Martine Carol était née Marie-Louise Mourer, le 16 mai 1920, à Saint-Mandé, dans une famille de la bourgeoisie industrielle. Après des études chez les dominicaines de Neuilly,elle suit des cours d’infirmière et dans la dentisterie, avant de se tourner vers les Beaux-Arts. Sa rencontre avec la fille du comédien André Luguet, qui lui trouve un beau physique , l'entraîne à faire de la photo de mode et à prendre des cours d’art dramatique auprès de Roland Manuel d’abord , de René Simon ensuite, qui aura ce jugement prophétique: "Elle est trop belle : on la regardera, on ne l’écoutera pas". A l'’époque, elle a choisi Maryse Arley comme nom de scène afin de ne pas gêner sa famille, qui compte deux généraux.
En 1941, elle intègre la troupe de Gaston Baty et prend part à des tournées théâtrales, avant de faire de modestes débuts au cinéma". La ferme aux loups" est son premier vrai film, entre Paul Meurisse et François Périer, qui lui soufflera le pseudonyme de Martine Caroi, en hommage à Carole Lombard, tragiquement décédée l'année précédente. Elle y est encore brune avec une légère bosse sur le nez. Pour " Bifur 3 ", Martine se la fera raboter et se teindra en blonde.
Jolie et le sachant, Martine Carol n’a besoin de personne pour faire son autopromotion. La première fois que son nom figure dans la rubrique des faits divers date de sa brève rencontre, en 1945,
avec le truand "Pierrot le fou". A la sortie d’une boîte de nuit, il l’enlève et, après avoir vainement tenté de la violer, la fait tabasser par ses gardes du corps, avant de la débarquer en plein bois de Boulogne.
Le lendemain, il s’excusera, par l’envoi d’un bouquet de fleurs. Deux ans plus tard, alors qu’elle joue, au théâtre, " La route au tabac " , elle fait une tentative de suicide, au motif que Georges Marchal l’a abandonnée pour Dany Robin.
Comme par hasard, elle est sauvée in extremis, sous l’objectif de photographes étrangement présents. Moins d’un an plus tard, la revoilà sous les feux de l’actualité people, pour ses fiançailles avec le milliardaire du cirque, John Ringley Barnum. A peine aux Etats-Unis, elle est séquestrée par son galant dans un train de luxe, qui fait la tournée des villes américaines. Un soir, elle s'échappe et, nue sous un manteau de vison, elle regagne la France, où elle épousera Steve Crane (1948-1952), l’ex-époux de Lana Turner, dont elle saura bientôt pourquoi on l’a surnommé
"Mister Gigolo ". Professionnellement, elle travaille dans des vaudevilles, où elle impose
son personnage charmant et sexy (" Une nuit de noces " ) qui sera son image de marque, à côté de rôles plus sérieux telle la Bettina Verdi des "Amants de Vérone".
Lorsqu'arrive la trentaine, Martine est pourtant à la croisée des chemins.
Au printemps 1950, le romancier Cecil Saint-Laurent lui envoie un exemplaire de "Caroline Chérie ", l’un des plus fulgurants succès de librairie (1947) de l’après-guerre .
Tournée au cours de l’été, cette comédie d’aventures galantes connaîtra sa première parisienne le
23 février 1951. Un triomphe. Martine Carol est devenue une star, On ne l’appelle plus que "Martine Chérie ". En six semaines d’exclusivité parisienne, le film fera 235.000 entrées et se placera, cette
année-là, en troisième position au box-office, derrière " Samson et Dalila " et " Cendrillon ". Deux suites en seront tournées, dont " Un caprice de Caroline Chérie ", où elle montre davantage que le bout d’un sein. Une nudité que condamne l’archevêque de Lyon .
Après un détour par Hollywood et une tentative de débauchage par Howard Hughes, elle rentre en France, où elle croise sa deuxième chance, le réalisateur Christian-Jaque, qui sera son pygmalion, son époux (1954-1959) et mettra sa beauté en valeur dans une série de superproductions, où la femme est en majesté.
Ce sont " Lucrèce Borgia ",où sa nudité dans un bain de lait d’ânesse interdit le film aux moins de 16 ans, " Secrets d’alcôve "," Madame du Barry " et " Nana ". Dans ce dernier film, parce que son public n’aurait pu supporter une image altérée de sa beauté, Christian-Jaque la fait étrangler par Charles Boyer, plutôt que la livrer à la petite vérole, comme imaginé par Emile Zola.
En février 1955,elle accepte de casser son image pour Max Ophûls, en incarnant Lola Montès, la scandaleuse courtisane qui coûta son trône à Louis 1er de Bavière et à présent bête de cirque. Le film déconcerte le public, qui ne reconnaît pas, en cette femme humiliée et à la chevelure brune, sa Martine chérie. Après cet échec ,Martine n’en perd pas pour autant son statut de superstar, mais elle a le tort de s’absenter. Pour une tournée mondiale, comme ambassadrice du cinéma français, d’abord, pour divers tournages, en Italie et aux Etats-Unis, ensuite.
Quand elle revient, au bout d’un an et demi, le paysage a radicalement changé.Le phénomène Brigitte Bardot a ébranlé le mythe qu’elle était devenue et démodé ses audaces encore trop sages en regard de l’animalité que dégage " Et Dieu créa la femme ". Même si elle pressentait qu’elle serait, un jour, détrônée, elle ne peut le supporter. L’engrenage infernal va alors s’enclencher . Angoisses, whisky, barbituriques, cures de sommeil le déclin s’amorce. Et la malchance s’acharne. Refusant de se faire doubler dans une scène de judo avec Miçhel Piccoli, elle se déplace trois vertèbres du cou. Pour ne rien arranger, son union avec Christian-Jaque se termine. Il apprendra leur divorce par la presse, en plein festival de Cannes.
L’île de Tahiti, dont elle est entre-temps tombée amoureuse, pendant le tournage du "Passager clandestin ", lui sera un havre temporaire. Elle y rencontre l’homme qui aurait pu la stabiliser, le Dr
André Rouveix (1959-1962). Mais, à jamais en deuil de sa popularité perdue,elle se fatiguera vite de cette préretraite, sans pour autant trouver satisfaction dans les rôles de femme esseulée et de
mère d’adolescents qu’à présent on lui offre. Même l’excellent "Cave se rebiffe " lui sera contre-productif, la confinant dans un rôle de gourde, coquette et sotte.
En 1966, Mike- Eland, richissisme homme d’affaires britannique, lui propose le mariage et la réconcilie avec la vie. C’est également lui qui devait la découvrir, le 5 février 1967, inanimée, dans
leur appartement de l’hôtel de Paris, à Monte-Carlo. Crise cardiaque ou suicide? Comme Marilyn et
Romy Schneider, elle sera morte épuisée, broyée par le système qui l’avait enfantée.
GEORGES LACOMBE...LE DERNIER DES SIX...1941
HENRI DECOIN ...LES INCONNUS DANS LA MAISON ...1941
RICHARD POTTIER...LA FERME AUX LOUPS ...1943
MAURICE CAM ...BIFUR 3 ...1944
GILLES GRANGIER...TRENTE ET QUARANTE ...1945
HENRI CALEF ...L'EXTRAVAGANTE MISSION ...1945
JACQUES HOUSSIN...EN ETES VOUS BIEN SUR ...1946
JACQUES PREVERT...VOYAGE SURPRISE...1946
RAYMOND LAMY ...MIROIR ...1946
MARCEL CARNE ...LA FLEUR DE L'AGE ...1947
ANDRE BERTHOMIEU CARRE DE VALETS ...1947
ROBERT HENNION ...LES SOUVENIRS NE SONT PAS A VENDRE 1948
ANDRE CAYATTE ...LES AMANTS DE VERONE ...1948
PIERRE MONTAZEL...JE N'AIME QUE TOI...1949
RENE JAYET ...UNE NUIT DE NOCES...1949
JEAN BOYER ...NOUS IRONS A PARIS ...1949
ANDRE HUNEBELLE...MEFIEZ VOUS DES BLONDES ...1950
RICHARD POTTIER...CAROLINE CHERIE ...1950
LE DESIR ET L'AMOUR ...1951
CHRISTIAN-JAQUE...ADORABLES CREATURES...1952
RENE CLAIR ...BELLES DE NUIT ...1952
JEAN DEVAIVRE ...UN CAPRICE DE CAROLINE CHERIE ...1952
...LUCRECE BORGIA ...1953
ALBERTO LATTUADA LA PENSIONNAIRE ...1953
...DESTINEES ...1953
MAURICE DE CANONGE BOUM SUR PARIS ...1953
JEAN DELANNOY ...SECRETS D'ALCOVE ...1953
..MADAME DU BARRY ...1954
...NANA ...1954
MAX OPHULS ...LOLA MONTES ...1955
PRESTON STURGES...LES CARNETS DU MAJOR THOMPSON ...1955
MICHAEL ANDERSON ...LE TOUR DU MONDE EN 80 JOURS... AROUND THE WORLD IN 80 DAYS ...1955
VINCENT SHERMAN SCANDALE A MILAN ...1956
TERENCE YOUNG ...AU BORD DU VOLCAN ...1956
CHRISTIAN JAQUE...NATHALIE ...1957
RALPH HABIB ...LE PASSAGER CLANDESTIN ...1957
ROBERT ALDRICH ...TOUT PRES DE SATAN ...1958
ROBERTO CAVALCANTI LES NOCES VENITIENNES ...1958
...NATHALIE AGENT SECRET ...1959
ABEL GANCE ...AUSTERLITZ ...1959
JEAN PAUL LE CHANOIS LA FRANCAISE ET L'AMOUR ...1960
MICHEL BOISROND...UN SOIR SUR LA PLAGE...1960
ROBERTO ROSSELLINI VANINA VANINI ...1961
...LE CAVE SE REBIFFE ...1961
GEORGES LAUTNER...EN PLEIN CIRAGE ...1961
VITTORIO SALA ...PARADIS DE FEMMES ...1962
JOHN AINSWORTH ...HELL IS EMPTY ...1966
JEAN PIERRE CORNILLE LA TOILE ...1967
Un documentaire avait été diffusé sur France 3 intitulé Martine Chérie , Martine avait été interviewée par François Chalais , mais aussi des interviews de Françoise Arnoul , Daniel Gélin , Ivan Desny France Roche Henri-Jean Servat.