Deux images cinématographiques s'imposent d'emblée à l'évocation du nom de Magali Noël : la voluptueuse poule de gangster dans « Ou rififi chez les hommes » et la Gradisca, coiffeuse sensuelle et romantique, dont l'idéal masculin s'incarne en Gary Cooper dans « Amarcord ». La vamp et la féminité maternelle : la carrière de Magali Noël ne cessera de balancer entre ces deux pôles, tant il est vrai qu'un interprète est forcément déterminé par son physique et par l'image qu'il véhicule, parfois malgré lui. Et même si Federico Fellini, dont elle fut l'une des égéries, est le premier qui vit en elle davantage que ce que sa silhouette ondulante et ses lèvres charnues suggéraient, elle était trop féline, trop passionnée et trop extravertie pour se glisser dans la peau de créatures à la féminité prudente. Que Boris Vian lui ait dès lors écrit des chansons, que la comédie musicale fût son mode d'expression favori et que l'exubérance lui tint lieu de viatique ne sont rien de plus que les multiples avatars d'une femme et d'une comédienne qui trouva tout naturellement la consécration à Rome et se montra plus d'une fois gênée dans sa carrière par l'habitude bien française de l'étanchéité entre les genres.
Noëlle Guiffray à Smyrne (Turquie), le 27 juin 1932. Ses parents sont des Provençaux, mais il coule en elle du sang espagnol et indien. Elle vivra en Turquie jusqu'à la veille de la guerre en Europe. Assez de temps pour demeurer imprégnée à vie de son environnement proche-oriental.
De retour en France, elle entre dans la chorale de l'orchestre philharmonique de Paris. Irrésistiblement attirée par les arts du spectacle, elle s'inscrit aux cours de danse classique de Janice Solane et se lance simultanément dans l'apprentissage du violon à l'école César-Franck, où elle restera dix ans. Tout l'attire. Mais, trop impulsive, elle est recalée au concours d'entrée du Conservatoire. Elle travaillera donc avec Catherine Fontenay, qui l'emmènera plus tard en tournée théâtrale dans l'Allemagne de l'après-guerre. Elle a 15 ans à peine lorsqu'elle participe à des spectacles de cabaret, danse et chante dans « Coppélia » et « La fille de Madame Angot ». Seul lui manque encore le cinéma, qu'elle aborde en 1950 dans l'ombre du couple formé par Jean Desailly et Sophie Desmarets. L'année suivante, dans « Seul dans Paris », elle est la jeune épouse de Bourvil. Mais c'est avec « Le fils de Caroline Chérie », où elle dispute à Brigitte Bardot les faveurs de Jean-Claude Pascal, qu'elle s'insinue durablement dans la mémoire du public. Davantage encore avec « Du rififi chez les hommes » et « Razzia sur la chnouf », qui posent les principes fondateurs de sa future réputation de vamp.
En 1954, MAGALI NOEL fait la rencontre de Boris Vian, qui l'avait aimée dans le film de Jules Dassin. C'est le directeur du cabaret Les Trois-Baudets, Jacques Canetti, qui les convaincra de courir ensemble l'aventure discographique. Une corde nouvelle à son instrument, qui fera dire à Magali Noël qu'elle était devenue, en 1955, la première chanteuse de rock française avec le titre « Fais-moi mal Johnny ». Mais la mort prématurée de l'auteur-compositeur viendra interrompre cette collaboration naissante. Cette même année 1954, Magali Noël se taille un succès personnel avec « L'amour des quatre colonels », pièce de Peter Ustinov où elle sera — plus de 500 fois — la belle dont rêvent les quatre officiers en garnison en Allemagne. Démultipliant alors sa curiosité artistique, elle apparaît tantôt sur la scène du Bœuf sur le Toit, où elle chante des chansons canailles, tantôt au théâtre (« Pygmalion », « Deux sur la balançoire »), tantôt encore à la radio ou en écuyère sous le chapiteau itinérant du cirque Fanny. Au cinéma, elle s'installe dans les personnages de vamps et de tentatrices, comme l'illustrent « Le désir mène les hommes » et « OSS117 n'est pas mort », où elle incarne une James Bond girl avant la lettre.
Sa rencontre avec Fellini lui révèle une autre facette de sa féminité, plus généreuse, plus maternelle, qui transcende le pur divertissement. Pourtant, MAGALI NOEL avait hésité quand il lui avait offert trois répliques dans « La dolce vita ». Trois lignes de dialogue qui deviendront un vrai rôle de meneuse de revue et s'ouvriront sur deux autres collaborations, dont « Amarcord ». Sur une amitié également, encouragée par un goût commun pour le cirque et le cabaret, et que Fellini honorera en assistant à son second mariage, avec l'éditeur de musique suisse Jean-Claude Vial, en 1976. Hormis ses grandes collaborations avec le Maestro, la carrière cinématographique de Magali Noël joue les prolongations dans les personnages qui ont assuré sa popularité vingt ans plus tôt. Il faudra l'approche de la mi-vie et le riche éventail des rôles que propose la télévision à une comédienne pour qu'elle s'abandonne à des cinéastes plus pointus, tels Chantai Akerman et Claude Go-retta. Entre-temps, elle n'a pas abdiqué la diversité qui a toujours fait sa richesse, continuant à se produire tant dans des comédies musicales (« Sweet Charity ») que dans des pièces bétonnées autour d'un personnage féminin charismatique (« Lucrèce Borgia », « Mère Courage »). Comme elle se garde bien d'oublier son parrain dans la chanson, auquel elle tend hommage par le biais d'un spectacle commémoratif (« Regard sur Boris Vian »), ou de résister au plaisir de se mettre elle-même en scène (« Staaar »). Sur la musique plus que jamais.
MAGALI décèdera le 23/06/2015.
1950 : DEMAIN, NOUS DIVORÇONS (DE LOUIS CUNY) ;
1951 : SEUL DANS PARIS (D'HERVE BROMBERGER) ;
1952 : DEUX DE L'ESCADRILLE (DE MAURICE LABRO);
1953 : MOUREZ, NOUS FERONS LE RESTE (DE CHRISTIAN STENGEL) ;
1954 : LE FILS DE CAROLINE CHERIE (DE JEAN DEVAIVRE),
JULES DASSIN) ;
DU RIFIFI CHEZ LES HOMMES (DE1955 : RAZZIA SUR LA CHNOUF (D'HENRI DECOIN), LES GRANDES MANŒUVRES (DE RENE CLAIR),CHANTAGE (DE GUY LEFRANC), LES POSSEDEES (DE CHARLES BRABANT) ;
1956 : ELENA ET LES HOMMES (DE JEAN RENOIR),
ASSASSINS ET VOLEURS (DE SACHA GUITRY), SI LE ROI SAVAIT ÇA (DE CARO CANAILLE), OSS 117 N'EST PAS MORT (DE JEAN SACHA) ;
1957 : LE PIEGE (DE CHARLES BRABANT), LE DESIR MENE LES HOMMES (DE MICK ROUSSEL) ;
1958 : E ARRIVATA LA PARIGINA (LA LOI DE L'HOMME, DE CAMILLO MASTROCINQUE), ÇA N'ARRIVE QU'AUX VIVANTS(DE TONY SAYTOR), L'ILE DU BOUT DU MONDE (D'EDMOND T. GREVILLE), OH ! QUE MAMBO ! (DE JOHN BERRY),
LE TRAIN DE 8 H 47 • (DE JACK PINOTEAU), DES FEMMES DISPARAISSENT (D'EDOUARD MOLINARO) ;
1959 : MARIE DES ISLES (DE GEORGES COMBRET), LA DOLCE VITA (LA DOUCEUR DE VIVRE, DE FEDERICO FELLINI),
GASTONE (DE MARIO BONNARD), NOI SIAMO DUE EVASI (DE GIORGIO SIMONELLI)
1960 : A QUALCUNO PIACE CALVO (DE MARIO AMENDOLA), LA RAGAZZA IN VETRINA (LA FILLE DANS LA VITRINE, DE LUCIANO EMMER),
LE SAHARA BRULE (DE MICHEL GAST), DANS LA GUEULE DU LOUP (DE JEAN-CHARLES DUDRUMET), BOULEVARD (DE JULIEN DUVIVIER) ;
1961 : LEGGE DI GUERRA (LA LOI DE LA GUERRE, DE BRUNO PAOLINELLI), GIOVENTU DI NOTTE (JEUNESSE DE NUIT, DE MARIO SEQUI), MORDERSPIEL (LE JEU DE L'ASSASSIN, DE HELMUT ASHLEY) ;
1962 : L'ACCIDENT (D'EDMOND T. GREVILLE), IL COLPO SEGRETO DI D'ARTAGNAN (LE SECRET DE D'ARTAGNAN/LE SIGNE SECRET DE D'ARTAGNAN, DE SIRO MARCELLINI),
TEMPESTA SU CEYLON (TEMPETE SURCEYLAN, DE GIOVANNI ROCCARDI ET GERD OSWALD);
1963 : TOTO E CLEOPATRA (DE FERNANDO CERCHIO), QUESTE PAZZE PAZZE PAZZE DONNE (DE MARINO GIROLAMI) ;
1964 : LE DERNIER TIERCE (DE RICHARD PORTIER), I MARZIANI HANNO 12 MANI (LES MARTIENS ONT 12 MAINS, DE CASTELLANO ET PIPOLO), LA CORDE AU COU (DE JOSEPH LISBONA), LA TRAITE DES BLANCHES (DE GEORGES COMBRET), OLTRAGGIO AL PUDORE (DE SILVIO AMADO), REQUIEM POUR UN CAÏD (DE MAURICE CLOCHE) ;
1965 : LA DAMA DE BEIRUT (DE LADISLAO VAJDA);
1967 : LE MOIS LE PLUS BEAU (DE GUY BLANC);
1968 : L'ASTRAGALE (DE GUY CASARIL), Z (DE COSTA-GAVRAS) ;
1969 : FELLINI SATYRICON (SATYRICON, DE FEDERICO FELLINI), THE MAN WHO HAD POWER OVER WOMEN (LE TOMBEUR, DE JOHN KRISH) ;
1970 : TROPIC OF CANCER (LE TROPIQUE DU CANCER, DE JOSEPH STRICK), KYR-KOHERDEN (LES BREBIS DU REVEREND, DE TORGNY WICKMAN), IL PRETE SPOSATO (UN PRETRE A MARIER, DE MARCO VICARIO),
LE BELVE (DE GIANNI GRIMALDI) ;
1972 : LE P'TIT VIENT VITE (DE LOUIS-GEORGES CARRIER), RACCONTI PROIBITI... DI NIENTE VESTITI (DE BRUNELLO RONDI);
1973 : AMARCORD (DE FEDERICO FELLINI) ;
1974 :PAOLO BARCA MAESTRO ELEMENTARE PRATICAMENTE
NUDISTA (DE FLAVIO MOGHERINI);
1975 :IL TEMPO DEGLI AS-SASSINI (LA SAISON DES ASSASSINS, DE MARCELLO ANDREI)
1976 : LA BANCA DI MONATE (DE FRANCESCO MASSARO) ;
1977 : STATO INTERESSANTE (DE SERGIO NASCA) ;
1978 : LES RENDEZ-VOUS D'ANNA (DE CHANTAI AKERMAN) ;
1979 :LE CHEMIN PERDU (DE PATRICIA MORAZ);
1982 :QU'EST-CE QUI FAIT COURIR DAVID? (D'ELIE CHOURAQUI), LES ANNEES 80 (DE CHANTAI AKERMAN), LA MORT DE MARIO RICCI (DE CLAUDE GORETTA);
1984 :VERTIGES (DE CHRISTINE LAURENT);
1985 : DIESEL (DE ROBERT KRAMER),EXIT-EXIL (DE LUC MONHEIM) ;
1989 ; LA NUIT DE L'ECLUSIER (DE FRANZ RICKENBACH), PEN-TIMENTO (DE TONIE MARSHALL) ;
1999 : LA FIDELITE (D'ANDRZEJ ZULAWSKI) ;
2001 : THE TRUTH ABOUT CHARLIE (LA VERITE SUR CHARLIE, DE JONATHAN DEMME), REGINA CŒLI (DE NICO D'ALESSANDRIA) ;
2002 :RIEN QUE DU BONHEUR (DE DENIS PARENT).
A LA TV, NOTAMMENT : LE PROCES DE MARY DUGAN (1964, DE J.M. COLDEFY),LE MIROIR A TROIS FACES (1965, DE ROGER IGLESIS), COMMENT NE PAS EPOUSER UN MILLIARDAIRE (1966, DE LAZARE IGLESIS), LEGOLEM (1967, DE JEAN KERCH-BRON), COMME AVANT, MIEUX QU'AVANT (1971, D'YVES-ANDRE HUBERT), JEAN-CHRISTOPHE (1978, DE FRANÇOIS VILLIERS), LUCRECE BORGIA >• (1980, D'YVES-ANDRE HUBERT), UN PAS DANS LA FORET (1980, DE CLAUDE MOURTHE), BEKENNTNISSE DES HOCHSTAPLERS FELIX KRULL (FELIX KRULL CHEVALIER D'INDUSTRIE, 1980, DEBERNHARD SINKEL), LA MORT D'UN BRAVE (1983, DE PATTY VILLIERS), SORTIE INTERDITE (1984, DE PATTY VILLIERS), L'AMOUR TANGO (1986, DE REGIS FORISSIER), <• LUNDI NOIR (1989, DE JEAN-FRANÇOIS DELASSUS), CRIMES ET JARDINS (1991, DE JEAN-PAUL SALOME), LES CŒURS BRULES (1992, DE JEAN SAGOLS), <• LES HERITIERS (1997, DE JOSEE DAYAN), L'ILE AUX PASSIONS (1997, DE JEAN-DANIEL VERHAEGHE), LE DERNIERFILS (1998, D'ETIENNE PERIER), LA NUIT DES HULOTTES (1999, DE MICHAËLA WATTEAUX).