ABEL GANCE est né à Paris le 25/10/1889.
Bien qu'attiré par les activités artistiques dès son plus jeune âge, il se conforma aux désirs de son père et commença à travailler à l'âge de dix-sept ans dans un cabinet d'avocat. Toutefois, au bout d'un an seulement il partit pour Bruxelles et devint acteur. Mais il revint à Paris en 1908, où il joua de petits rôles au théâtre et au cinéma, écrivit des scénarios pour améliorer sa situation et noua des amitiés dans les milieux artistiques d'avant-garde. Les personnages qu'il fréquentait n'étaient pas encore célèbres à l'époque; il y avait là des artistes comme les peintres Léger et Chagall, le poète Guillaume Apollinaire, l'écrivain Biaise Cendrars et le comédien Séverin-Mars. Par la suite Cendrars et Séverin-Mars devaient participer activement aux films de Gance. Et pourtant, à une certaine époque de la vie de celui-ci, le cinéma fut relégué au second plan, l'artiste étant occupé à écrire une pièce en vers intitulée « La victoire de Samothrace ».
Destiné au Théâtre Français, ce drame poétique fut rejeté. Un ami de Gance, le fameux comédien Edouard de Max, le soumit à l'attention de Sarah Bernhardt, qui en fut enthousiasmée. Mais à cause de la Première Guerre mondiale, il fallut reporter la représentation de la pièce. Après la guerre — que Gance ne fit pas, ayant été déclaré inapte au service armé en raison d'une tuberculose — le cinéma devint sa seule préoccupation.
Gance avait déjà à son actif, alors, quatre petits films réalisés en 1911-1912 pour une modeste compagnie qu'il avait fondée avec un groupe d'amis, lorsque la bonne occasion se présenta en 1914. Cette année-là, Louis Nalpas, à la tête du Film d'Art, lui accorda 5 000 francs afin que Gance réalisât un film pour cette société. Tourné en cinq jours, Un drame au château d'Acre plut à Nalpas, qui promit d'aider à nouveau le jeune réalisateur. Celui-ci tourna alors La Folie du
docteur Tube (1915), considéré ensuite comme le premier film purement expérimental. Gance et Léonce-Henri Burel, l'opérateur qui travaillait pour lui à l'époque du muet, se servirent de miroirs déformants pour obtenir des effets spéciaux. Déconcerté, Nalpas refusa de distribuer le film, estimant qu'abstraction faite de son thème, il s'agissait d'une œuvre ne s'accordant pas à l'atmosphère d'un pays en guerre.
Découragé, Gance attendit le moment propice et regagna la confiance de son producteur en réalisant des mélodrames conventionnels. On lui offrit en 1917 la possibilité de réaliser ses premiers grands films Le Droit à la vie, La Zone de la mort et surtout Mater dolorosa.
Il commence par jouer la comédie et à écrire des vers, joue Molière dans un film
et écrit des scénarios.Ensuite il se tourne vers la réalisation surtout vers les "grands sujets"
Ce sont des films muets avec de grands acteurs : Harry Baur,Léon Mathot...
La gloire lui vient avec le film "J'accuse" en 1918 sur les horreurs de la guerre .
Pour la première fois, les deux grandes tendances de la personnalité de l'artiste se mêlèrent dans J'accuse : d'un côté le réalisateur qui crée des scènes de masse spectaculaires, avec des gros plans et des effets d'images simultanées qui annoncent déjà Napoléon; de l'autre l'écrivain visionnaire, capable d'écrire en collaboration avec Biaise Cendrars — mutilé de guerre et témoin direct de l'horreur des combats — un scénario incisif et dense.
« J'ai accusé la guerre, les hommes, la stupidité universelle », dira-t-il plus tard.
Tournage du film La Roue avec des moments très pénibles. Profondément amoureux d'Ida Danis, la secrétaire du Film d'Art, Gance eut le malheur de la voir tomber souffrante pendant la préparation du film. Et le jour même où fut achevée la dernière scène, Ida mourut. En outre, Gance n'ignorait rien des troubles cardiaques dont souffrait le comédien Séverin-Mars et il savait que son ami était condamné. De fait, l'acteur mourut peu après la fin du tournage du film.
Puis vinrent les années consacrées au tournage de Napoléon. Mais l'avènement du parlant détourna l'intérêt de ceux qui avaient suivi les films de Gance et ses innovations techniques sur les séquences simultanées.
Le 7 avril 1927 est une date historique pour le cinéma français celle de la présentation à l'Opéra du Napoléon d'Abel Gance, peut-être le plus grand film tourné dans notre pays. Après la réalisation de ce chef-d'œuvre incontestable, le nom de Gance est à son zénith.
Il ignore encore que l'avenir lui réserve beaucoup plus d'avanies et de déceptions que de satisfactions et de réussites. Dorénavant, son œuvre se composera beaucoup plus de films de circonstance et de projets inaboutis que de nouveaux chefs-d'œuvre. L'arrivée du parlant constitue pour le cinéaste de La Roue un coup très dur, dont il ne se remettra jamais tout à fait.
La même année que son livre « Prisme », Gance présente un nouveau film, le premier depuis Napoléon tourné en 1926, et qui aurait dû être un nouveau triomphe. C'est" La Fin du monde," auquel il pensait depuis longtemps. Mais, hélas ce fut un échec .
Après l'échec coûteux de ce film ambitieux, Abel Gance va traverser de longues années de purgatoire, dont il aura bien du mal à se remettre. En 1932, il réalise» une nouvelle version de Mater dolorosa, son succès de 1917. Line Noro et ses camarades ne font pas oublier Emmy Lynn, Firmin Gémier et Gaston Modot dans l'ancien film, et la parole n'ajoute rien à un sujet dont elle souligne cruellement les excès mélodramatiques.
Nouvel échec en 1933 avec Le Maître de forges, le vieux succès, toujours populaire, de Georges Ohnet, filmé à de nombreuses reprises. Gance écrit le scénario et se contente d'assurer la supervision d'une réalisation confiée au très médiocre Fernand Rivers. Idem pour La Dame aux camélias (1934)avec de jolies mélodies de Reynaldo Hahn et le couple Printemps-Fresnay .Puis Gance avait signé Poliche (1934), adapté par Henri Decoin d'une pièce connue d'Henry Bataille.
On le retrouve en 1935 avec Napoléon Bonaparte justement, version sonorisée du chef-d'œuvre d'antan, « enrichie » dequelques scènes nouvelles et dans un montage modifié.
Les autres films de l'année 1935 sont aussi plus ou moins attristants. Le pire : Le Roman d'un jeune homme pauvre, adapté d'un roman d'Octave Feuillet.
Lucrèce Borgia (1935) avec une belle réputation de scandale et l'anatomie généreusement dévoilée d'Edwige Feuillère dans un rôle qui contribua beaucoup à sa gloire de future « grande dame » du cinéma.
C'est en 1936 qu'on retrouve le véritable Abel Gance, avec un film admirable cette fois, un de ses trois ou quatre plus authentiques chefs-d'œuvre, son plus grand film parlant en tout cas : Un grand amour de Beethoven. Gance retrouve toute son inspiration et se laisse emporter par un sujet selon son cœur.
Après cela, Le Voleur de femmes (1937) d'après un roman de Pierre Frondaie. C'est la période où Gance commence à penser à son film sur le Christ, La Divine Tragédie, qui l'occupera dix ans avant qu'il y renonce définitivement ; celle où il espère tourner un scénario écrit pour lui par son ami Céline devenu célèbre entre-temps, Secrets dans l'île, drame sauvage situé à Ouessant ; le temps des grands projets non aboutis qui commence, jusqu'à ce gigantesque Christophe Colomb auquel il aura travaillé en vain quarante ans, et qui occupera toute sa vieillesse indomptable, sans jamais intéresser personne, ni producteurs ni officiels...
En 1937, sensible à l'approche de la guerre, il refait J'accuse, sur un scénario assez différent de la version de 1918. Le film fait l'unanimité contre lui .
Critiques et historiens se sont également montrés sévères pour Louise (1939), adapté de l'opéra-comique de Gustave Charpentier, « romance style cousette 1900 » (J. Mitry), et chanté par Grâce Moore.
Paradis perdu (1939), qui clôt la période, est digne des meilleures réussites d'Abel Gance.
Le 11 novembre 1940 il donne le premier tour de manivelle de Vénus aveugle, film écrit par lui et qui, dans son esprit, doit être une allégorie de la France souffrante et régénérée. Il dédie « humblement » son œuvre à « Monsieur le Maréchal, en qui la France s'est incarnée ». Capitaine Fracasse (1942) va suivre, où l'invention du « pictographe », système de maquettes dessinées combinées avec les décors construits donne des résultats plus probants.
Ce n'est qu'en 1960 que Gance, grâce à André Malraux, pourra réaliser Austerlitz, en collaboration avec le metteur en scène, Roger Richebé. .
Beaucoup plus réussi apparaît Cyrano et d'Artagnan (1963), qui clôture la carrière de cinéaste de Gance ; malheureusement, ce film plein de jeunesse et de fougue d'un cinéaste de soixante-quatorze ans, sortira gravement mutilé par ses distributeurs.
En 1966, la télévision offre à Gance l'occasion de réaliser la Marie Tudor de Hugo, qui est une belle réussite dans son genre.
Abel Gance est décédé le 10/11/1981.
LA DIGUE 1911
LE NEGRE BLANC 1912
IL Y A DES PIEDS AU PLAFOND 1912
LE MASQUE D'HORREUR 1912
UN DRAME AU CHÂTEAU D'ACRE 1914
LES MORTS REVIENNENT -ILS 1914
LA FOLIE DU DOCTEUR TUBE 1916
LA FLEUR DES RUINES 1916
L'ENIGME DES DIX HEURES 1916
L'HEROISME DE PADDY 1916
LE FOU DE LA FALAISE 1916
CE QUE LES FLOTS RACONTENT 1916
LE PERISCOPE 1916
FIORITURES 1916
BARBEROUSSE 1916
LES GAZ MORTELS 1916
STRASS ET CIE 1916
LE DROIT A LA VIE 1917
LA ZONE DE LA MORT 1917
MATER DOLOROSA 1917
LA DIXIEME SYNMPHONIE 1918
J'ACCUSE 1918
LA ROUE 1923
AU SECOURS 1923
NAPOLEON 1927
LA FIN DU MONDE 1930
MATER DOLOROSA 1932
LE MAITRE DES FORGES 1933
POLICHE 1934
LA DAME AUX CAMELIAS 1934
NAPOLEON BONAPARTE 1934
LE ROMAN D'UN JEUNE HOMME 1935
LUCRECE BORGIA 1935
UN GRAND AMOUR DE BEETHOVEN 1936
JEROME PERREAU HEROS DES BARRICADES 1936
LE VOLEUR DE FEMMES 1936
J'ACCUSE 1938
LOUISE 1938
LE PARADIS PERDU 1939
LA VENUS AVEUGLE 1941
LE CAPITAINE FRACASSE 1942
LA TOUR DE NESLE 1954
AUSTERLITZ 1960
CYRANO ET D'ARTAGNAN 1963
DE BONAPARTE AUX CENT JOURS 1971