Il prétendait avoir fait du cinéma pour ne pas devenir gangster. Vu le pedigree de sa famille et les honneurs militaires dont il était titulaire, il est probable qu'il exagérait. Mais on ne peut contester que son faciès de brute et son look de canaille firent de Lee Marvin un second couteau fiévreusement recherché par Iles Samuel Fuller et autres spécialistes du film noir. Plus habile au Colt 45 qu'à la Winchester, Lee Mar vin eut d'autant plus de chance qu'il entra en cinéma au moment où le western commençait à montrer des signes de fatigue et le polar urbain à s'épanouir sous l'influence de maîtres du genre comme Edward Dmytryk et Laslo Benedek. Sa réputation de brutalité date de 1953, lorsque, dans une scène de "Règlement de comptes", il jette le contenu bouillant d'une cafetière au visage de Gloria Grahame : « Cette cafetière m'a permis de bouffer pendant des années. Si j'avais embrassé la fille, j'aurais crevé de faim. » L'image peut être abrupte, elle en dit long sur l'impact de la violence faite à une femme en ces années-là. Le hasard des circonstances en fera également le liquidateur de Ronald Reagan dans son dernier film avant son entrée en politique. Seuls l'alcool et le tabac finiront par terrasser Lee.
LEE MARVIN était né à New York, le 19 février 1924, d'un père administrateur d'une agence de publicité de Madison Avenue, et d'une mère rédactrice de mode au magazine « Photoplay ». Parmi ses ancêtres, il comptait un général de la guerre de Sécession et un explorateur polaire. L'ascendance ne garantissant pas les bonnes manières, il sera éjecté d'une douzaine d'établissements scolaires pour inconduite notoire. Le dernier renvoi, avant son incorporation dans les marines, en 1941, sanctionnait le fait d'avoir balancé un petit camarade d'une fenêtre du deuxième étage. Durant ses trois années de guerre, le trublion connaîtra vingt et un débarquements en terrain ennemi, avant d'être grièvement blessé dans les Mariannes. en 1944, et contraint à l'immobilisation pendant treize mois.
Pas plus docile pour autant, il devient apprenti plombier et se retrouve propulsé doublure d'un acteur défaillant, alors qu'il répare les sanitaires d'une petite communauté théâtrale de Woodstock. Non seulement le job lui plaît, mais il comprend aussi que le théâtre est un excellent exutoire à ses pulsions brutales. Nanti d'une bourse, que l'armée accorde aux anciens combattants, il se frotte au métier dans une école new-yorkaise et se produit pour la première fois, à Broadway, dans la pièce de Herman Melville « Billy Budd ».
Malgré des débuts modestes au cinéma, au point qu'il faut une vigilance extrême pour le repérer, Lee Marvin accroche très vite l'attention du public, en incarnant, à l'instar des Charles Bronson et des Richard Widmark, des personnages de second plan à la férocité brute, généralement dans l'ombre de héros plus lisses, défendus par Audie Murphy et Glenn Ford. « Huit hommes en enfer » inaugure la série. « Règlement de comptes », « L'équipée sauvage » et « Un homme est passé » consolident cette inquiétante réputation qu'il s'est acquise. D'autant que, pour la sauvegarde de la sécurité publique, il s'affiche partisan d'une violence accrue à l'écran, comme exutoire aux frustrations qui nous habitent. En 1957, après avoir terrorisé la veuve et l'orphelin et largement abusé du délit de sale gueule, il raccroche pour quatre ans et devient policier en civil dans la série populaire « M Squad ».
On le verra dans quelques séries tv telles que : Les incorruptibles avec Robert Stack ( 3 épisodes ) la quatrième dimension ( 2 épisodes ) Bonanza ( 1 épisode) .
En 1961, pas pour autant policé par le système, Lee Marvin revient au cinéma. Les bagarres et les beuveries font plus que jamais partie de son numéro d'acteur et de son style de vie. Trois fois, il donne la réplique à John Wayne : dans « Les Comancheros », " L'homme qui tua Liberty Valance » et « La taverne de l'Irlandais ». Mais, pour les besoins du scénario, il mord souvent la poussière. « A bout portant », remake d'un polar de Robert Siodmak de 1946 — avec Burt Lancaster et Ava Gardner —, lui offre un de ses plus mémorables rôles de dégommeur. d'autant que Ronald Reagan est sa cible. Enfin, lorsqu'en 1966 il reçoit un Oscar pour « Cat Ballou ». il en dédie la moitié à son cheval. Perché sur un canasson aussi imbibé que lui, il y dame en effet le pion à Jane Fonda, ingénue muée en orpheline vengeresse, dans un double rôle de flingueur.
Depuis longtemps, il a étendu aux plateaux les raisons d'écluser. Un jour, sur le tournage de « L'homme du clan », en Californie, Richard Burton et lui absorbent chacun dix-sept Martini en guise de lunch. Enfin, pour qui ignorait encore les secrets de sa vie privée, les croustillantes révélations livrées à la presse par une ancienne maîtresse délaissée vont édifier le public sur ses fantasmes d'alcôve. Pour avoir partagé six ans de la vie du comédien, depuis leur rencontre sur le plateau de « La nef des fous » (1964), Michelle Trióla exigeait la moitié de sa fortune. Elle n'en obtiendra que le quart, mais inaugurera un précédent : la non-nécessité d'être mariée pour se voir octroyer une partie des biens de son concubin. Entre-temps, son passé de marine s'était rappelé à lui sous la forme d'une confrontation avec Toshiro Mifune, ancien combattant de l'armée impériale devenu acteur, que les hasards du métier avaient fait son adversaire dans < Duel dans le Pacifique ». Une bonne cuite suffira à dissiper les derniers ressentiments subsistant encore depuis 1945.
Mais si le bougre pousse encore des gueulantes et peaufine, avec « Les douze salopards » et « Carnage », sa légende d'antihéros, il s'est considérablement assagi sur le plan personnel depuis ses infortunes judiciaires.
Après l'échec de son premier mariage avec Bett Edeling (1952-65). dont II avait eu quatre enfants, il s'était retiré avec sa seconde épouse, Pamela Freeley (1970), dans un ranch en Arizona, dont l'une des baies vitrées donnait sur le désert.
C'est en ce lieu aride et propice à la réflexion, qu'il devait mourir, le 29 août 1987, quelques heures après un autre dur à cuire, John Huston.
Parce qu'il avait héroïquement servi la bannière étoilée, Lee Marvin fut inhumé au cimetière militaire d'Arlington, entre le Soldat inconnu et John Kennedy.
HENRY HATHAWAY …LA MARINE EST DANS LE LAC… YOU'RE IN THE NAVY NOW…1950
FRED ZINNEMANN… TERESA…1951
LEWIS R. FOSTER … HONG KONG ..1951
EDMUND GOULDING …DOWN AMONG THE SHELTERING PALMS …1951
HENRY HATHAWAY … COURRIER DIPLOMATIQUE …DIPLOMATIC COURRIER …1952
EDMUND GOULDING… WE'RE NOT MARRIED….1952
DON SIEGEL… DUEL SANS MERCI... DUEL AT SILVER CREEK …1952
ROY HUGGINS …. LE RELAIS DE L'OR MAUDIT… HANGMAN'S KNOT… 1952
EDWARD DMYTRYK … HUIT HOMMES EN ENFER… EIGHT IRON MEN …1952
ROBERT D. WEBB…. LA BRIGADE GLORIEUSE,…. THE GLORY BRIGADE…. 1953
ANDRE DE TOTH … LES MASSACREURS DU KANSAS….THE STRANGER WORE A GUN …1953
FRITZ LANG…. REGLEMENT DE COMPTES… THE BIG HEAT …1953
BUDD BOETTICHER …. L'EXPEDITION DE FORT KING ….SEMI¬NOLE …1953
RAOUL WALSH …. BATAILLE SANS MERCI…. GUN FURY …1953
LASLO BENEDEK ….L'EQUIPEE SAUVAGE …THE WILD ONE …. 1954
HUGO FREGONESE …LE GANG DESCEND SUR LA VILLE…. 1954
EDWARD DMYTRYK … OURAGAN SUR LE CAINE ….THE CAINE MUTINY …1954
HARMON JONES…. GORILLA AT LARGE …1954
JOHN STURGES … UN HOMME EST PASSE ….BAD DAY AT BLACK ROCK …1954
HARRY HORNER ….A LIFE IN THE BALANCE …1954
STANLEY KRAMER…. POUR QUE VIVENT LES HOMMES…. NOT AS A STRANGER ….1954
EDWARD DEIN ….SHACK OUT ON 101 …1955
JACK WEBB … LA PEAU D'UN AUTRE ….PETE KELLY'S BLUES …1955
STUART HEISLER …LA PEUR AU VENTRE… I DIED A THOUSAND TIMES …1955
RICHARD FLEISCHER … LES INCONNUS DANS LA VILLE… VIOLENT SATURDAY …1955
BUDD BOETTICHER …SEPT HOMMES A ABATTRE…. SEVEN MEN FROM NOW…1956
ARNOLD LAVEN…. THE RACK…1956
GEORGE MARSHALL …PILLARS OF THE SKY… LES PILIERS DU CIEL…1956
ROBERT ALDRICH… ATTACK …1956
EDWARD DMYTRYK… L'ARBRE DE VIE … RAINTREE COUNTY …1957
JERRY HOPPER …THE MISSOURI TRAVELER …1957
MICHAEL CURTIZ … LES COMANCHEROS …. THE COMANCHEROS …1961
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JOHN FORD …. LA TAVERNE DE L'IRLANDAIS… DONOVAN'S REEF ….1963
DON SIEGEL …. A BOUT PORTANT …. THE KILLERS…. 1964
STANLEY KRAMER…. LA NEF DES FOUS …. SHIP OF FOOLS…. 1965
ELLIOTT SILVERSTEIN… CAT BALLOU…1965
RICHARD BROOKS … LES PROFESSIONNELS … THE PROFESSIONALS… 1966
ROBERT ALDRICH…LES DOUZE SALOPARDS …….THE DIRTY DOZEN … 1967
JOHN BOORMAN … LE POINT DE NON-RETOUR ....POINT BLANK …1967
PETER WHITEHEAD… TONITE LET'S ALL MAKE LOVE IN LONDON …1967
BUZZ KULIK … L'ODYSSEE D'UN SERGENT ….SERGEANT RYKER ….1968
JOHN BOORMAN … DUEL DANS LE PACIFIQUE,… HELL IN THE PACIFIC …1968
JOSHUA LOGAN… LA KERMESSE DE L'OUEST … PAINT YOUR WAGON… 1969
WILLIAM FRAKER … MONTE WALSH…. 1970
STUART ROSENBERG…. LES INDESIRABLES …POCKET MONEY...1972
MICHAEL RITCHIE … CARNAGE …PRIME CUT …1972
ROBERT ALDRICH…. L'EMPEREUR DU NORD ….EMPEROR OF THE NORTH … 1973
JOHN FRANKENHEIMER…. THE ICEMAN COMETH …1973
RICHARD FLEISCHER …. GIBIER DE POTENCE ….HARRY SPIKES…. 1974
TERENCE YOUNG …. L'HOMME DU CLAN …THE KLANSMAN ….1974
PETER HUNT …. PAROLE D'HOMME …. SHOUT AT THE DEVIL ….1975
DON TAYLOR …. UN COW-BOY EN COLERE …. THE GREAT SCOUT AND CATHOUSE THURSDAY …1976
MARK ROB SON… AVALANCHE EXPRESS…. 1978
SAMUEL FULLER …. IL ETAIT UNE FOIS DEUX SALOPARDS… THE MEANEST MEN OF THE WEST …1978
SAMUEL FULLER…. AU-DELA DE LA GLOIRE …. THE BIG RED ONE ….1980
PETER HUNT …. CHASSE A MORT … DEATH HUNT …1981
MICHAEL APTED … GORKY PARK ..1983
YVES BOISSET ….CANICULE … 1983
MENAHEM GOLAN … DELTA FORCE… THE DELTA FORCE …1985
A LA TV, NOTAMMENT ; <• DRAGNET » (1952), SOUND IN THE NIGHT » (1953), « THE DOCTORS » (1953), « OUTLAW'S RECKONING » (1953), « OPEN SEASON » (1954), « THE PSYCHOPATHIC NURSE » (1954), « THE DAY BEFORE ATLANTA » (1954), « M SQUAD » (1957-60), « ALL I SURVEY » (1958). « TIME OF THE HANGING » (1958), « A FISTFUL OF LOVE » (1959), •< THE TWILIGHT ZONE » (1959/61/63), « THE AMERICAN » (1960), « DON'T YOU RE¬MEMBER? » (1960), «THE JOKE'S ON ME •> (1960), « PEOPLE NEED PEOPLE » (1961). « BEN CASEY >■ (1962), « YOU DON'T SAY » (1963), « THE LOVING CUP » (1965), « THE DIRTY DO¬ZEN ; NEXT MISSION >• (1984).