Née Blanche Bilhaud à Paris le 5 octobre 1918, et décédée le 04 avril 2005, BLANCHETTE BRUNOY est d'un temps où les comédiens se faisaient plaisir avant de jeter un coup d'oeil au box-office. Mais Blanchette Brunoy n'est pas femme à cultiver la nostalgie. Un sentiment qui, pour elle, rend amer et est incompatible avec cette nature heureuse qui lui a permis de traverser les tourments du siècle et les tragédies personnelles, dont la mort accidentelle de son mari, en 1958. A quoi doit-elle cette aimable disposition ? Probablement à des parents qui ne firent jamais obstacle à sa vocation, comme au parrainage de l'une des figures majeures de la littérature du début du XXe siècle, alors à la veille de publier « La chronique des Pasquier ».
Blanchette Brunoy aurait pu faire la médecine et suivre les traces de son père si ses parents n'avaient été voisins de Georges Duhamel et de sa femme, la comédienne Blanche Albane, à qui elle doit son prénom. A Valmondois, chaque été réunissait une vingtaine d'enfants, cousins et amis, qui jouaient la comédie sous l'œil du maître. Une fois par semaine, sur l'escalier d'honneur, les plus doués donnaient une représentation pour la communauté villageoise. Or, le hasard voulut que Léon Bernard, professeur au Conservatoire, habitât l'endroit. Il n'en faudra pas davantage pour l'amener à tenter le concours d'admission et à intégrer la classe d'André Brunot. Elle avait 17 ans.
Son passage au Conservatoire compte parmi les meilleurs moments de sa jeunesse. « J'ai un souvenir formidable de l'endroit à cette époque », évoque-t-elle encore près de soixante-dix ans plus tard. « Il y régnait une espèce de cacophonie extraordinaire. Des répétitions de piano d'un côté, l'orchestre dans les étages, les danseuses au rez-de-chaussée... C'était fantastique. » C'est précisément l'année où l'on tourne « Entrée des artistes » avec Louis Jouvet, mais aussi André Brunot, son professeur. Très tôt, la chance lui sourit, grâce à Jean-Jacques Bernard, le fils de Tristan, qui lui offre de faire ses débuts professionnels au théâtre dans « Nationale 6 ». Au cinéma, elle a Raimu pour père dans « La chaste Suzanne », quelques mois à peine après avoir été l'interprète d'Abel Gance et la partenaire de Jules Berry et de Saturnin Fabre. Avec « Claudine à l'école » vient la première grande chance de sa carrière. Entre mille candidates, elle est choisie pour être l'héroïne de Colette et donner la réplique à Pierre Brasseur. Comme la lumière attire les papillons, Blanchette Brunoy semble avoir toujours su réunir autour d'elle de grands noms. Sa fraîcheur tonique et sa gentillesse proverbiale n'y sont pas étrangères. Entretemps, elle jalonne son parcours de films appelés à devenir des classiques du cinéma français : « Raboliot », inspiré du roman de Maurice Genevoix, « Au bonheur des dames », où elle entraîne à sa suite une imposante distribution, « Goupi Mains rouges », sur le monde paysan sous le régime du maréchal Pétain.
Nature heureuse et sociable, Blanchette Brunoy s'épanouit au contact de partenaires et de metteurs en scène prestigieux, dont elle s'imprègne de l'expérience et du métier. Fernand Ledoux et Marcel Carné sont les noms qu'elle cite le plus souvent. Autant que Jean Gabin, avec qui, au fil de leurs trois collaborations, dont « La bête humaine » et « La Marie du port », elle aura su tisser des liens de complicité. « Il était charmant, avec pudeur. Timide, au fond. Sur "Le baron de l'écluse", il me confiait que le cinéma, il en avait marre, qu'il aurait voulu arrêter s'il n'avait fallu compter. L'argent le préoccupait. » Les rôles se faisant moins intéressants avec l'âge, Blanchette Brunoy sera parmi les premières à faire confiance à la télévision. N'en fut-elle pas l'une des pionnières, lors d'émissions d'essai diffusées depuis la tour Eiffel, à l'occasion de l'Exposition universelle de 1937? Dès la fin des années 1950, elle commence à se faire plus régulière sur le petit écran, au point d'en devenir l'une des figures familières dans des séries telles que « Sans famille », « Les Eygletière » ou encore « Malikan père et fils ». Elle fera paradoxalement moins confiance à la technique, puisqu'elle sera l'une des dernières à demeurer cramponnée à son poste en noir et blanc.
Depuis qu'une semi-retraite de fait l'avait mise en vacance de rôles, Blanchette Brunoy avait renoué avec récriture de nouvelles et de scénarios, en alternance avec la sculpture sur bougies et le dessin, quand elle ne s'abandonnait pas à sa passion pour les horizons lointains par cinq ou six voyages annuels. Mais, avec l'âge, l'aventure s'est arrêtée aux quelques arpents de son jardin intérieur, qu'elle cultive avec la même curiosité gourmande qu'elle mettait autrefois à apprendre ses rôles.
RENE PUJOL… LA PEAU D'UN AUTRE …1936
JEAN BOYER …UN MAUVAIS GARÇON …1936
ABEL GANCE… LE VOLEUR DE FEMMES …1936
LEO JOANNON… VOUS N'AVEZ RIEN A DECLARER …1937
ANDRE BERTHOMIEU… LA CHASTE SUZANNE …1937
SERGE DE POLIGNY… CLAUDINE A L’ECOLE …1937
JEAN RENOIR…LA BETE HUMAINE …1938
JEAN GOURGUET …JEANNETTE BOURGOGNE …1938
BENOIT LEVY ET MARIE EPSTEIN… ALTITUDE 3.200 …1938
CHRISTIAN STENGEL …LA FAMILLE DURATON …1939
PIERRE COLOMBIER ET CHRISTIAN CHAMBORANT… QUARTIER LATIN …1939
RAYMOND BERNARD …CAVALCADE D’AMOUR …1939
GEORGES LACOMBE …ELLES ETAIENT DOUZE FEMMES …1940
LEONIDE MOGUY… L'EMPREINTE DU DIEU …1940
MAURICE CLOCHE …24 HEURES DE PERM' …1940
JACQUES DANIEL-NORMAN… LE BRISEUR DE CHAINES …1941
ROBERT PEGUY …DERNIERE AVENTURE …1941
WALTER KAPPS… VIE PRIVEE …1941
LEO JOANNON… LE CAMION BLANC …1942
JEAN DREVILLE…LES CADETS DE L'OCEAN …1942
JACQUES BECKER …GOUPI MAINS ROUGES …1942
LE GRAND COMBAT … BERNARD ROLLAND… 1943
JEAN ANOUILH…LE VOYAGEUR SANS BAGAGE … 1943
JACQUES SEVERAC …CEUX DU RIVAGE … 1943
ANDRE CAYATTE …AU BONHEUR DES DAMES … 1943
MAURICE CLOCHE… L'INVITE DE LA ONZIEME HEURE …1945
JACQUES DAROY …RABOLIOT …1945
WILLY ROZIER …SOLITA DE CORDOUE …1945
RENE CHANAS … LA TAVERNE DU POISSON COURONNE …1946
JEAN GEHRET …LE CAFE DU CADRAN …1946
PIERRE DE HERAIN …LE MANNEQUIN ASSASSINE …1947
CARLO LUDOVICO BRAGAGLIA … SYMPHONIE HUMAINE… L'ALTRA …1947
HENRI DIAMANT-BERGER … LA MATERNELLE …1948
ROBERT HENNION… LES SOUVENIRS NE SONT PAS A …1948
MARCEL CARNE …LA MARIE DU PORT …1949
JACQUES HOUSSIN …VIENT DE PARAITRE …1949
LEON MATHOT …L'HOMME AUX MAINS D'ARGILE …1949
ISIDORE ISOU … TRAITE DE BAVE ET D'ETERNITE …1950
JEAN GOURGUET… UNE ENFANT DANS LA TOURMENTE …1951
JACQUES LOEW …SI ÇA VOUS CHANTE …1951
MAURICE GLEIZE …LE PASSAGE DE VENUS …1951
JEAN BOYER … COIFFEUR POUR DAMES …1952
JEAN GOURGUET …LE SECRET D'UNE MERE …1952
ROBERT BIBAL … LE PETIT JACQUES …1953
MAURICE DEKOBRA… LA RAFLE EST POUR CE SOIR …1953
JACQUES DANIEL-NORMAN… TOURMENTS …1953
GERARD SANDOZ… OPERATION TONNERRE …1954
YVAN GOVAR… LE CIRCUIT DE MINUIT …1956
JEAN DELANNOY …LE BARON DE L'ECLUSE …1959
ROBERT DARENE … IL SUFFIT D'AIMER …1960
JACQUES PINOTEAU… LES VEINARDS …1962
YVES ROBERT…BEBERT ET L'OMNIBUS …1963
ANDRE CAYATTE… LA VIE CONJUGALE …1963
ROBERT THOMAS… LA BONNE SOUPE …1963
'EDOUARD MOLINARO … L'AMOUR EN DOUCE …1984
JACQUES FANSTEN … ROULEZ JEUNESSE! …1992
PIERRE SALVADORI … COMME ELLE RESPIRE 1997