JEU DE MASSACRE
France. 1967.
REALISATEUR: Alain Jessua. AUTEUR : A. Jessua.
Avec : Jean-Pierre Cassel, Claudine Auger, , Eleonore Hilt, Anna Gaylor.
Pierre et Jacqueline gagnent assez mal leur vie en réalisant des bandes dessinées. Un curieux personnage entre dans leur existence : Bob, ancien « baroudeur » aventurier qui prétend avoir vécu les faits inventés par Pierre ; d'abord amusés, puis lassés, Pierre et Jacqueline acceptent, parce qu'ils sont sans le sou, l'invitation de Bob. En Suisse, dans la belle propriété de Madame Neuman, mère de Bob, Us découvrent peu à peu que Bob, enfant gâté et mythomane, s'ennuie et se distrait en essayant de vivre des aventures de bandes dessinées. Le travail de Pierre et de Jacqueline le passionne. Alors Madame Neuman les embauche, Bob se contentera, grâce à eux, d'être par procuration « Michel De », superman, tueur de Neuchâtel, héros inventé par lui... Mais Jacqueline, séduite par l'ingénuité de Bob et par l'univers qu'elle contribue pourtant à créer se laisse enlever par Bob qui pour une fois, malgré l'argent et les relations de sa mère n'échappera pas à la prison.
Le film se déroule sur deux plans, le réel et l'imaginaire : le monde des clichés de la bande dessinée, d'une certaine presse, de la publicité. Les deux univers viennent s'imbriquer, se compléter, jouer l'un sur l'autre, avec une parfaite maîtrise.
Bob, comme le héros de La vie à l'envers est « aliéné », mais lui réagit en essayant d'agir selon des clichés et des stéréotypes. Pierre qui vit de ce monde imaginaire, se refuse au rêve, cherche seulement à exister en utilisant les menus bonheurs que procure l'argent. Pourtant, alibi ou vérité, il lui semble que ce n'est qu'une étape dans sa vie...
Jacqueline, d'abord amusée par le jeu, s'y laisse entraîner, sans doute parce que le réalisme de Pierre, son amour, laisse insatisfait un aspect romantique de son être qu'elle ignorait, absorbée par le travail et les travaux quotidiens. Les loisirs, la vie facile le lui ont révélé.
En fait, à travers cette histoire bien montée, vivante, amusante, Alain Jessua ne met pas en accusation la bande dessinée en tant que telle, Il pose le problème de l'ennui, de l'« à quoi bon vivre », qui a détruit Bob, parce qu'il est oisif, riche, gâté.