LE BOUCHER
Franco-italienne. 1969. PRODUCTEUR: Films La Boètie.
REALISATEUR: Claude Chabrol. AUTEUR, SCÈNARIO ET DIALOGUES: Cl. Chabrol.
Avec Stéphane Audran (Mile Hélène),
Jean Yanne (Paul),
Antonio Passalia (Angelo), Ftoger Rudel (Grumbach), Mario Beccaria (Léon Hamel), William Guérault(Charles).
Paul ou Paupol ne pouvait supporter son père. II s’est donc engagé, a fait l’Indochine, l’Algérie, toujours boucher comme son père. Celui-ci mort, Paul revient au bourg et reprend le commerce paternel. C’est au mariage de Marie-Jeanne que Popaul rencontre Mademoiselle Hélène.
Elle est directrice d’école, Ils se plaisent. Ils deviennent, pudiquement, de bons amis.
Pour des motifs différents, ils ont l’un et l’autre peur de se lier, de s’aimer.
Une jeune fille est sauvagement assassinée, son corps est trouvé dans un bois. Quelques semaines après, lors d’une promenade avec ses élèves, Hélène découvre un corps mutilé, celui de Marie-Jeanne, près d’elle le briquet qu’elle a offert à Popaul.
Elle le ramasse, le cache, et n’en parle pas lors de l’enquête. Peu après Paul, un soir, lui offre du feu avec son briquet...
Paul a entrepris de repeindre le salon d’Hélène, Charles, un élève est là. Paul, par hasard, trouve le briquet enfoncé dans le tiroir à chiffons et l’empoche. Lorsqu’Hélène revient, Paul est parti, elle cherche le briquet, ne le trouve pas, interroge Charles. Seul, Popaul a ouvert le tiroir.
Hélène a peur, elle se barricade dans la vaste école. Popaul, sous ses fenêtres, demande à lui parler.
Elle refuse et court vérifier les fermetures. C’est alors que Paul, entré par le hangar, s’avance vers elle, un couteau à la main.
Elle recule, puis se résigne, attendant la mort. Paul s’effondre, l’appelant à l’aide, il s’est tué.
Elle l'emmène agonisant à la ville dans sa 2 CV. Tout en lui, regards,mots chuchotés, révèle l’amour qu’il avait pour Hélène. A l’hôpital, Popaul meurt...
Une oeuvre achevée où Chabrol peint avec une grande sûreté, une grande simplicité, l’aventure intérieure de deux êtres, une époque : celle où un être humain est amené à considérer la tuerie, la mort brutale comme choses normales, et, parallèlement un bourg paisible où la vie
semble couler doucement au gré des saisons, rythmée par a cueillette des champignons, les mariages et les menus incidents quotidiens. Jusqu’au jour où Paul ne peut plus résister à ce besoin, presque physiologique, de faire couler le sang humain comme le sang de ses bêtes. Jusqu’au jour où il s’avance vers Hélène, un couteau en main. L’angoisse, la panique sont brèves; près du blessé, Hélène retrouve les gestes nécessaires, utiles à la survie. Il est trop tard. Pour n’être pas, à nouveau, détruite par l’amour, elle n’a donné à Popaul que son amitié. Lui-même, redoutant les liens qui ont enchaîné sa mère à sa brute de père, n’a pas osé s’avouer, avouer son amour.
Celui qui est un tueur pouvait, sans doute, être sauvé par un double acte de courage ordinaire. Mais le tueur paraît essentiellement un brave garçon, gentil, doucement maladroit. Un ami sûr qui apporte le gigot comme un bouquet de fleurs. Entre lui et Hélène, tout est simple, vrai. Quelques légères confidences leur suffisent pour se connaître, être bien ensemble.
Seuls, parfois, une phrase sur la mort des êtres, des bêtes, le plan d’une main velue et puissante dénoncent l’autre nature de Popaul.
Le dialogue est d’une étonnante et efficace simplicité. Les acteurs sont excellents, chaque geste, chaque instant vécu sont d’un naturel parfait. Tout dans le récit est significatif: décors, mouvements de caméra, couleurs s’associent pour donner à l’épilogue comme aux brèves séquences de terreur, leur plénitude.
LE BOUCHER