Apparemment aimable et modeste, Rock Hudson ne donnait guère l'impression d'une grosse vedette commerciale ; pourtant, il figurait avec Wayne, Crosby, Gable et Cooper dans le peloton de tête des stars qui se « vendent » le mieux. Il doit sa popularité à deux séries de films : d'excellents mélodrames réalisés par Douglas Sirk au cours des années 50 : et des comédies pétillantes tournées à partir de 1959 aux côtés de Doris Day et d'autres actrices appétissantes. A cette époque, les critiques ont été injustement sévères pour celui qu'ils ont qualifié dédaigneusement de « beau mâle » ; or Hudson est un excellent comédien, et il n'est que de revoir Man's Favourite Sport (le Sport favori de l'homme), mis en scène par Howard Hawks, pour s'en convaincre. Dans la comédie légère, il n'est peut-être pas aussi subtil que Cary Grant, mais il est remarquablement drôle à sa manière (dans le film en question, il joue un professeur de pêche qui n'a jamais péché). Et la télévision a su mettre en évidence sa personnalité d'homme charmant doté de ressources cachées de courage et de sagesse dans une longue série intitulée McMi/fan and Wife, qui a été diffusée au cours des années 70 et pour laquelle l'acteur a été très largement rétribué.
En 1948, l'année où il décroche son premier rôle au cinéma, Rock Hudson était encore loin de prétendre aux couvertures de magazines. A peine savait-il jouer, au point que sa seule réplique, dans « Les géants du ciel », fut l'objet de trente-huit reprises. Mais il avait une qualité qui le rendait, entre tous, « starisable » : il était à lui seul un décor.
Les compliments sur sa « gueule de cinéma », Roy Scherer y avait été familiarisé dès sa prime enfance à Winnetka (Chicago), où il était né le 17 novembre 1925. Son père, un mécanicien automobile victime de la dépression économique de la fin des années 1920, était parti s'installer en Californie lorsque son fils avait atteint 5 ans. Fatiguée d'attendre l'infidèle, sa mère s'était remariée, deux ans plus tard, avec un certain Wallace Fitzgerald, plus souvent au chômage qu'au travail, et avec un penchant pour la bouteille. Heureusement pour Roy, qui ne s'entendait pas avec son beau-père, l'union sera éphémère. Guère brillant aux études, l'adolescent ne se montre pas plus convaincant sur la scène de l'atelier théâtral du lycée, dont il s'exclut lui-même par son incapacité à mémoriser les dialogues. A 18 ans, il entre dans la Navy et sert comme mécanicien, aux Philippines, avant de retrouver la vie civile et l'oisiveté en 1946. Mais la passivité est un trait de caractère qui insupporte sa mère. Aussi, après lui avoir tait faire un stage comme postier, elle emmène son fils en Californie.
A Los Angeles, Roy travaille comme représentant en aspirateurs au service de son père. Mais sa timidité est un handicap. Grâce à la bourse dont jouissent les anciens G.l's, il tente alors d'entrer à l'université. Mais la médiocrité de ses notes de lycée lui en ferme définitivement les portes. Faute de mieux, il devient camionneur, tandis que continue de germer en lui l'idée de faire son chemin à Hollywood, en profitant de son seul atout, sa beauté physique. Chaque après-midi, il vient ranger son bahut devant l'entrée des grands studios, dans l'espoir candide « d'être découvert », tandis qu'il inonde leurs boîtes aux lettres de ses photos. Son entêtement paiera en septembre 1948, avec une première audition. Il suffit d'un seul coup d'œil à l'imprésario et admirateur de la beauté virile qu'est Henry Wilson, pour deviner dans le solliciteur l'avenir qu'il lui réserve. Raoul Walsh et la Warner lui offrent un bout de rôle dans un film dont Robert Stack est la vedette, mais c'est sous l'égide d'Universal, auquel son contrat est revendu, qu'il fera son apprentissage de future star.
Entre 1950 et 1954, Roy, rebaptisé par Wilson Rock Hudson, par association avec la solidité du rocher de Gibraltar, tournera quelque 26 films. Autant d'exercices pratiques, complémentaires de sa formation simultanée à l'escrime, à la danse, à l'équitation et à l'art dramatique. Son premier rôle important est celui d'un chef indien, dans « Winchester 73 », tandis que « Peggy » et le baiser qu'il échange avec Diana Lynn lui valent un abondant courrier, et que « Mr. Brad détective » le distingue auprès de la critique. Mais le coup d'aiguillon viendra du « Secret magnifique » (1954), mélodrame flamboyant gorgé d'émotion et de bons sentiments, dont l'accueil lui fera comprendre qu'il est, entre-temps, devenu une star. Douglas Sirk sera par ailleurs son metteur en scène providentiel, rééditant l'envoûtement avec « Tout ce que le ciel permet » et « Ecrit sur du vent ». Déjà, le public qu'il a fidélisé ne peut accepter de le voir dans un autre rôle que celui du « chic type », du voisin de palier sympa et incapable de la moindre vilenie. Au point qu'il devra céder à Robert Stack le personnage du fils de famille, capricieux et imbibé, qu'il convoitait dans « Ecrit sur du vent ». Une faiblesse, dans la mesure où, malgré sa popularité, l'éclectisme ne sera jamais la marque de son répertoire. Pas plus que la nuance. Un défaut qui vaudra parfois à son interprétation d'être qualifiée de « monolithique » par les observateurs. En 1955, il atteint pourtant un nouveau sommet avec « Géant », épopée familiale autour de la prospection pétrolière au Texas, que stimulera commercialement la mort accidentelle de James Dean, et qui vaudra à Rock sa première et unique nomination à l'Oscar.
Mais la célébrité n'est pas une bénédiction quand on a sa part d'ombre. Ainsi, en 1955, Henry Wilson a vent des intentions du magazine à scandale « Confidential » de publier des révélations croustillantes sur les préférences sexuelles de son poulain. Avec sa complicité, il va désamorcer la bombe en arrangeant un mariage factice avec sa secrétaire, Phyllis Gates. L'union devait durer trois brèves années. Suffisamment longtemps pour donner le change.
Jusqu'à son association avec Doris Day, la blonde pétillante et asexuée de nombreux films musicaux, Rock Hudson ne s'était guère fait connaître sur le terrain de la comédie. « Confidences sur l'oreiller », délicieuse et bienséante pochade sur les rapports entre les sexes, réduira les incrédules au silence. Non seulement il prouvera qu'il a de l'humour, mais encore il formera avec sa partenaire un couple épatant, au point qu'ils rééditeront par deux fois leur complicité. Avec des bonheurs divers,! Rock continuera ensuite d'exploiter! cette veine, tantôt avec Gina Lollobrigida, tantôt avec Leslie Caron et Claudia Cardinale, jusqu'à ce que la libération des mœurs de la fin des années! 1960 ne rende le genre obsolète. C'estl l'époque où sa carrière commence à marquer le pas, tout comme le cinéma dont il est issu. Après l'expiration de son! contrat avec Universal, en 1967, il attendra ainsi plus d'un an avant de retrouver un rôle. Curieusement, alors que la télévision vient à point nommé le solliciter pour être, avec Susan St. James, le couple de détectives de la sé rie « McMillan and Wife », il ne se prête qu'avec réticence au tournage du pilote confiant à la presse qu'il n'ira pas au delà. Le succès inattendu de cet épisode introductif le convaincra pourtant de poursuivre. Pour son plus grand bonheur, puisqu'il touchera 50.000 dollars par épisode, et que la série connaîtra une longévité de six ans (1971-1977).
Entre-temps, Rock Hudson s'est émancipé de son répertoire traditionnel en osant pour la première fois, la scène, avec la comédie musicale « I do, I do » (1973). Il récidivera, avec moins d'éclat, dans « Camelot » (1977) et « On the tvven-tieth century » (1979), la critique le comparant à « Yogi l'ours se livrant à une imitation de Rock Hudson », quand elle n'évoque pas la consistance de la gelée pour parler de la vivacité de son jeu. Il ne sera pas plus avisé en jetant aux orties son auréole de « chic type », pour incarner un obsédé sexuel, à la demande de Roger Vadim, et un Dr Frankenstein amoureux de sa créature dans « Embryo ».
En novembre 1981, Rock Hudson |subit un quintuple pontage coronarien, interrompant, pour un an, le tournage de la série « The Devlin connection
Mais le pire est à venir. Alors qu'il est en voyage à Paris, durant l'été 1985, en quête de thérapies expérimentales contre le sida, dont il avait reçu la nouvelle de sa contamination un an plus tôt, il s'effondre dans sa chambre d'hôtel. Transporté d'urgence à Los Angeles, il y mourra dans la nuit du 2 octobre, après avoir courageusement mis au service de la lutte contre le fléau la double révélation de sa maladie et de son homosexualité.
RAOUL WALSH...LES GEANTS DU CIEL...FIGHTER SQUADRON...1948
WILLIAM CASTEL...UNE BALLE DANS LE DOS...UNDERTOW...1949
HUGO FREGONESE...L'IMPASSE MAUDITE...ONE WAY STREET...1949
CHARLES T BARTON...LE JOYEUX CORSAIRE...DOUBLE CROSSBONES...1950
FREDERICK DE CORDOVA...LE TOURNOI DE LA ROSE...PEGGY...1950
ANTHONY MANN...WINCHESTER 73...1950
CHARLES LAMONT...J'ETAIS UNE VOLEUSE...I WAS A SHOPLIFTER...1950
GEORGE SHERMAN...TOMAHAWK....1950
FREDERICK DE CORDOVA...L'AIGLE DU DESERT...THE DESERT HAWK...1950
JOSEPH PEVNEY...SHAKEDOWN...1950
JOSEPH PEVNEY...CADETS DE L'AIR...AIR CADET...1951
WILLIAM CASTEL...MR BRAD DETECTIVE...THE FAT MAN...1951
JOSEPH PEVNEY...POINGS D'ACIER...IRON MAN...1951
MARK ROBSON...LA NOUVELLE AURORE...BRIGHT VICTORY...1951
ANTHONY MANN...LES AFFAMEURS...BEND OF THE RIVER...1951
FREDERICK DE CORDOVA...HERE COME THE NELSONS...1952
SIDNEY SALKOW...UNE FILLE A BAGARRES...SCARLET ANGEL...1952
DOUGLAS SIRK...QUI DONC A VU MA BELLE...HAS ANYBODY SEEN MY GAL...1952
BUDD BOETTICHER...LE TRAITRE DU TEXAS...HORIZONS WEST...1952
RAOUL WALSH...VICTIME DU DESTIN...THE LAWLESS BREED...1952
BUDD BOETTICHER...L'EXPEDITION DE FORT KING...SEMINOLE...1953
NOTHAN JURAN...LA LEGENDE DE L'EPEE MAGIQUE...THE GOLDEN BLADE...1953
RAOUL WALSH...LE BELLE ESPIONNE...SEA DEVILS...1953
RAOUL WALSH...BATAILLE SANS MERCI...GUN FURY...1953
JOSEPH PEVNEY...LE JUSTICIER IMPITOYABLE...BACK TO GOD'S COUNTRY...1953
DOUGLAS SIRK...TAZA FILS DE COCHISE...TAZA SON OF COCHISE...1953
DOUGLAS SIRK...LE SECRET MAGNIFIQUE...MAGNIFICENT OBSESSION...1954
mettant en vedette Rock Hudson en playboy avec Jane Wyman qui vient de de perdre son mari et sa vue. Rock Hudson est un chirurgien qui va redonner la vision à Wyman et tombe amoureux d'elle . Avec Barbara Rush, Otto Kruger.
LASLO BENEDEK...LA REVOLTE DES CIPAYES...BENGAL BRIGADE...1954
DOUGLAS SIRK...CAPITAINE MYSTERE...CAPTAIN LIGHTFOOT...1954
JERRY HOPPER...SON SEUL AMOUR...ONE DESIRE...1955
DOUGLAS SIRK...TOUT CE QUE LE CIEL PERMET...ALL THAT HEAVEN ALLOWS...1955
JERRY HOPPER...NE DITES JAMAIS ADIEU...NEVER SAY GOODBYE...1955
JACK SHER...FOUR GIRLS IN TOWN...FOUR GIRLS IN TOWN...1955
GEORGE STEVENS...GEANTS...GIANTS...1955
drame tentaculaire basé sur le roman d'Edna Ferber sur deux générations dans une riche ranchavec Elizabeth Taylor et James Dean (dans son dernier film) Carroll Baker, Jane Withers, Sal Mineo, Dennis Hopper
DOUGLAS SIRK...ECRIT SUR DU VENT...WRITEN ON THE WIND...1956
mélodrame qui retrace la vieet les tragédies d'une famille de pétrole au Texas. Rock Hudson est le "fils adoptif" de Lauren Bacall, l'épouse de Robert Stack. Film avec Dorothy Malone .
DOUGLAS SIRK...LES AILES DE L'ESPERANCE...BATTLE HYMN...1956
RICHARD BROOKS...LE CARNAVAL DES DIEUX...SOMETHING OF VALUE...1957
DOUGLAS SIRK...LA RONDE DE L'AUBE...THE TARNISHED ANGELS...1957
CHARLES VIDOR...L'ADIEU AUX ARMES...A FAREWELL TO ARMS...1957
JOSEPH PEVNEY...CREPUSCULE SUR L'OCEAN...TWILIGHT FOR THE GODS...1958
HENRY KING...CETTE TERRE QUI EST MIENNE...THIS EARTH IS MINE...1958
MICHAEL GORDON...CONFIDENCES SUR L'OREILLER...PILLOW TALK...1959
comédie romantique avec Doris Day Tony Randall, Thelma Ritter et Nick Adams .
ROBERT ALDRICH...EL PERDIDO...THE LAST SUNSET...1961
ROBERT MULLIGAN...LE RENDEZ VOUS DE SEPTEMBRE...COME SEPTEMBER...1961
avec Doris Day , Tony Randall, Edie Adams, Jack Kruschen
DELBERT MANN...UN PYJAMA POUR DEUX...LOVER COME BACK...1961
ROBERT MULLIGAN...L'HOMME DE BORNEO...THE SPIRAL ROAD...1962
DELBERT MANN...LE TELEPHONE ROUGE...A GATHERING OF EAGLES...1963
HOWARD HAWKS...LE SPORT FAVORI DE L'HOMME...MAN'S FAVORITE SPORT...1963
Rock Hudson qui n'a jamais eu une canne et un moulinet en main se trouve avec une femme attrayante qui lui demande de participer à un tournoi de pêche majeur.Avec Paula Prentiss, John McGiver et Regis Toomey.
NORMAN JEWISON...NE M'ENVOYEZ PAS DES FLEURS...SEND ME NO FLOWERS...1964
à nouveau le couple Doris Day-Rock Hudson en hypocondriaque si sûr de sa mort imminente mais avec un nouvel amour. Tony Randall, Paul Lynde, Clint Walker .
MELVIN FRANK...ETRANGES COMPAGNONS DE LIT...STRANGE BEDFELLOWS...1964
MICHAEL GORDON...LE COUP DE L'OREILLER...A VERY SPECIAL FAVOR...1965
PHILIP DURNE...LES YEUX BANDES...BLINDFOLD...1965
JOHN FRANKENHEIMER...L'OPERATION DIABOLIQUE...SECONDS...1965
drame de science-fiction : un homme d' affaires d'âge moyen (John Randolph) rencontre une mystérieuse société qui lui offre une nouvelle vie dans un corps plus jeune (joué par Rock Hudson). Avec Will Geer, Salome Jens.
ARTHUR MILLER...TOBROUK COMMANDO POUR L'ENFER...TOBROUK...1966
JOHN STURGES...DESTINATION:ZEBRA STATION POLAIRE...ICE STATION ZEBRA...1968
FRANCESCO MASELLI...UN COUPLE PAS ORDINAIRE...RUBA AL PROSSIMO TUO...1968
ANDREW V MCLAGLEN...LES GEANTS DE L'OUEST...THE UNDEFEATED...1969
PHIL KARLSON...L'ASSAUT DES JEUNES LOUPS...HARNET'S NEST...1969
BLAKE EDWARDS...DARLING LILI...1970
ROGER VADIM...SI TU CROIS FILLETTE...PRETTY MAIDS ALL IN A ROW...1970
GEORGE SEATON...DUEL DANS LA POUSSIERE...SHOWDOWN...1973
RALPH NELSON...AMBRYO...1975
COREY ALLEN...AVALANCHE...1978
MICHAEL ANDERSON...CHRONIQUES MARTIENNES...THE MARTIAN CHRONICLES...1978
GUY HAMILTON...LE MIROIR SE BRISA...THE MIRROR CRACK'D...1980
J LEE THOMPSON...THE AMBASSADOR...1984
TV
MCMILLAN AND WIFE...1971/1977
DEVLIN CONNECTION...1982
DYNASTIE...1984/85
rock.hudson BIOGRAPHIE CINEREVES