HAT 1935
CHARLES ROGERS ... LES ROIS DE LA GAFFE .... THE FIXER UPPERS 1935
JAMES HORNE ... QUI DIT MIEUX ... THICKER THAN WATER 1935
JAMES HORNE ... BONS POUR LE SERVICE... BONNIE SCOTLAND 1935
JAMES HORNE ... LA BOHEMIENNE ...THE BOHEMIAN GIRL 1936
HARRY LACHMAN ... C'EST DONC TON FRERE... OUR RELATIONS 1936
JAMES HORNE ...LAUREL ET HARDY AU FARWEST ...WAY OUT WEST 1937
EDWARD SEDGWICK ... PICK A STAR 1937
JOHN BLYSTONE ... LES MONTAGNARDS SONT LA ...SWISS MISS 1938
JOHN BLYSTONE ... TETES DE PIOCHES ... BLOCKHEARTS 1938
EDWARD SUTHERLAND... LAUREL ET HARDY CONSCRITS ... THE FLYING DEUCES 1939
ALFRED GOULDING... LES AS D'OXFORD ... A CHUMP OF OXFORD 1940
GORDON DOUGLAS ... LAUREL ET HARDY EN CROISIERE ...SAPS AT SEA 1940
MONTY BANKS ...QUEL PETARD ... GREAT GUNS 1941
ALFRED WERKER ... FANTOMES DECHAINES ... A HAUNTING WE WILL GO 1942
EDWARD SEDGWICK ... LAUREL ET HARDY CHEFS D'ILOTS... AIR RAID WARDENS 1943
MALCOLM ST CLAIR ... JITTERBUGS 1943
MALCOLM ST CLAIR ... MAITRES DE BALLET ...THE DANCING MASTERS 1943
MALCOLM ST CLAIR ... LE GRAND BOUM ...THE BIG NOISE 1944
SAM TAYLOR ... LES CUISTOTS DE SA MAJESTE ... NOTHING BUT TROUBLE 1944
MALCOLM ST CLAIR... LAUREL ET HARDY TOREADORS ... THE BULLFIGHTERS 1945
LEO JOANNON ... ATOLL K 1952