ROMY SCHNEIDER était née Rosemarie AlbachRetty, le 23 septembre 1938, au sein d’une illustre famille de la scène viennoise. Sa mère, Magda Schneider, avait connu son plus grandsuccès, à l’écran, dans le « Liebelei » de Max Ophuls, en 1932, tandis que son
père, Wolf Albach-Retty, lui-même fils d’une actrice du Burgtheater, fut l’un des jeunes premiers en vogue des années trente.
C’est de la désertion de celui-ci, alors qu’elle n’avait que 7 ans, que datait sa conviction qu’elle était née pour le malheur. Mais Romy sera néanmoins une adolescente rieuse, que sa fraîcheur espiègle rendra bientôt immensément populaire à travers une série de comédies puisant dans le folklore autrichien.
Lorsqu’en 1953, Magda Schneider est appelée à tourner la comédie viennoise « Lilas blancs », elle songe naturellement à Romy pour tenir le rôle de sa fille. Un joli succès d’estime pour l’adolescente, qui enchaîne avec le délicieux « Feu d’artifice ». Cornaquée par Magda, dont elle est souvent la partenaire à l’époque, elle est la révélation de l’année 1954 avec « Les jeunes années d’une reine ». Dans une Europe encore convalescente, le film fait rêver un public avide de romance et d’idylles princières et annonce la faveur prochaine que connaîtra la série des « Sissi ». Personnage phare de l’imaginaire populaire, l’impératrice rebelle et ses frictions avec la cour de Vienne vont, de fait, provoquer le délire en Autriche, pour très vite et allègrement franchir les frontières. La comédienne aura beau, par la suite, témoigner de son agacement à s’entendre constamment rappeler le personnage, il demeurera indéfectiblement solidaire de sa légende, en mémoire d’une époque, les années 1950, où tout était plus gentil plus policé, plus gai. Elle tournera des films de même style: les Katia,, Christine et autres Mademoiselle Ange. "Christine" marque sa première tentative pour s'émanciper de la tutelle de sa mère et d’un cinéma trop sage. Car pour le film de Pierre Gaspard-Huit
elle va tourner à Paris et rencontrer Alain Delon. Un double séisme, dans la mesure où elle va s’éprendre de son partenaire et découvrir un mode de vie moins coincé qu’à Vienne.
A la charnière des années 1960, la carrière d’Alain Delon est en plein essor,tandis que la sienne marque le pas.
C’ est Visconti qui va la relancer, en la mettant en scène, avec Delon, dans « Dommage qu’elle soit une putain »(196l).
En premier lieu réticente, du fait de son accent et de son inexpérience théâtrale, elle accepte. Et gagne.
Désormais, son parcours ne sera qu' une suite de défis. « Boccace 70 », où elle se dévêt pour la première fois à l’écran. « Le procès », où elle fait une fixation sexuelle sur les repris de justice.
Mais si la comédienne explore et mûrit, le public des années « Sissi » la boude.
Sa brève parenthèse américaine, qui lui permettra de se positionner sur le marché international, y remédiera. Mais le drame couve. En décembre 1963, à son retour à Paris, elle découvre, dans un appartement vide, un bouquet de roses. Le cadeau de rupture d’Alain Delon. En un instant va se consumer ce qui lui restait de candeur et d’enfance. Une parenthèse sombre commence alors, qui ne se terminera que par sa rencontre, en avril 1965, avec le metteur en scène berlinois Harry Meyen, dont elle admire l’assurance et la culture. Un fils, David (1966),naîtra de leur union, un an plus tard.
Elle se laisse glisser depuis près de deux ans dans le cocon douillet de la vie domestique, lorsqu’un coup de téléphone d’Alain Delon va la ramener, pour longtemps, sur le devant de la scène cinématographique. Le tournage de " La piscine " accompagnera en effet d’un énorme battage médiatique, et il en est plus d’un qui fantasmera alors sur la résurrection de leur couple. Mais Romy, débarrassée de la gangue de Sissi, dans la splendeur et la sensualité de ses 30 ans, frémit à peine de ces retrouvailles. Elle a tourné la page, en dépit d’une ombre de dureté qui, sporadiquement voile son beau regard. De cette femme épanouie et gaie, mais néanmoins lucide, Claude Sautet saura exprimer toute la complexité, la maturité et la fragilité, au travers d’une série de portraits, dont l’Hélène des « Choses de la vie » sera l’amorce.
En Romy, pourtant~ ombre et lumière se partagent en alternance le ciel. Et, comme elle ne sait pas plus tricher que feindre, ses rôles ne sont souvent que le miroir tendu de son âme. Déjà la Lily de « Max et les ferrailleurs » n'a plus la pureté sans défaut d’Hélène. Et l’Hélène de « Mado » n'est que le double meurtri et cassé de la Rosalie pour laquelle s’affrontaient Yves Montand et Sarni Frey. Bien plus étroite encore est la marge entre la femme et la comédienne dans « L’important, c’est d’aimer », mise à nu et soumission de l'actrice à la tyrannie de son rôle et de son réalisateur, où la souffrance nous apparaît non plus jouée mais vécue. Il est troublant que ce moment extrême dans la carrière deRomy Schneider corresponde au délitement de sa vie conjugale et au divorce d’avec Harry Meyen, de meuré en marge de la résurrection cinématographique de sa femme et empêtré, à Berlin, dans ses propres difficultés professionnelles.
A ce désenchantement et à cette lassitude répondent les fulgurances de lumière des années Biasini, entre
1975 et 1981, illustrées par l’optimisme rayonnant d’un film comme « Une histoire simple» ou la tonicité de la passion amoureuse qui émane d’« Une femme à sa fenêtre ». De ce dernier film, ne disait-elle pas: Ce qui m’a plu, c’est que cette femme riche abandonne tout pour vivre sa passion jusqu’au bout »
Surviennent pourtant deux tragédies qui vont affecter et ses choix professionnels et, plus directement, sa santé. Le 15 avril 1979, Harrv Meven est retrouvé pendu, dans son appartement de Hambourg, une série de photos de Romy éparpillées à ses pieds. Deux ans plus tard, le 5 juillet 1981, son fils meurt empalé sur le portail de la maison de ses beaux-parents.
« Fantasme d’amour » comme « La passante du Sans-Souci » en porteront l’empreinte douloureuse. Dans le film de Jacques Roufflo, le parallèle est tel entre sa relation avec Wendelin Werner, qui incarne son fils adoptif, et sa propre histoire, que ses crises de larmes imposent de multiples répétitions de la scène.
Le 29 mai 1982, usée par le chagrin et consumée par ses rôles, Romy Schneider mourait d’une faiblesse cardiaque.
Entre la jeune fille aux fossettes espiègles des premiers films autrichiens et la quadragénaire tourmentée de « Clair de femme », rien qu’une vie où les déceptions auront laissé leurs stigmates un peu plus profondément qu’en une autre.
ERNST MARISCHKA... MAM'ZELLE CRI CRI ...DIE DEUTSCHMEISTER 1955
ERNST MARISCHKA ... SISSI 1955
HARALD BRAUN... MON PREMIER AMOUR... DER LETZTE MANN 1955
ERNST MARISCHKA ...SISSI IMPERATRICE SISSI,... DIE JUNGE KAISERIN 1956
JOSEF VON BAKY ...UN PETIT COIN DE PARADIS ...ROBINSON SOLL NICHT STERBEN 1957
HELMUT KAUTNER ...MONPTI 1957
ERNST MARISCHKA... SISSI FACE A SON DESTIN ...SISSI SCHICKSALSAJAHRE EINER KAISERIN 1957
ALFRED WEIDENMANN... MADEMOISELLE SCAMPOLO ...SCAMPOLO 1958
GEZA VON RADVANYI... JEUNES FILLES EN UNIFORME... MADCHEN IN UNIFORM 1958
PIERRE GASPARD HUIT ... CHRISTINE 1958
ROLF THIELE ...EVA DIE HALBZARTE 1958
GEZA VON RADVANYI ...MADEMOISELLE ANGE... EIN ENGEL AUF ERDEN 1959
ABEL VON AMBESSER... LA BELLE ET L'EMPEREUR... DIE SCHONE LUGNERIN 1959
ROBERT SIODMAK ... KATIA 1959
RENE CLEMENT ... PLEIN SOLEIL 1959
FRITZ KORTNER ... DIE SENDUNG DER LUSISTRATA 1960
LUCHINO VISCONTI ...BOCCACE 70 1961
ALAIN CAVALIER ...LE COMBAT DANS L'ILE 1961
ORSON WELLES ...LE PROCES 1962
GUY GILLES... L'AMOUR A LA MER 1962
CARL FOREMAN ...LES VAINQUEURS ...THE VICTORS 1963
OTTO PREMINGER ...LE CARDINAL 1963
DAVID SWIFT ...PRETE MOI TON MARI... GOOD NEIGHBOR SAM 1964
CLIVE DONNER ...QUOI DE NEUF PUSSYCAT? ...WHAT 'S NEW PUSSYCAT ? 1965
JULES DASSIN ... 10H30 DU SOIR EN ETE... 10,30 PM SUMMER 1966
JEAN CHAPOT... LA VOLEUSE 1966
DICK CLEMENT ...OTLEY 1968
JACQUES DERAY ... LA PISCINE 1968
JOHN NEWLAND ...MY LOVER MY SON 1969
RICHARD HARRIS... BLOOMFIELD 1970
LEONARD KEIGEL ...QUI 1970
ALBERTO BEVILACQUA... LE CALIFFA 1970
CLAUDE SAUTET ...MAX ET LES FERRAILLEURS 1970
JOSEPH LOSEY ...L'ASSASSINAT DE TROTSKY 1971
CLAUDE SAUTET ...CESAR ET ROSALIE 1972
PIERRE GRANIER DEFERRE... LE TRAIN 1973
JEAN CLAUDE BRIALY ...UN AMOUR DE PLUIE 1973
MICHEL DEVILLE ...LE MOUTON ENRAGE 1973
FRANCIS GIROD... LE TRIO INFERNAL 1973
ANDRZEJ ZULAWSKI... L'IMPORTANT C'EST D'AIMER 1974
CLAUDE CHABROL ...LES INNOCENTS AUX MAINS SALES 1975
ROBERT ENRICO ...LE VIEUX FUSIL 1975
...MADO 1976
PIERRE GRANIER DEFERRE ...UNE FEMME A SA FENETRE 1976
ALEKSANDAR PETROVIC ...PORTRAIT DE GROUPE AVEC DAME ...GRUPPENBILD MIT DAME 1977
...UNE HISTOIRE SIMPLE 1978
TERENCE YOUNG ...LIES PAR LE SANG... BLOODLINE 1979
COSTA GAVRAS... CLAIR DE FEMME 1979
BERTRAND TAVERNIER...LA MORT EN DIRECT 1979
CLAUDE MILLER...GARDE A VUE...1981
JACQUES ROUFFIO...LA PASSANTE DU SANS SOUCI...1981