Né Christian Maudet à Paris, le 4 septembre 1904, Christian-jaque commence par entrer aux Beaux-Arts et aux Arts décoratifs dans l'intention de devenir architecte. Se ravisant, il se tourne alors vers le journalisme cinématographique (notamment à Cinégraf, de 1927 à 1930), puis il dessine des maquettes de décors et crée des affiches de cinéma en tandem avec un ami rencontré aux Arts déco, Jaque Chabraison. De leur association temporaire restera un pseudonyme, Christian-Jaque, que Christian Maudet gardera comme signature une fois devenu metteur en scène.
Assistant réalisateur, il se fait la main avec quelques courts métrages puis aborde le long métrage en 1932 avec Bidon d'or. C'est le début d'une carrière étonnante qu'Olivier Barrot et Raymond Chirat évoquent en ces termes dans l'étude qu'ils lui ont consacrée : « Christian-Jaque, auteur de près de 70 films, cinéaste le plus souvent couronné par le succès populaire, sinon critique, contemporain des cinquante dernières années du cinéma français, est de toute façon un metteur en scène important. » Et un metteur en scène qui aborde tous les genres avec la même maîtrise et la même virtuosité : la comédie et c'est François I, le mystère poétique avec Les Disparus de Saint-Agil, la fantasmagorie policière dans L'Assassinat du Père Noël, le film d'aventures dont il donne un modèle inégalé avec Fanfan la Tulipe, l'adaptation romanesque que ce soit avec Boule de Suif ou La Chartreuse de Parme, la satire de mœurs dans Un revenant. Il dirige Fernandel, Gérard Philipe, Brigitte Bardot {Babette s'en va-t-en guerre, Les Pétroleuses), qui sera l'une de ses épouses (LucrèceBorgia, Nana, Nathalie), Louis Jouvet, Jean Marais, Micheline Presle. En 1937, il cosigne, avec Sacha Guitry, Les Perles de la couronne.
Après un dernier film au cinéma en 1977, La Vie parisienne d'après Offenbach, Christian-Jaque se tourne vers la télévision et réalise de grandes séries à succès comme La Nouvelle Malle des Indes et L'Homme de Suez. Optimiste, curieux de la vie et de son art, avec une âme d'aventurier et la passion de son métier chevillée au corps, Christian-Jaque n'a jamais voulu proposer autre chose qu'un cinéma de divertissement de qualité. Sa devise : « L'important n'est pas de réussir dans la vie, mais de réussir sa vie. » Il meurt le 9 juillet 1994 dans sa petite maison blanche au décor quelque peu oriental de Boulogne-Billancourt.
Qui ne se souvient de "François 1" où Fernandel se fait torturer par une chèvre qui lui suce les doigts de pied et cela entraînent un fou rire communicatif du supplicié.
Tous les comédiens français de l'époque tournent avec ce grand réalisateur.
Christian Jaque se sera marié 6 fois dont 3 actrices : Simone Renant, Renée Faure, Martine Carol.
En trois films tournés sous la direction de Christian-Jaque, avec le fameux et inénarrable François Ier en guise de point d'orgue, Fernandel décroche définitivement en 1936 ses galons d'immense vedette populaire.
Dans la carrière de Fernandel, 1936 est l'année Christian-Jaque. C'est bien simple, ils ne se quittent plus, au point d'enchaîner quatre films coup sur coup. Quatre ans plus tôt, ils avaient déjà travaillé ensemble pour Ça colle!, un moyen métrage de 32 minutes. En juin 1936, ils tournent Un de la Légion, qui obtient un succès considérable, Josette en septembre - où Fernandel a pour partenaire sa fille Josette qui vient d'avoir 10 ans -que le public plébiscite également et, en décembre, François Ier ou les Amours de la Belle Ferronnière, qui va être un véritable et inusable triomphe. Enfin, ils bouclent leur passe de quatre en janvier 1937 avec Les Dégourdis de la 11e.
« Lors du tournage de Josette, racontera Christian-Jaque, Paul Fékété, scénariste de l'équipe - un monsieur très vénérable, qui était directeur artistique des éditions Salabert mais qui gardait l'esprit étudiant des Beaux-Arts - me propose un projet qui m'a tout de suite enthousiasmé. Et, début décembre - c'était l'époque où un film s'écrivait en quinze jours et se tournait en trois semaines -, on a commencé François Ier. Un personnage
qui s'endort et dont les rêves deviennent réalité est toujours source de comique. Ce film c'est un extraordinaire voyage dans le temps. »
Après les réussites de Un de la Légion et de Josette, Fernandel est prêt à faire confiance les yeux fermés à Christian-Jaque et c'est sans hésiter qu'il accepte de tourner cette fantaisie historique de style burlesque. A ce moment-là, il ignore bien sûr que ce sommet du rire va lui ménager, en dix-huit jours de tournage, une avalanche d'avanies.
Ainsi, Honorin-Fernandel affronte Ferron-Henri Bosc au cours du Jugement de Dieu : commencé à l'épée, le duel dégénère en empoignade sauvage. Plutôt penaud, Christian-Jaque devait avouer par la suite : «J'avais indiqué à l'adversaire de Fernandel : "Quand il se jettera sur toi, tu sauteras de côté. Il fera un vol plané, ça sera plus spectaculaire." Ce le fut tellement que Fernandel s'ouvrit le front sans savoir comment. Je n'ai jamais osé lui dire la vérité. »
Vient ensuite le tournage de ce qui deviendra l'une des scènes d'anthologie de l'histoire du cinéma comique français : le supplice de la chèvre. Guetté par le traître Ferron, Honorin est entraîné dans une crypte où l'Inquisition le soumet à la torture... « Le premier jour, devait raconter Fernandel, il n'y avait pas de chèvre. On m'avait enchaîné pour les essais. Vers une heure de l'après-midi, Christian-Jaque fait éteindre toutes les lumières du plateau. Et il s'en va déjeuner avec le caméraman et les techniciens. Ou, plutôt, il fait semblant, attendant derrière la porte les hurlements que j'étais censé pousser. Je n'ai rien dit. Au bout d'un quart d'heure, intrigué par mon silence, Christian-Jaque revient et comme, les yeux fermés, je ne bougeais pas, il crut que j'étais mort, étouffé de fureur. "Tu peux me laisser enchaîné autant que tu voudras, lui dis-je avec le plus grand calme, mais quand la pose sera terminée, tu devras attendre, pour recommencer à filmer, autant de temps que je serai resté ici." Si bien qu'il m'a détaché tout de suite et que nous sommes allés déjeuner ensemble. »
La trêve, cependant, va être de courte durée pour Fernand qui, la pose terminée, se retrouve cloué par ses chaînes sur la table de supplice, les pieds nus, dans l'attente de la chèvre. Arrive la biquette, une bestiole en apparence tout ce qu'il y a d'anodine et de docile. Mais en apparence seulement : « Pour le scénario, évoquera Fernandel, il fallait qu'elle me lèche les pieds. Pour commencer, elle ne pouvait pas supporter la lumière des projecteurs. Chaque fois qu'on les allumait, hop, elle prenait les pattes à son cou et filochait dare-dare à travers le studio. Imaginez la pagaille ! Alors, on l'a attachée.
» Mais il fallait encore qu'elle se décide à me lécher les pieds. Alors là, quelle histoire! D'abord, on m'a mis des brins d'herbe entre les orteils. Ça ne l'a pas intéressée. Alors on me les a saupoudrés de sucre. Sans succès ! De sel. Zéro ! De fraises écrasées. Sans résultat. On a essayé les carottes râpées. On aurait dit que tout la dégoûtait.
» Alors Christian-Jaque a eu une idée : du tabac ! des bouts de tabac ! Et va savoir pourquoi cette chèvre, le tabac, ça lui a plu. Alors on m'a répandu sur les pieds tout un paquet de Gauloises qu'on a dépiautées une à une.
» Et là, elle s'est régalée, la chèvre. Et quand elle a eu fini le tabac, ça l'avait mise en appétit, il faut croire qu'il lui restait un creux, elle s'est attaquée aux orteils. Elle a commencé à me mordiller, puis à me mordre, et férocement avec ça. Ça a été atroce. Si atroce queje me suis mis à hurler n'importe quoi, toutes les injures de mon répertoire, tous les gros mots. C'est tout ce que je pouvais faire. J'étais attaché, chevilles et poignets. Et ce faux cul de Christian-Jaque qui, loin de voler à mon secours et de sauter sur la chèvre pour la transformer illico en côtelettes, criait : "Profitez-en ! Tournez ! Tournez ! Ne coupez pas, nom de Dieu ! Ne coupez pas !"...»
Enregistrée telle quelle, la scène fut rectifiée à la synchronisation où l'on remplaça les vociférations de l'acteur par des exclamations plus
conformes à la lettre du scénario ainsi qu'à la décence.
LE BIDON D'OR 1932
CA COLLE 1933
LE PERE LAMPION 1934
COMPARTIMENT DE DAMES SEULES 1934
VOYAGE D'AGREMENT 1935
SOUS LA GRIFFE 1935
LA SONNETTE D'ALARME 1935
SACRE LEONCE 1935
LA FAMILLE PONT BIQUET 1935
UN DE LA LEGION 1936
RIGOLBOCHE 1936
MONSIEUR PERSONNE 1936
LA MAISON D'EN FACE 1936
JOSETTE 1936
L'ECOLE DES JOURNALISTES 1936
FRANCOIS 1° 1937
LES PERLES DE LA COURONNE 1937
LES PIRATES DU RAIL 1937
LES DEGOURDIS DE LA 11° 1937
A VENISE UNE NUIT 1937
LES DISPARUS DE SAUNT-AGIL 1938
ERNEST LE REBELLE 1938
RAPHAEL LE TATOUE 1938
L'ENFRE DES ANGES 1941
PREMIER BAL 1941
LA SYMPHONIE FANTASTIQUE 1942
VOYAGE SANS ESPOIR 1943
CARMEN 1945
BOULE DE SUIF 1945
SORTILEGES 1945
UN REVENANT 1946
LA CHARTREUSE DE PARME 1948
D'HOMME A HOMMES 1948
SINGOLALLA 1949
SOUVENIRS PERDUS 1950
BARBE BLEUE 1951
FANFAN LA TULIPE 1952
ADORABLES CREATURES 1952
LUCRECE BORGIA 1953
NANA 1955
SI TOUS LES GARS DU MONDE 1956
NATHALIE 1957
LA LOI C'EST LA LOI 1958
BABETTE S'EN VA EN GUERRE 1959
LA FRANCAISE ET L'AMOUR 1960
MADAME SANS GENE 1962
LES BONNES CAUSES 1962
LA TULIPE NOIRE 1964
LE REPAS DES FAUVES 1964
LE GENTLEMAN DE COCODY 1964
GUERRE SECRETE 1965
LA FABULEUSE AVENTURE DE MARCO POLO 1965
LE SAINT PREND L'AFFUT 1966
LA SECONDE VERITE 1966
LES AMOURS DE LADY HAMILTON 1968
OMER PACHA 1970
LES PETROLEUSES 1971
DOCTEUR JUSTICE 1975
LA VIE PARISIENNE 1977
CARNE L'HOMME A LA CAMERA 1985