La silhouette bien prise dans une robe au col montant, la modestie de bon aloi d'une pensionnaire d'institution religieuse et le maquillage discret autant que sage, Teresa Wright était l'antithèse des Lana Turner et Rita Hayworth, aussi inaccessibles au commun des mortels qu'elle-même était davantage perçue comme une sœur qu'un modèle auprès des adolescentes des années 1940, dont les parents la citaient en exemple. La preuve que Hollywood ne se reposait pas exclusivement sur le charme des vamps pour faire tourner son usine à rêves, mais qu'elle spéculait aussi sur l'identification des spectatrices à des jeunes filles saines et porteuses des valeurs fondatrices de la société américaine. Ces « girls next door » (voisines de palier), comme on les appelait, étaient aussi populaires que les femmes fatales, et les Dorothy McGuire et Maggie McNamara n'étaient pas de trop pour peupler de leurs vertus domestiques les westerns et comédies familiales qui foisonnaient alors. Commencée sur les chapeaux de roues avec trois nominations aux Oscars, dont une qui porta ses fruits, la carrière de Teresa Wright devait néanmoins marquer le pas au début des années 1950, lorsque l'actrice préféra accorder la priorité à sa vie familiale. Pour cause de maternité, elle fut ainsi contrainte de renoncer au rôle qui échut à Jennifer Jones dans « Duel au soleil », et dont la sensualité aurait pu nuancer son image de fille trop sage.
Née à New York, le 27 octobre 1918, Muriel Teresa Wright débute sur les planches de son lycée du New Jersey à l'âge de 10 ans. Encouragée par ses parents à embrasser une carrière selon son cœur, elle quitte l'école à la fin de ses études secondaires et entre de plain-pied dans la vie artistique en rejoignant la troupe du Wharf Théâtre de Provincetown (Massachusetts) à l'occasion de sa saison d'été. Elle aura le privilège d'y être formée par Bette Davis. Le seul enseignement théorique qu'elle recevra jamais. Entre le montage des décors et la mise au point des éclairages, Teresa s'initie autant à la production qu'à l'interprétation. Mais ce n'est qu'à la faveur de sa seconde saison au Wharf qu'elle est remarquée par une actrice new-yorkaise, Doro Merande, qui intercède pour lui obtenir une figuration dans la pièce de Thornton Wilder « Our town ». Elle y sera la doublure de Dorothy McGuire. Mais, en tournée à Washington, elle est invitée à monter sur scène et à incarner la petite Rebecca, pour la simple raison que, en 1938, dans la capitale fédérale, ni les enfants ni les Noirs n'étaient admis sur les planches. Lorsque la tournée se termine en décembre, à Chicago, Teresa Wright est prête pour reprendre le premier rôle dans une production mineure. Quelques mois plus tard, elle fera enfin ses débuts à Broadway dans « Life with father ». C'est dans ces circonstances qu'elle capte l'attention de la dramaturge Lillian Hellman, qui la recommande au producteur Samuel Goldwyn pour l'adaptation cinématographique de sa pièce « The little foxes ».
Doté d'une perspicacité qui a fait sa fortune, Samuel Goldwyn lui signe un contrat étendu sur sept années. Elles se révéleront les plus fructueuses de la carrière de l'actrice, qui, pour son premier essai, réussit un coup de maître en arrachant une nomination aux Oscars. Face à la scélératesse incarnée par Bette Davis dans « La vipère », Teresa Wright se démarque déjà en ange de vertu et de douceur, prouvant, dès l'année suivante, avec « Mrs. Miniver », à quel point ce personnage lui sied. Qui n'a été ému aux larmes par la mort prématurée de cette jeune mariée mitraillée par un avion allemand? Lorsque son nom apparaît, pour la troisième fois, en ce début 1943, sur la liste des nominations aux Oscars, rien ne peut plus venir entraver sa marche triomphale. Rien, si ce n'est la vie familiale, dont elle connaît les tentations depuis sa rencontre avec le scénariste Niven Busch (1942-52), sur le tournage de « La vipère ». En 1944 lui naît un fils. Deux ans plus tard, alors que son mari lui a pratiquement assuré le rôle de la flamboyante métisse dans « Duel au soleil », sa maternité la contraint à y renoncer. On peut d'autant plus le regretter que jamais, par la suite, une autre héroîne ne lui permettra de jouer ainsi la sensualité et la lascivité.
Malgré l'antagonisme de ses intérêts professionnels et familiaux, Téresa Wright connaît, en ces annéi 1940, l'apogée de sa notoriété. « L'ombre d'un doute », où elle s'abandonne sans méfiance à un oncle criminel, « Les plus belles années de notre vie » et la corde sensible que ce film sur le retour des soldats au pays fera vibrer dans le cœur du public américain comme « La vallée de la peur » ses connotations de tragédie grecque transfigurée par le western . Quant à la performance Teresa Wright en femme de paraplégique, dans le drame de Fred Zinnemann "C'étaient des hommes" la critique fut unanime pour y reconnaître la qualité de son jeu.
Son divorce, en 1952, met involontairement un terme à ses années hollywoodiennes, dans la mesure où, plus que jamais, elle se sent le devoir de privilégier l'éducation ses enfants. Il faudra attendre 1959 son remariage avec le dramaturge Robert Anderson, l'auteur de « Thé et sympathie », pour assister à un déploiement de ses activités artistiques vers la télévision et la scène . Interprète de classiques théâtre américain comme « Mort d'un commis voyageur », « La ménagerie de verre » et « Le long voyage vers la nuit », elle réussit encore. 1980, quarante-trois ans après l'échec de sa création à Broadway à mener au succès la pièce « Morning's at seven », en tournée aux Etats-Unis. .Elle décèdera le 06 mars 2005.
WILLIAM WYLER …LA VIPERE…THE LITTTE FOXES …1941
WILLIAM WYLER …MADAME MINIVER …MRS. MINIVER …1942
SAM WOOD…VAINQUEUR DU DESTIN - THE PRIDE OF THE YANKEES …1942
ALFRED HITCHCOCK… L'OMBRE D'UN DOUTE …SHADOW OF A DOUBT …1942
SAM WOOD …CASANOVA LE PETIT… CASANOVA BROWN …1944
WILLIAM WYLER… LES PLUS BELLES ANNEES DE NOTRE VIE… THE BEST YEARS OF OUR LIVES… 1946
RAOUL WALSH… LA VALLEE DE LA PEUR … PURSUED …1946
LEWIS ALLEN …SUPREME AVEU …. THE IMPERFECT LADY… 1947
SIDNEY LANFIELD… LE DOMPTEUR DE FEMMES … THE TROUBLE WITH WOMEN …1947
IRVING REIS …ENCHANTMENT …VOUS QUI AVEZ VINGT ANS:…1948
JOHN STURGES …LA CAPTURE …THE CAPTURE …1950
FRED ZINNEMANN… C'ETAIENT DES HOMMES… THE MEN …1950
GEORGE STEVENS …L'IVRESSE ET L'AMOUR…SOMETHING TO LIVE FOR …1951
LEW LANDERS… CALIFORNIE EN FLAMMES… …CALIFORNIA CONQUEST … 1952
ANDREW STONE … LE PIEGE D'ACIER …THE STEEL TRAP …1952
DON SIEGEL …COUNTTHE HOURS … 1952
GEORGE CUKOR … GLOIRE ET FORTUNE …THE ACTRESS … …1953
WILLIAM A. WELLMAN… TRACK OF THE CAT… 1954
NOËL LANGLEY… THE SEARCH FOR BRIDEY MURPHY…1956
ARTHUR LUBIN …ESCAPADE AU JAPON… ESCAPADE IN JAPAN …1957
HELMUT KAUTNER … THE RESTLESS YEARS …1958
RICHARD BROOKS THE HAPPY ENDING... 1969
DAVID MILLER …HAIL, HERO ! … 1969
EARL BELLAMY… DELUGE SUR LA VILLE… FLOOD … 1976
JAMES IVORY… ROSELAND … 1977
JEANNOT SZWARC … QUELQUE PART DANS LE TEMPS …SOMEWHERE IN TIME ..1979
LEONARD NIMOY …LE PRIX DE LA PASSION… THE GOOD MOTHER…1988
FRANCIS FORD COPPOLA … L'IDEALISTE RAINMAKER … 1996
A LA TV:
« THE SOUND OF WAVES BREAKING » (1952),
« DRESS IN THE WINDOW » (1952),
MIRACLE ON 34TH STREET » (1955),
« THE LONELY ON (1956), « THE MIRACLE WORKER » (1957),
« THE ALFRED HITCHCOCK HOUR » (1964),
« THE LOVE BOAT » (LA CROISIÈRE S'AMUSE )1982