Deborah Kerr a une réputation de distinction et de respectabilité que certains de ses rôles justifient, mais non tous. En fait, son personnage cinématographique est beaucoup plus complexe et plus fascinant que cela, et c'est pourquoi elle a tenu la vedette pendant plus de trois décennies. Certes, elle représente toujours une femme douce et bien élevée, mais, dans la plupart de ses interprétations les plus fameuses, on découvre aussi des allusions très marquées à une forte sexualité refoulée. Dans "Tant qu'il y aura des homme"s, elle incarne une femme mariée nymphomane qui a une liaison avec Burt Lancaster, qu'elle retrouvera du reste dans un autre film moins connu, The Gypsy Moths (Les parachutistes arrivent) ; dans"Dieu seul le sait", elle représente une religieuse qui échoue sur une île déserte avec un Robert Mitchum plus qu'engageant; dans "Thé et sympathie", elle séduit un très jeune homme, élève de son mari; dans "Bonjour tristesse", elle est la maîtresse de David Niven ; dans" Prudence et la pilule", elle est, cette fois, mariée avec le même Niven, mais le trompe avec un tiers; dans la" Bien-Aimée infidèle", elle est la maîtresse de Scott Fitzgerald (interprété par Gregory Peck. Et, même, dans "Tables séparées" elle se révolte contre les conventions et contre une mère sévère (Gladys Cooper) pour aller consoler le vieux beau, David Niven (encore et toujours lui). Ce soupçon de sensualité ne fait que conférer plus de piquant à d'autres rôles de Deborah Kerr : ceux de gouvernante autoritaire (dans le Roi et moi, dans les Innocents) et ceux de grande dame (Edouard, mon fils et les Horizons sans frontières). Il va de soi que, dans plusieurs très grands films, elle se révèle une grande actrice et non pas seulement une belle image ou un objet de désir : "Les Mines du roi Salomon", "Quo Vadis?" et le "Prisonnier de Zenda" . Mais cela ne nous fait pas oublier que, dans "La Fin d'une liaison", elle joue encore une fois une femme mariée insatisfaite qui a une liaison avec l'écrivain interprété par Van Johnson ; et que, dans "Un magnifique salaud" (The Proud and the Profane), elle se laisse séduire par William Holden tout en prétendant qu'elle est une veuve catholique profondément attachée au souvenir de son mari.
Après avoir débuté sous l'égide de Michael Powell et d'Emeric Pressburger, Deborah Kerr est recrutée par Hollywood.
A ses débuts en Californie, Deborah Kerr collectionne les rôles de femmes respectables, à l'instar de ses compatriotes Jean Simmons ou Greer Garson - les producteurs hollywoodiens aimaient à rehausser cet emploi d'une pointe d'accent britannique. Elle tient des rôles aussi bien dans des comédies de mœurs (Marchands d'illusion, de Jack Conway, aux côtés de Clark Gable, en 1947) que dans des péplums (Quo Vadis, de Mervyn LeRoy en 1951). Dès 1949, elle est nommée pour la première à l'Oscar de la meilleure actrice, pour Edward, mon fils,de George Cukor. Elle le sera à nouveau pour Tant qu'il y aura des hommes, Le Roi et Moi, Dieu seul le sait,de John Huston, avec Robert Mitchum en 1957, Tables séparées, de Delbert Mann, avec David Niven, et Horizons sans frontières, de Fred Zinnemann en 1960.
Deux autres personnages lui restent associés : Anna Leonowens, la gouvernante du roi de Siam dans la comédie musicale de Rodgers et Hammerstein, Le Roi et Moi, adaptée au cinéma par Walter Lang, et Terry McKay,la femme qui accepte un rendez-vous de Cary Grant sur le toit de l'Empire State Building, dans Elle et lui, de Leo McCarey.
Après s'être retirée du cinéma, Deborah Kerr avait joué au théâtre, entre autres dans Le Long Voyage vers la nuit, d'Eugene O'Neill. Elle avait épousé en secondes noces le romancier Peter Viertel, un proche de John Huston, auteur de Chasseur blanc, coeur noir.
Sa fin de vie sera marquée par la maladie de Parkinson.
MICHAEL POWELL ...ESPIONNE A BORD CONTRABAND 1940
GABRIEL PASCAL ... MAJOR BARBARA 1941
LANCE COMFORT ...LE CHAPELIER ET SON CHAPEAU ...HATTER'S CASTLE 1942
LANCE COMFORT ... PENN OF PENNSYLVIANA 1942
JACK CONWAY ...MARCHANDS D'ILLUSION ...THE HUCKSTERS 1947
MICHAEL POWELL ...LE NARCISSE NOIR... BLACK NARCISSUS 1947
NORMAN TAUROG ... PLEASE BELIEVE ME 1950
MERVYN LEROY .... QUO VADIS 1951
RICHARD THORPE ...LE PRISONNIER DE ZENDA... THE PRISONER OF ZENDA 1952
JOSEPH L MANKIEWITZ... JULES CESAR... JULIUS CAESAR 1953
GEORGE SIDNEY.... LA REINE VIERGE... YOUNG BESS 1953

EDWARD DYMTRYCK ...VIVRE UN GRAND AMOUR ...THE END OF THE AFFAIR 1955
VINCENTE MINNELLI ...THE ET SYMPATHIE ...TEA AND SYMPATHY 1956
WALTER LANG ...LE ROI ET MOI... THE KING AND I 1956
ANATOLE LITVAK ...LE VOYAGE... THE JOURNEY 1959
HENRY KING... UN MATIN COMME LES AUTRES... BELOVED INFIDEL 1959
MICHAEL ANDERSON ...LA LAME NUE ...THE NAKED EDGE 1961
RONALD NEAME ... THE CHALK GARDEN 1964
JACK DONOHUE ... LES INSEPARABLES MARIAGE ON THE ROCKS 1965