LITTLE BIG MAN
Réalisation d'Arthur Penn, 1970.
d'après le roman du même titre de Thomas Berger
AVEC : Dustin Hoffman (Jack Crabb), Faye Dunaway (Mme Pendrake), Martin Balsam (Al/ardyce T. Merriweatherl, Richard Mulligan (général George A. Custer), Chief Dan George (OldLodge Skins), Jeff Corey (Wild Bill Hickok), Amy Eccles (Sunshine), Kelly Jean Peters (Olga), Carole Androsky (Caroline), Robert Little Star (Little Horse), Cal Bellini (Younger Bear), William Hickey (l'historien), James Anderson (le sergent), Thayer David (révérend Si/as Pendrake), Jesse Vint (le lieutenant), Alan Oppenhemer (le major), Philip Keennealy (M. Kane), Jack Bannon (le capitaine), Ray Dimas (Jack Crabb enfant), Alan Howard (Jack Crabb adolescent), Jack Mullaney (le joueur), Steve Miranda (Younger Bear enfant), Lou Cutell (le diacre), Emily Cho (Digging Bear), Cecilia Kootenay (Little Elk), Norman Nathan (Pawnee), Helen Verbit (« Madame »), Bert Conway (le barman), Earl Rosell (le soldat), Ken Mayer (sergent), Bud Cokes (l'homme au bar), Rory O'Brien (l'assassin).
Jack Crabb a cent vingt et un ans. Dans son asile de vieillards, il se souvient.
Rescapé d'un massacre alors qu'il était encore un petit enfant, Jack est élevé par les Cheyennes qui lui donnent le nom de « Little Big Man». Revenu parmi les Blancs dans son adolescence, il est pris en charge par un pasteur, Mr. Pendrake et son épouse, désireux de donner à ce sauvage une éducation chrétienne. Cependant, le jeune homme n'apprendra pas que la religion auprès de Mrs. Pendrake : au cours d'un bain mémorable, il commencera aussi ses expériences sentimentales. Ensuite Jack Crabb s'essaie à divers métiers : charlatan, tireur au pistolet, épicier. Il épouse une Suédoise, Olga, qui se fait enlever par les Indiens peu après les noces. De retour chez les Cheyennes, il se marie avec une indienne, Sunshine,... et ses trois sœurs, mais sa femme et son fils seront massacrés sous ses yeux par Custer et ses hommes à la rivière Washita. Balloté d'un camp à l'autre, Jack Crabb assiste à la déchéance de la civilisation blanche et à la destruction du peuple indien. Une seule consolation pour lui : avoir vu mourir Custer à la bataille de Little Big Horn dont il se dit être le dernier survivant.
Jack Crabb de cent vingt et un ans, véritable fossile vivant d'un âge archaïque, est en même temps un citoyen de l'Amérique moderne. Nous replongeant ensuite dans le passé, le cinéaste s'emploie à ridiculiser impitoyablement toutes les figures légendaires du western, à commencer par le personnage romantique du pistolero, incarné à la fois par un Dustin Hoffman aussi myope que maladroit et par un inhabituel Wild Bill Hickok, abattu peu glorieusement dans le dos (comme il le fut en réalité) ; dérision encore vis-à-vis de la touchante héroïne traditionnelle (notamment chez John Ford), vaillante épouse de pionnier ou chaste et pure fiancée, qui devient ici cette femme de pasteur frustrée et infidèle (Faye Dunaway), que Jack Crabb retrouve ensuite dans une sordide maison close.
Arthur Penn s'est toujours complu à déconcerter son public par de brutales et inattendues ruptures de ton. C'est ainsi que vers le milieu du film
Little Big Man (Little Big Man, 1970), les tribulations navrantes et comiques de Jack Crabb nous conduisent soudain en pleine tragédie : le massacre, détaillé dans toute sa froide horreur, de la tribu indienne qui avait naguère adopté le héros. Celui-ci n'est plus alors que le témoin hagard et impuissant du carnage conduit par le général Custer.
Les références historiques du réalisateur : le massacre perpétré en 1868 sur les rives de la rivière Washita , aussi sanglant que gratuit, de la campagne du général Sheridan — campagne menée officiellement pour obtenir la soumission militaire des Cheyennes, mais probablement entreprise avec le dessein inavoué d'exterminer totalement un peuple.
LITTLE BIG MAN