Silhouette longiligne de haut avec un visage buriné et un style étonnamment ouvert et franc , JOHN FRANKENHEIMER était de la génération des Sidney Lumet et des Martin Ritt. issue de la télévision, où s'étaienttaillé une avantageuse réputation avant d'accéder chacun séparément, au cinéma et au long métrage. Individualiste cultivé et sensible, John Frankenheimer se positionnera très tôt en observateur attentif de la réalité américaine, avecune affection particulière pour l'homme broyé par le système et aliéné par une société coupée de ses racines, comme dans « Les cavaliers » et « L'opération diabolique ».
Toutefois, c'est dans le thriller psychologique (« Le suspense est mon royaume. ») qu'il devait le plus brillamment s'illustrer, par le biais de films emblématiques tels qu'« Un crime dans la tête » et « 7 jours en mai »— qui bénéficieront du contexte volatile de la guerre froide —,et de sa fidélité à un même acteur, le magnétique Burt Lancaster. Commencée sur les chapeaux de roues et riche en promesses, la carrière de John Frankenheimer devait pourtant marquer le pas dès la fin des années 1960. Un déclin auquel l'assassinat de Robert Kennedy, dont il était l'ami intime, et des divergences de vues avec les producteurs ne sont pas étrangers.
Quatre ans d'un exil volontaire en France, une dépression et la dépendance à l'alcool achèveront de plomber son crédit. Et, malgré un regain de faveur à la fin des années 1980, le cinéaste prodige qu'il avait été vingt ans plus tôt ne devait plus jamais retrouver son lustre d'antan. Hollywood,il est vrai, avait entre-temps sacrifié ce qui survivait d'un cinéma de réflexion au profit du pur divertissement.
Sa haute taille — 1,90 m — et le gabarit de bûcheron cachaient une nature intuitive, introvertie, dont le regard et le sourire retenu trahissaient l'amertume de l'intellectuel bridé dans ses ambitions par l'affairisme de son milieu professionnel.
Adolescent, son père le trouvant si anormalement renfermé, il avait été examiné par un psychiatre, qui avait déduit de sa personnalité un riche potentiel créatif mais de piètres dispositions pour les relations sociales.
Né à New York le 19/02/1930, John Frankenheimer était le fils d'un agent de change, qui avait inscrit son rejeton dans une école militaire, dès ses 13 ans, pour le défaire de sa timiditée. Au La Salle Military Collège d'abord, au Williams Collège de Williamstown ensuite, où il s'initiera au théâtre pour briser sa tendance naturelle à l'isolement.
Au terme de ses études, il sert pendant deux ans dans la force aérienne, où il est affecté à une unité de cinéma de Burbank, en Californie.
C'est dans cet environnement qu'il fera ses premiers essais de cameraman et de réalisateur.
Démobilisé en 1953, il regagne New York, où, l'année suivante, il entre à la CBS comme assistant-réalisateur. A l'école du direct — le seul mode de tournage usité à l'époque —, il peaufine rapidement son métier et devient, avec Sidney Lumet,
Arthur Penn et Martin Ritt, l'une des figures de l'âge d'or de la télévision. Entre 1954 et 1960, il réalisera pas moins de 152 dramatiques.
A 26 ans, il passe à la vitesse supérieure et à son premier long métrage de cinéma, adapté de son propre téléfilm « Deal a blow ». Mais, trop habitué à la souplesse du direct, il s'y ennuie et retourne sans regret au lavage de cerveau d'un vétéran de Corée programmé pour tuer le candidat modéré à la présidence des Etats-Unis — va connaître un destin particulier, voire mythique.
Tourné en 1961 et commercialisé aux Etats-Unis quelques mois avant l'assassinat de John Kennedy à Dallas, il disparaîtra de l'affiche pendant vingt-cinq ans, nourrissant la légende, au point que sa rediffusion, en 1988, allait imprimer un second souffle à la carrière du réalisateur.
Si ses films s'inspirent de ses réflexions sociales et politiques, ils se signalent aussi par leur univers d'hommes, où femme et romance n'ont d'autre utilité que celle de catalyseur. A l'instar de « Grand Prix », où il sacrifie à sa passion pour la course automobile,et du « Pays de la violence », où il regrettera toujours de s'être laissé imposer Gregory Peck par la Columbia, alors qu'il avait promis le rôle à Gene Hackman.
1968 et la mort violente de Robert Kennedy vont marquer une rupture dans sa vie et dans sa carrière.
Alors qu'il venait de le conduire en voiture au lieu de son destin et l'attendait à l'extérieur de l'hôtel de Los Angeles, avec l'intention de le ramener, le sénateur est assassiné en plein meeting électoral. Choqué, Frankenheimer sombrera dans une profonde dépression et entraînera sa femme dans un exil volontaire de quatre années en France.
De cet éloignement, sa réputation comme la viabilité commerciale de ses films souffriront.
C'est au point qu'il financera « L'impossible objet » avec sa propre carte de crédit, après la banqueroute du producteur européen.
A la fin des années 1970, si « French Connection 2 » et « Black Sunday » attestent encore du savoir-faire du cinéaste, son glissement dans l'alcoolisme (« J'étais proche de la cirrhose du foie. ») va affecter ses choix et ses directives, l'amener à commettre quelques bavures comme « Prophecy » et « A armes égales », et lui coûter son couple. Mais il saura se ressaisir avec un brillant « Paiement cash », adapté d'un roman d'Elmore Léonard (« Sans les grands écrivains, je serais dans la m... »), sans jamais pourtant redevenir la référence qu'il avait été autrefois.
Un échec que l'on peut imputer à une perte d'audace et d'inventivité, qui l'amènera à des produits standards et sans génie, mais aussi à cet individualisme, proche de la réclusion, qui lui avait aliéné beaucoup de personnages influents dans le milieu et acquis une réputation d'« élitiste ». La pire des disgrâces dans un cinéma qui n'a que faire des états d'âme.
Décédé le 6 juillet 2002 à Los Angeles, John Frankenheimer n'avait pourtant pas brûlé toutes ses cartouches, comme l'attestent la maîtrise et la flamboyance retrouvées de ses derniers films pour le câble. « Andersonville », mais aussi « Les révoltés d'Attica », qui fut récompensé d'un Emmy, les Oscars de la télévision.
Peu avant sa mort, le cinéaste avait signé pour un quatrième épisode de « L'exorciste »
Frankenheimer a remporté quatre Emmy Awards consécutifs du meilleur réalisateur pour les films de télévision
'' Against the Wall '', '' The Burning Season , '''' Andersonville , '' et '' George Wallace. ''
Le réalisateur Frank Pierson , président de l'Academy of Motion Pictures Arts and Sciences et un ami de longue date de Frankenheimer , a déclaré:
'' John a révolutionné la manière de tout le monde de regarder des films . Il avait un tel style visuel très chargé , si plein d'énergie .
Il aimait le cinéma. Il lui a donné une grande source d'énergie et de passion."
MON PERE CET ETRANGER ...THE YOUNG STRANGER 1956 LE TEMPS DU CHATIMENT...THE YOUNG SAVAGES 1961 L'ANGE DE LA VIOLENCE...ALL FALL DOWN 1962
LE PRISONNIER D'ALCATRAZ...BIRDMAN OF ALCATRAZ 1962
UN CRIME DANS LA TETE..THE MANCHURIAN CANDIDATE 1962
LE TRAIN...THE TRAIN 1963
7 JOURS EN MAI...7 DAYS IN MAY 1964
L'OPERATION DIABOLIQUE...SECONDS 1966
GRAND PRIX 1966
THE EXTRAORDINARY...SEAMAN 1967
L'HOMME DE KIEV...THE FIXER 1968
LES PARACHUTISTES ARRIVENT ...THE GYPSY MOTHS 1969
LE PAYS DE LA VIOLENCE... I WALK THE LINE 1970
LES CAVALIERS ...THE HORSEMEN 1971
L'IMPOSSIBLE OBJET ...THE IMPOSSIBLE OBJECT 1972
THE ICEMAN COMETH 1973
REFROIDI A 99% ...99% AND 44/100% DEAD 1974
FRENCH CONNECTION 2 1975
BLACK SUNDAY 1976
PROPHECY 1979
A ARMES EGALES ...THE CHALLENGE 1981
THE HOLCROFT COVENANT 1985
PAIEMENT CASH ...52 PICK UP 1986
DEAD-BANG 1989
THE FOURTH WAR 1990
L'ANNEE DE PLOMB ...YEAR OF THE GUN 1991
L'ILE DU DOCTEUR MOREAU ...THE ISLAND OD FR MOREAU 1995
RONIN 1997
PIEGE FATAL REINDEER GAMES 1999
AMBUSH 2001
d'après télécinérevue