ANNE BANCROFT était une excellente actrice qui a commencé par des rôles de pin up jusqu'à ce qu'elle révèle son talent dans toutes catégories.
Anne Bancroft était née Anna Maria Italiano, dans une modeste famille italienne du Bronx, le 17 septembre 1931. Artiste, elle désirait déjà le devenir enfant, lorsqu'elle assommait de ses vocalises ses voisins de Raymond Street. Mais son père ne voulait rien entendre. Il fallut toute l'habileté de sa mère, téléphoniste au grand magasin Macy's, pour le convaincre de financer les études d'art dramatique de leur fille.
Anne n'a pas 20 ans lorsqu'elle donne des leçons d'anglais à la cantatrice péruvienne aux cinq octaves Yma Sumac. Un souvenir impérissable pour la jeune inconnue qu'elle est encore. A deux mois de la fin de son cycle d'études à l'American Academy of Dramatic Arts, elle décroche un rôle dans une adaptation radiophonique des « Eaux printanières », de Tourgueniev, inaugurant ainsi une série de prestations encourageantes à la télévision et à la radio, sous le nom d'Anne Marno. C'est presque accidentellement qu'elle se prête à un test à Hollywood, pour « The girl on the Via Flamina ». Le film ne se fera pas, mais Darryl Zanuck, le grand patron de la Fox, a le coup de foudre pour la débutante et la prend d'emblée dans son écurie. Il lui tend aussi une liste de noms, dans laquelle elle choisira son pseudonyme. « Bancroft» lui semblant de bon aloi, elle l'adopte. Comme toute starlette sous contrat, Anne doit se prêter à des séances de photos discrètement sensuelles, faussement naïves et glamoureuses à souhait, et faire son apprentissage dans des productions de série B. Elle n'évoquera jamais cette période de sa carrière sans un certain malaise, tant les rôles de pin up étaient à l'opposé de son tempérament. Elle avait bien eu la naïveté d'en revendiquer de plus épanouissants. Mais, à l'époque, la Fox comme les autres studios trouvaient l'exigence aussi excentrique que risible : une actrice était faite pour décorer un film.
A cette époque, Anne Bancroft est l'épouse (1953-1957) de l'héritier d'un baron texan du pétrole du nom de Martin May. Mais l'ennui l'étouffé. Consciente, depuis le jour de ses noces, que cette union était vouée à l'échec, elle émergera plus soulagée qu'amère du divorce et mettra spontanément fin à l'habitude qu'elle avait prise de noyer dans l'alcool ses déconvenues conjugales et professionnelles.
Désormais libre et sans rien qui puisse la retenir à Hollywood, elle fait ses bagages et rentre à New York, où le dramaturge William Gibson désespère de trouver la Gittel Mosca idéale de sa pièce « Two for the see-saw » (« Deux sur la balançoire »). Cinq minutes d'entretien avec Anne lui suffiront pour lui confier le rôle. Dans une mise en scène d'Arthur Penn, et avec Henry Fonda pour lui donner la réplique, elle connaît enfin son premier succès personnel, concrétisé par un Tony Award(1958), l'équivalent local du Molière. Un triomphe qu'elle devait renouveler, deux ans plus tard, avec le même tandem Gibson/Penn et « The miracle worker », qui lui vaudra un Oscar lorsqu'elle reprendra la pièce au cinéma, en 1962. La notoriété lui permet désormais de choisir des rôles plus en accord avec son tempérament, tant au cinéma qu'au théâtre. Le soir de sa victoire aux Oscars, elle est ainsi la « Mère Courage » (1963) de Bertolt Brecht, tandis que la puissante intensité dramatique de son interprétation dans " Le mangeur de citrouilles", de Harold Pinter, lui vaut une seconde nomination à l'Oscar en 1964. Autant de personnages féminins puissants et volontaires, qui dresseront un portrait type de la comédienne, tout entier résumé dans l'impudente dévoreuse du « Lauréat » et consolide, en cette année 1967, par son incarnation de la cruelle et cupide Regina dans la pièce de Lillian Hellman « The little foxes ». Que Bette Davis l'ait précédée dans le rôle et Elizabeth Taylor, suivie situe assez bien le cousinage artistique de l'actrice. Pour l'anecdote, le personnage de Mrs. Robinson avait d'abord été proposé à Doris Day. Un choix curieux quand on songe à la réputation de « vierge professionnelle » qui entourait cette habituée des comédies familiales asexuées.
Entre-temps, Anne Bancroft a épousé Mel Brooks. Ils s'étaient rencontrés deux ans plus tôt, en 1962, sur le plateau du « Perry Como show », où il avait aussitôt tenté de soudoyer une secrétaire pour connaître son restaurant habituel et feindre d'accidentelles retrouvailles. On raconte que, lorsque le cinéaste annonça à sa mère, juive, qu'il allait épouser une Italienne, la bonne dame lui aurait répondu : « Amène-la à la maison. Je serai à la cuisine. La tête dans le four. » Toujours est-il que, au lendemain de leurs noces, Anne mettait fin à son traitement psychiatrique. Le rire l'avait guérie de ses préjugés matrimoniaux. Peu soucieuse d'être considérée comme une star, elle n'hésitera pas, huit ans plus tard, à mettre sa carrière en veilleuse pour vivre, à 41 ans, la seule expérience excitante qu'elle n'avait pas encore connue : la maternité. Il est vrai qu'elle n'avait pas trop de souci à se faire. Les femmes de son tempérament sont relativement rares, et elle prouvera, dans le rôle de Marie Madeleine (« Jésus de Nazareth ») comme dans celui de l'admiratrice passionnée de Greta Garbo (« A la recherche de Garbo »), qu'il n'y a pas de bons personnages sans dés comédiens inspirés pour leur donner vie.
Malgré l'impression de force et d'invincibilité qu'elle dégageait, Anne Bancroft n'était pas insensible au temps qui passe. « Paraître séduisante est aisé, vieillir est difficile », disait-elle. Mais l'amertume de cette réflexion n'était pas le signe d'une femme vaincue par l'âge. Après « Le tournant de la vie », en 1977, elle avait porté à la scène le personnage peu glamoureux mais combien charismatique de Golda Meir, le Premier ministre israélien, qu'incarnera Ingrid Bergman à la télévision. Mais elle avait aussi prouvé, en se prêtant aux pastiches burlesques de son mari, que nulle n'était mieux disposée à l'égard de la comédie. Le brillant remake de « To be or not to be », où elle succédait à Carole Lombard, est, à cet égard, un pur ravissement.
En 2001, Anne Bancroft avait été l'instigatrice de l'adaptation à la scène de l'un des films de son mari, « Les producteurs » (1970), transformé pour l'occasion en comédie musicale. Heureuse démarche, dans la mesure où le spectacle sera l'un des triomphes de Broadway cette année-là, et encouragera la comédienne à remonter sur scène, dans « The occupant » (2002), d'Edward Albee, malgré une pneumonie qui la contraindra à jeter l'éponge au bout de six représentations.
Avec le temps, Anne Bancroft en était venue à incarner une sorte d'Anna Magnani américaine, archétype de la femme forte et volontaire burinée par l'épreuve, mais sur l'épaule de qui le monde viendrait s'épancher. La surprise fut donc grande d'apprendre son décès, le 6 juin 2005, des suites d'un cancer de l'utérus.
R AY BAKER… TROUBLEZ-MOI CE SOIR… DON'T BOTHER TO KNOCK …1951
DELMER DAVES… TREASURE OF THE GOLDEN CONDOR… LE TRÉSOR DU GUATEMALA … 1952
MITCHELL LEISEN …LES PLUS GRANDES VEDETTES DU MONDE …TONIGHT WE SING …1952 ;
HARMON JONES …THE KID FROM LEFT FIELD… 1953
…LES GLADIATEURS… DEMETRIUS AND THE GLADIATORS …1953
HARMON JONES … GORILLA AT LARGE …1954
HUGO FREGONESE … LE RAID …THE RAID …1954
RUSSELL ROUSE … NEW YORK CONFIDENTIEL …NEW YORK CONFIDENTIAL …1954
HARRY HORNER …A LIFE IN THE BALANCE …1954
MAXWELL SHANE… THE NAKED STREET… 1955 .
ANTHONY MANN … LA CHARGE DES TUNIQUES BLEUES …THE LAST FRONTIER …1955
JACQUES TOURNEUR… NIGHTFALL …1956
JESSE HIBBS … L'HOMME DE SAN CARLOS …WALK THE PROUD LAND …1956
HOWARD B. KOCH… THE GIRL IN BLACK STOCKINGS …1957
ALLAN DWAN … LA VILLE DE LA VENGEANCE …THE RESTLESS BREED …1956
ARTHUR PENN … MIRACLE EN ALABAMA … THE MIRACLE WORKER..1956
JACK CLAYTON …LE MANGEUR DE CITROUILLES …THE PUMPKIN EATER. …1964
SYDNEY POLLACK …30 MINUTES DE SURSIS… THE SLENDER THREAD …1965
JOHN FORD … FRONTIERE CHINOISE …SEVEN WOMEN …1965
MIKE NICHOLS… LE LAUREAT … THE GRADUATE …1967
RICHARD ATTENBOROUGH… LES GRIFFES DU LION… YOUNG WINSTON…1971
MELVIN FRANK … LE PRISONNIER DE LA 2E AVENUE … THE PRISONER OF SECOND AVENUE …1974
ROBERT WISE … L'ODYSSEE DU HINDENBURG… HINDENBURG… 1975
LAMONT JOHNSON… VIOL ET CHATIMENT … LIPSTICK …1976
FRANCO ZEFFIRELLI… JESUS OF NAZARETH …1976
MEL BROOKS… LA DERNIERE FOLIE DE MEL BROOKS …SILENT MOVIE …1976
HERBERT ROSS … LE TOURNANT DE LA VIE … THE TURNING POINT ..1977;
FATSO …1979 (+ REAL.) ;
DAVID LYNCH … L'HOMME ELEPHANT … THE ELEPHANT MAN 1980
ALAN JOHNSON … TO BE OR NOT TO BE… 1983
SIDNEY LUMET … A LA RECHERCHE DE GARBO… GARBO TALKS…1984
NORMAN JEWISON … AGNES DE DIEU … AGNES OF GOD …1985
TOM MOORE … GOODNIGHT, MOTHER …1986
DAVID JONES …84 CHARING CROSS ROAD …1986
CARL REINER… BERT RIGBY, YOU'RE A FOOL …1988
PAUL BOGART… PERSONNE N'EST PARFAIT …TORCH SONG TRILOGY …1988
CARL REINER...BERT RIGBY, YOU'RE A FOOL...1989
ANDREW BERGMAN...LUNE DE MIEL À LAS VEGAS ...HONEYMOON IN VEGA...1992
DALE LAUNER...MISS COBAYE ...LOVE POTION N°9...1992
JOHN BADHAM...NOM DE CODE NINA...POINT OF NO RETRURN...1993
HAROLD BECKER...MALICE...1993
MIKE FIGGIS...MR JONES...1993
JOCELMYN MOORHOUSE...LE PATCHWORK DE LA VIE ...HOW TO MAKE AN AMERICAN QUILT...1995
JODIE FOSTER...WEEK-END EN FAMILLE ...HOME FOR THE HOLIDAYS...1995
MEL BROOKS...DRACULA MORT ET HEUREUX DE L'ETRE ...DRACULA: DEAD AND LOVING IT...1995
MICHAEL CIMINO...SUNCHASER ...1996
RIDLEY SCOTT...À ARMES EGALES ...G I JANE...1997
SIDENY LUMET...CRIICAL CARE...1997
ALFONSO CUARON...DE GRANDES ESPERANACES...GREAT EXPECTATIONS...1998
PHILIP HAAS...IL SUFFIT D'UNE NUIT ...UP AT THE VILLA...2000
EDWARD NORTON...AU NOM D'ANNA ...KEEPING THE FAITH...2000
DAVID MIRKIN...BEAUTES EMPOISONNEES! ...HEARTBREAKERS...2001
1990 FREDDIE AND MAX (TV SERIES).