CARY GRANT,on aurait pu le croire né avec un smoking, si l'humilité de ses origines n'avait dénoncé cette confusion entre l'homme et le mythe. Son modèle avoué fut Douglas Fairbanks Sr — héros de films de cape et d'épée avant qu'Errol Flynn ne prenne sa succession —, à qui il empruntera l'aisance, la souplesse débonnaire et le teint en permanence hâlé.
Leach devint officiellement Cary Grant en 1937, avec « Cette sacrée vérité », une comédie aux dialogues piquants et aux scènes brillantes, où il incarne le personnage fringant, spirituel et désinvolte qui allait l'accompagner tout au long de sa carrière, et qui inspirera Ian Fleming lorsqu'il s'agira de donner une silhouette et un style à James Bond. Un type de répertoire dont il ne devait s'écarter qu'à de rares occasions, et toujours avec le regret tardif d'avoir déçu son public
Cary Grant était né Archibald Leach à Bristol (Angleterre), le 18 janvier 1904, au sein d'un ménage désuni et d'humble condition sociale. Il a 9 ans lorsque survient un événement qui aura sur lui une influence durable et affectera ses relations avec la gent féminine. Rentré, ce jour-là, de l'école, il apprend par son père que sa mère est partie prendre du repos dans une station balnéaire. Il devait attendre vingt ans pour la revoir et découvrir qu elle avait été internée dans un asile psychiatrique. Leurré au point de croire que sa mère l'avait abandonné, il conservera une méfiance tenace à l'égard des femmes, en même temps qu'un besoin de les tenir sous contrôle.
A 14 ans, il quitte l'école et triche sur son âge pour intégrer une troupe itinérante d'adolescents,, dont le répertoire allie danse, comédie, jonglerie et pantomime. En 1920, les Penda Boys sont imités à se produire à Broadway, dans le cadre d'un spectacle collectif intitulé « Good Times », avec lequel ils parcourront la province. L'Amérique convient si bien à Archie qu'il décide d'y rester. Il en obtiendra la nationalité en 1942.
Il peaufine le métier dans le circuit des vaudevilles et des night-clubs, avant de connaître, en 1927, son premier encouragement avec la comédie musicale « Golden dawn ».Et il travaille son accent, qui ne sera jamais ni tout à fait anglais ni tout à fait américain, dans le but de masquer ses origines et de leur donner un vernis upper-class.
Mae West, la Pamela Anderson de l'époque, ne manquera jamais de rappeler que c'est elle « qui avait fait Cary Grant » en l'exigeant pour partenaire dans « Lady Lou ». La star avait un goût immodéré pour les hommes, et Archie lui plaisait, disant de sa fossette qu'elle lui faisait « un menton délicieux en forme de cul d'ange ». Ce coup de projecteur en appellera d'autres.
Et de drames de guerre en comédies sophistiquées (« Sylvia Scarlett »), celui qui s'est choisi le pseudonyme de Cary Grant se hissera, dès 1937, au sommet de la hiérarchie hollywoodienne, grâce au « Couple invisible » et à « Cette sacrée vérité ». « L'impossible Monsieur Bébé » et à « Vacances », deux comédies exquises, où il laisse à chaque fois l'initiative à Katharine Hepburn.
Fait assez rare, à l'époque, pour le souligner : depuis 1934 et l'expiration de son contrat avec la Paramount, Cary Grant s'est affranchi de la tutelle des studios pour endosser la pleine responsabilité de ses choix. Et les deux décennies qui s'ouvrent devant lui témoigneront de la sûreté de son jugement, si l'on considère les classiques de la comédie américaine que sont devenus « Indiscrétions », « Arsenic et vieilles dentelles », « Honni soit qui mal y pense » et « On murmure dans la ville », pour ne citer que l'écume d'une filmographie où l'on peinerait à relever une fausse note. Un flair qui lui fera pourtant décliner « Vacances romaines », « Sabrina », mais aussi le rôle de James Bond. Sans parler de « Lolita ». Mais il n'est pas sûr que son public l'aurait apprécié dans le rôle d'un pédophile.
S'il mène sa carrière de main de maître, on ne saurait en dire autant de sa rie conjugale. Quatre divorces, qui disent éloquemment le dysfonctionnement de ses rapports avec les femmes. Après le premier, d'avec Virginia Cherrill (1934-35), la petite marchande de fleurs aveugle des « Lumières de la ville », il fait une tentative de suicide. La crainte d'être de nouveau abandonné? Son deuxième mariage avec la riche héritière des magasins VVoolworth, Barbara Hutton (1942-45), sera tout aussi éphémère. La différence de classes s'avérant insurmontable. Il est d'ailleurs significatif qu'ils se soient acquis, à l'époque, le surnom de « Cash & Cary ». Betsy Drake (1949-62) semble davantage en mesure de l'apaiser. Et y réussit temporairement. Mais l'abus de la psychanalyse et de son succédané, l'hypnotisme, pour se sortir de la dépression, va, une nouvelle fois, miner sa rie de couple, et Betsy Drake jettera l'éponge, en 1958, après lui avoir recommandé une thérapie — tout à légale alors — au LSD. Quatrième union, avec Dyan Cann mère de son seul enfant, Jenni (1966). Puis Barbara Ha: (1981) .
Cary Grant demeurera fidèle au modèle qui avait fait sa fortune, jusqu'i retraite volontaire, en 1965. Alfred Hitchcock aura su utiliser l'acteur à contre-emploi avec la part d'ombre de l'interprète : la froideur derrière l'élégance, le cynisme derrière l'ironie, la vulnérabilité derrière la virilité .
En 1970, cinq ans après avoir quitté le devant de la scènecary Grant se verra gratifié d'un Oscar d'honneur. Il assurera le confort de sa mère jusqu'à la mort de celle-ci , en 1973, à l'âge de 96 ans.
Et la mort surprendra cary à Davenport, dans l'Iowa 29 novembre 1986.
CASEY ROBINSON...SINGAPORE SUE...1931
FRANK TUTTLE...LA BELLE NUIT...THIS IS THE NIGHT...1931
ALEXANDER HALL...SINNERS IN THE SUN...1932
DOROTHY AZNER...MERRILY WE GO TO HELL...1932
MARION GERING...LE DEMON DU SOUS MARIN...THE DEVIL AND THE DEEP...1932
JOSEF VON STERNBERG...VENUS BLONDE...BLONDE VENUS...1932
WILLIAM A SEITER...HOT Saturday...1932
MARION GERING...MADAME BUTTERFLY...1932
PAUL SLOANE...CELLE QU'ON ACCUSE...THE WOMAND ACCUSED...1933
LOWELL SHERMAN...LADY LOU...SHE DONE HIM WRONG...1933
STUART WALKER...L'AIGLE ET LE VAUTOUR...THE EAGLE AND THE HAWK...1933
WESLEY RUGGLES...JE NE SUIS PAS UN ANGE...I'M NO ANGEL...1933
NORMAN Z MCLEOD...ALICE AU PAYS DES MERVEILLES...ALICE IN WONDERLAND...1933
LOUIS GASNIER...GAMBLING SHIP...1933
MARION GERING...PRINCESSE PAR INTERIM...THIRTY DAY PRINCESS...1934
LOWELL SHERMAN...BORN TO BE BAD...1934
HARLAN THOMPSON...KISS AND MAKE UP....1934
FRANK TUTTLE...LADIES SHOULD LISTEN....1934
ELLIOTT NUGENT...CAPRICE DE FEMME...ENTER MADAME...1935
JAMES FLOOD...WINGS IN THE DARK...1935
LOUIS GASNIER...INTELLIGENCE SERVICE...THE LAST OUTPOST...1935
GEORGE CUKOR...SYLVIA SCARLETT.1935
ALFRED ZEISLER...LA CHASSE AUX MILLIOS...THE AMAZING QUEST OF ERNEST BLISS...1935
RAOUL WALSH...BIG BROWN EYES...1936
GEORGE FITZMAURICE...SUZY...1936
RICHARD WALLACE...WEDDING PRESENT...1936
ROBERT RISKIN...SERENADE...WHEN YOU'R IN LOVE...1937
NORMAN Z MCLEOD...LE COUPLE INVISIBLE...TOPPER...1937
ROWLAND V LEE...L'OR ET LA FEMME...THE TOAST OF NEW YORK...1937
LEO MCCAREY...CETTE SACRE VERITE...THE AWFUL TRUTH...1937
HOWARD HAWKS...L'IMPOSSIBLE MONSIEUR BEBE...BRINGING UP BABY...1938
GEORGE CUKOR...VACANCES...HOLIDAY...1938
GEORGE STEVENS...GUNGA DIN...1939
...SEULS LES ANGES ONT DES AILES...ONLY ANGELS HAVE WINGS...1939
JOHN CROMWELL...L'AUTRE...IN NAME ONLY...1939
...HIS GIRL Friday...1940
GARSON KANIN...MON EPOUSE FAVORITE...MY FAVORITE WIFE...1940
FRANK LLOYD...HOWARD LE REVOLTE...THE HOWARDS OF VIRGINIA...1940
GEORGE CUKOR....INDISCRETIONS...THE PHILADELPHIA STORY...1940
...LA CHANSON DU PASSE...PENNY SERENADE...1941
ALFRED HITCHCOCK...SOUPCONS...1941
...LAJUSTICE DES HOMMES...THE TALK OF THE TOWN...1942
LEO MCCAREY...LUNE DE MIEL MOUVEMENTEE...ONCE UPON A HONEYMOON...1942
H C POTTER...MR LUCKY...1943
DELMER DAVES...DESTINATION TOKYO...1943
ALEXANDER HALL...ETRANGE HISTOIRE...ONE UPON A TIME...1944
FRANK CAPRA...ARSENIC ET VIEILLES DENTELLES...ARSENIC AND OLD LACE...1944
CLIFFORD ODETS...RIEN QU'UN CŒUR SOLITAIRE...NONE BUT THE LONELY HEART...1945
MICHAEL CURTIZ...JOUR ET NUIT...NIGHT AND AY...1946
...LES ENCHAINES...NOTOURIOUS...1946
IRVING REIS...DEUX SŒURS VIVAIENT EN PAIX...THE BACHELOR AND THE BOBBY SOXER...1946
MERVYN LEROY...WITHOUT RESERVATIONS...1946
HENRY KOSTER...HOnny SOIT QUI MAL Y PENSE...THE BISHOP'SWIFE...1947
H C POTTER...UN MILLION CLEFS EN MAINS...MR BLANDING BUILDS HIS DREAM HOUSE...1948
DON HARTMAN...LA COURSE AU MARI...EVERY GIRL SHOUKD BE MARRIED...1948
...ALLEZ COUCHER AILLEURS...I WAS A MALE WAR BRIDE...1949
RICHARD BROOKS...CAS DE CONSCIENCE...CRISIS...1950
JOSEPH L MANKIEWICZ...ON MURMURE DANS LA VILLE...PEOPLE WILL TALK...1951
NORMAN TAUROG...CETTE SACRE FAMILLE...ROOM FOR ONE MORE...1952
...CHERIE JE ME SENS RAJEUNIR...MONKEY BUSINESS...1952
SIDNEY SHELDON...LA FEMME REVEE...DREAM WIFE...1953
...LA MAIN AU COLLET...TO CATCH A THIEF...1955
STANLEY KRAMER...ORGUEIL ET PASSION...THE PRIDE AND THE PASSION...1956
LEO MCCAREY...ELLE ET LUI...AN AFFAIR TO REMEMBER...1957
STANLEY DONEN...EMBRASSE LA POUR MOI...KISS THEM FOR ME...1957
MELVILLE SHAVELSON...LA PENICHE DU BONHEUR...HOUSEBOET...1957
STANLEY DONEN...INDISCRET...INDISCREET...1958
ALFRED HITCHCOCK....LA MORT AUX TROUSSES...NORTH BY NORTHWEST...1959
BLAKE EDWARDS...OPERATION JUPONS...OPERATION PETTICOAT...1959
...AILLEURS L'HERBE EST PLUS VERTE...THE GRASS IS GREENER...1960
DELBERT MANN...UN SOUPCON DE VISON...THAT TOUCH OF MINK...1962
...CHARADE...1963
RALPH NELSON...GRAND MECHANT LOUP APPELLE...FATHER GOOSE...1964
CHARLES WALTERS...RIEN NE SERT DE COURIR...WALK DON'T RUN...1965