John Cassavetes, certainement l'un des cinéastes les plus controversés et les plus paradoxaux du cinéma indépendant américain, a toujours placé les comédiens et l'art dramatique au centre de sa conception du septième art. Lui-même acteur, il se sert de ses gains pour financer ses propres productions, lesquelles sont, à leur tour, des célébrations de l'art dramatique....
JOHN CASSAVETES est un acteur d'origine grecque né à Nework le 09/12/1929.
Il fait ses études au Colgate Collège puis Academy of Dramatic Arts de New York.
Il fait ses débuts dans une troupe théâtrale. Au cinéma, on le voit pour la première fois dans Quatorze Heures (Four-teen Hours, 1951), où il tient un petit rôle. C'est grâce à la télévision qu'il commence à percer avec des rôles de jeunes délinquants. Au milieu des années 50, il donne un condensé de tous ces personnages de voyous dans un film qui raconte l'histoire d'une famille prise en otage par une bande de malfaiteurs : Nuit de Terreur (The Night Holds Terror, 1955).
A la télévision, il devient célèbre grâce à la série de téléfilms de Johnny Staccato (1959-1960). Cassavetes va utiliser l'argent ainsi gagné pour financer son premier film expérimental, Shadows (Shadows, 1960). Tourné en 16 mm, dans le cadre de l'école d'art dramatique où il enseigne, avec un budget très réduit, interprété par des inconnus talentueux habitués à répéter sur des sujets proposés par Cassavetes, ce film doit le jour à un curieux concours de circonstances. Un soir, l'école reçoit la visite de Jean Shephered, personnalité importante de Radio Manhattan; impressionnée par les méthodes de Cassavetes, elle l'invite à son show programmé tard dans la soirée durant lequel il est demandé aux auditeurs de contribuer matériellement à la réalisation du film. Cet appel n'est pas lancé en vain. C'est au vu de ce film que Hollywood va proposer un contrat au jeune cinéaste.
Malgré ses imperfections, Shadows frappa le public par sa sensibilité et la force avec laquelle il traitait le sujet — l'histoire d'une famille noire new-yorkaise, composée de deux frères et d'une sœur. Le film évoquait la carrière d'un chanteur de night-club peu connu (Hugh Hurd) et le destin de ses jeunes frère et sœur : un voyou (Ben Carruthers) et une brave fille (Lelia Goldoni).
Après ce film, il tourne deux films : La Ballade des sans-espoir (Too Late Blues, 1961), produit par la Paramount, histoire de musiciens de jazz contenant quelques bons moments, avec pour interprètes principaux Bobby Darin et Stella Stevens; et Un enfant attend (A Child Is Waiting, 1963), avec Burt Lancaster et Judy Garland. Situé dans un institut pour enfants attardés, ce film sera d'ailleurs achevé par le producteur Stanley Kramer, qui remplace Cassavetes au bout de quatre mois de tournage. Officiellement, la cause de ce renvoi tenait à certaines divergences entre les deux hommes sur la façon de traiter un sujet aussi délicat (mais selon Cassavetes le différend, contrairement à ce que soutient Kramer, vint de ce qu'il estimait qu'il était impossible de mettre en scène un drame sur de jeunes débiles mentaux.
Il ne faudra pas moins de cinq ans avant que John Cassavetes ne fasse un retour en force à la réalisation. Cela se produisit en 1968 avec un drame psychologique, Faces, centré sur la classe moyenne américaine urbaine — milieu qu'il allait retrouver dans deux œuvres postérieures : Husbands (Husbands, 1970) et Minnie and Moskowitz, 1971. Mais durant ces cinq années John Cassavêtes n'était pas resté inactif. Outre le tournage et le montage de Faces ,il donnait quelques-unes de ses meilleures compositions : en 1967 dans Les Douze Salopards (The Dirty Dozen) et en 1968 dans Rosemary's Baby (Rosemary's Baby).
Cette fois encore, il puisa dans ses revenus d'acteur pour financer son projet. Curieux rapprochement : dans Rosemary's Baby, il jouait le rôle d'un acteur qui vend sa femme au diable, et qui reçoit en échange un contrat avantageux. Un peu avant, en 1964, Cassavetes avait joué dans A boul portant (The Killers), nouvelle version modernisée du chef-d'œuvre de Siodmak .
Après avoir, à force de ténacité, monté Faces — dont la première version durait six heures — Cassavetes le réduit à 126 minutes, le « gonfle » ensuite au format 35 mm, avant de consacrer beaucoup de temps et d'énergie au lancement du film. Ses efforts sont récompensés par un succès indiscutable. Cette sorte de saga de la frustration sexuelle, où les aventures d'un couple de banlieusards paumés (Lynn Carlin et John Marley) se mêlaient à celle d'une call-girl (Gena Rowlands) et d'un gigolo (Seymour Cassel, un des acteurs préférés de Cassavetes), rencontre la faveur du public sensible à ses éclats de rire nerveux, à ses personnages mal dans leur peau et solitaires. Avec ce film le style de Cassavetes — un style dont on a dit qu'il consiste à donner aux acteurs assez de corde pour se pendre — s'impose définitivement.
Husbands, premier film indépendant qu'il tourne en couleurs et en 35 mm est aussi le premier dont Cassavetes ait signé la réalisation et le scénario, en plus du rôle de premier plan qu'il y joue. Pour ce film, Cassavetes reçoit l'aide de deux amis, les acteurs Ben Gazzara et Peter Falk, qui formèrent avec lui un trio de boit-sans-soif noyant dans l'alcool le malheur qui les a frappés : la mort d'un ami très cher. En décrivant l'errance du petit groupe de la banlieue new-yorkaise à Londres et retour, Cassavetes affirme plus que dans tout autre film l'aspect dépouillé et nerveux de son style.
Au début des années 70, Cassavetes se voit proposer le rôle principal d'un film écrit et dirigé par Elaine May : Mikey and Nicky (1976). L'affaire tourne au véritable cauchemar non seulement à cause de son intrigue (une histoire d'obsession paranoïaque et de trahison entre deux gangsters amis, se déroulant à Philadelphie en une seule nuit), mais aussi à cause d'une série de difficultés; le film ne sera achevé et distribué que six ans plus tard.
Ainsi va l'amour, petite comédie décontractée sur la liaison d'un gardien de parking (Seymour Cassel) avec une femme employée dans un musée (Gena Rowlands), est suivi, en 1974, d'un retour au drame psychologique sans concession avec Une femme sous influence (A Woman Under the Influence), qui obtint un grand succès. Portrait désespérant d'une mère de famille d'origine ouvrière (incarnée par Gena Rowlands, mariée ici à Peter Falk), poussée à la dépression nerveuse par son milieu répressif, le film est une sorte de prolongement de Faces.
Comme on le remarque une fois de plus avec ce film, Cassavetes semble ne pouvoir s'exprimer qu'avec ceux qu'il connaît bien : famille et amis sont régulièrement mobilisés. On relève en effet au générique les noms des Cassavetes, des Rowlands et des Cassel — grands-parents et enfants compris. Il en sera de même dans les trois réalisations suivantes : Le Bal des vauriens (The Killing of a Chinese Bookie, 1976), Opening Night (1977) et Gloria (Gloria, 1980).
Cassavetes continue à incarner des personnages odieux — comme dans Furie de Brian de Palma ....
En 1953 il épouse une de ses actrices : GENA ROWLANDS .
Il fut un grand ami de Ben Gazzara qui tourna dans ses films et de Peter Falk dont il a réalisé un Colombo en 1972.
Il est décédé le 03/02/1989.
Son fils Nick pousuit la carrière de son père.
ACTEUR
GREGORY RATOFF ... TAXI 1953
ANDREW L STONE ... NUIT DE TERREUR... THE NIGHT HOLDS TERROR 1955
DON SIEGEL... FACE AU CRIME ... CRIME IN THE STREETS 1956
MARTIN RITT ... L'HOMME QUI TUA LA PEUR ... EDGE OF THE CITY 1956
LASZLO BENEDEK ... AFFAIRE IN HAVANA 1957
PAT JACKSON ... VIRGIN ISLAND 1958
ROBERT PARRISH ... LIBRE COMME LE VENT ... SADDLE THE WIND 1958
DON CHAFFEY... THE WEBSTER BOY 1961
DON SIEGEL ... A BOUT PORTANT... THE KILLERS 1964
ROBERT ALDRICH ... LES DOUZE SALOPARDS ... THE DIRTY DOZEN 1967
DANIEL HALLER ... LES ANGES DE L'ENFER 1967
GIULIANO MONTALDO ... LES INTOUCHABLES ... GLI INTOCCABILI 1967
ROMAN POLANSKI ... ROSEMARY'S BABY 1967
ALBERTO DE MARTINO ... ROME CONTRE CHICAGO ... ROMA COME CHICAGO 1967
MEL STUART ... MARDI? C'EST DONC LA Belgique ... IF IT'S TUSEDAY,THIS MUST BE BELGIUM 1969
STEVE CARVER ...CAPONE 1975
ELAINE MAY... MIKEY AND NICKY 1975
LARRY PEERCE ...UN TUEUR DANS LA FOULE ... TWO MINUTES WARNING 1976
BRIAN DE PALMA ... FURIE ...THE FURY 1978
JOHN HOUGH ... LA CIBLE ETOILEE ... BRASS TARGET 1978
JOHN HOUGH ... INCUBUS 1981
JOHN BADHAM ... WHOSE LIFE IS IT ANYWAY 1981
TAMAR SIMON ... THE HAIRCUT 1982
PAUL MAZURSKY ... TEMPEST 1982
LATHAR LAMBERT ... FRAULEIN BERLIN 1983
ERIC WESTON ... MARVIN AND TIGE 1983
ROBERT HARMON ... LOVE STREAMS 1984
ACTEUR ET REALISATEUR
SHADOWS 1960
HUSBANDS 1970
AINSI VA L'AMOUR ... MINNIE AND MOSKOQITZ 1971
OPENING NIGHT 1977
LOVE STREAMS 1984
REALISATEUR
LA BALLADE SES SANS ESPOIR... TOO LATE BLUES 1961
FACES 1968
UNE FEMME SOUS INFLUENCE ... A WOMAN UNDER INFLUENCE 1972
LE BAL DES VAURIENS ... THE KILLING OF A CHINESSE BOOKIE 1975
OPENING NIGHT 1977
GLORIA 1982
BIG TROUBLES 1986