Inclassable figure du cinéma italien, Marco Ferreri bouscule toutes les conventions de la société contemporaine avec des films hautement provocants et d'une allègre férocité.
Surnommé « l'Espagnol du cinéma italien » non seulement parce que ses trois premiers films — El Pisito (1958), Los chicos (1959) et La Petite Voiture (El cochecito, 1960) — ont été tournés en Espagne, mais aussi parce qu'ils se ressentent de l'atmosphère et de la culture hispaniques .
Marco Ferreri se présente comme un cas à part dans le cinéma italien. Une sorte de « phénomène » rebelle à toute classification, affichant fièrement un goût prononcé pour l'absurde, le grotesque, l'humour le plus noir, une morale féroce et un pessimisme total auquel il faut ajouter, pour être complet, un sens du concret et de l'observation. Ferreri, en effet, faisait partie de ces rares cinéastes italiens qui ont toujours eu une vision concrète (pour ne pas dire matérialiste) de leur métier. Il en connaissait parfaitement les possibilités d'expression, mais aussi toute la « cuisine » technique et commerciale.
MARCO FERRERI est né le 11 mai 1928 à Milan en Italie et est décédé le 09 mai 1997 .Après des études au lycée, Ferreri a rejoint la faculté de médecine pour être vétérinaire, mais il abandonne rapidement ses études pour se consacrer au cinéma.
Après avoir été représentant en liqueurs dans les années 50, Ferreri débuta dans le cinéma d'abord comme inspecteur, puis comme directeur de production. Et lorsqu'il se rendit en Espagne, en 1956, ce n'était pas pour y réaliser un film, mais pour vendre des appareils cinématographiques. Mais cette initiative s'avère très décevante du point de vue économique . En Espagne , Rafael Azcona et Ferreri vont travailler avec lu pour l'écriture du scénario de son premier film , El pisito (1958 ) . Le film a été un autre désastre commercial et le metteur en scène italien se réfugie dans les îles Canaries . Retour à Madrid , Ferreri tourne Los chicos (1959) , mais il est mis en fourrière par la censure franquiste . Puis , il réalise El cochecito (1960 ) , de nouveau écrit par Rafael Azcona .
Après avoir quitté l'Espagne , Marco se déplace entre les différents pays européens ; en 1962, il retourna en Italie et écrit le scénario du film d'Alberto Lattuada "Mafioso" , mettant en vedette Alberto Sordi .
Et c'est la que démarre la belle carrière de Marco et les deux facettes qui au lieu de se heurter, se sont complétées, voire enrichies l'une vis-à-vis de l'autre : " Pessimisme" et " sens du concret".
Sa carrière peut être divisée en plusieurs grandes périodes. Il y a d'abord la période espagnole déjà mentionnée. Puis viennent les années 1963 et 1964, où Ferreri s'impose avec des films traitant des thèmes originaux et dérangeants. Le Lit conjugal (Una storia moderna : l'ape regina, 1963), satire du mariage, décrit la lente agonie d'un homme qui meurt d'épuisement, car sa femme — belle et « pure » bourgeoise élevée dans le culte de la famille et dans l'observance des préceptes religieux — exige trop de lui en matière de devoir conjugal. Le Mari de la femme à barbe (La donna scimmia, 1964) a pour personnage principal une femme velue qu'on exhibe dans une baraque foraine. Elle épouse son bonimenteur puis meurt en accouchant. Celui-ci embaume les dépouilles de la femme et du nouveau-né, afin de les exposer comme des « curiosités scientifiques ».
A partir de 1965, année où il réalise Break-up (L'uomo dei cinque palloni), F
erreri, toujours aussi provocant, choisit une voie plus allégorique pour dénoncer l'absurdité des mœurs de son époque et, parallèlement, accorde plus d'importance à la mise en scène. Cette évolution est surtout sensible dans Dillinger est mort (Dillinger è morto, 1969), film-monologue centré sur la présence inquiétante de Michel Piccoli et que beaucoup considèrent comme l'œuvre la plus achevée du cinéaste. Durant une nuit de veille, un homme trouve un vieux revolver, le remet en état de marche, tue sa femme et s'embarque finalement comme cuisinier à bord d'un voilier en partance pour les mers du Sud. Ce tournant dans l'œuvre de Ferreri sera confirmé par d'autres films : La Semence de l'homme (Il seme dell'uomo, 1969), L'Audience (L'udienza, 1972), Liza (La cagna, 1972) et La Grande Bouffe, le film « scandale » du Festival de Cannes 1973, choqué par ses quatre jusqu'au-boutistes de la société de consommation.
Ce pessimisme ne s'atténuera que dans les films les plus récents de Ferreri, notamment à partir de La Dernière Femme (L'ultima donna, 1976), l'histoire d'un homme qui s'émascule, persuadé de l'impossibilité d'avoir des relations amoureuses durables avec une femme, quelle qu'elle soit. Ferreri laisse quand même percer une possibilité de salut en la personne du tout jeune enfant de son héros : peut-être sera-t-il capable de préserver sa pureté et son innocence et d'éviter les erreurs accumulées en cinq mille ans de civilisation?
La découverte de l'enfant est un thème que le cinéaste approfondira dans Pipicacadodo (Chiedo asilo, 1979); quant à Contes de la folie ordinaire (Storie di ordinaria follia, 1981), il prouve que Ferreri place aussi quelques espoirs dans la poésie, ce que n'a pas confirmé L'Histoire de Piera (Storia di Piera, 1983).
Les films suivants seront de la même verve et il travaillera également pour la télévision.
1958 EL PISITO
1959 LOS CHICOS
1960 ELCOCHECITO (LA PETITE VOITURE.)
1961 LE ITALIANE E L'AMORE SKETCH GLI ADULTERI OU L'INFEDELTA CONJUGALE (LES FEMMES ACCUSENT).
1963 UNA STORIA MODERNA : L'APE REGINA (LE LIT CONJUGAL).
1964 LA DONNA SCIMMIA (LE MARI DE LA FEMME A BARBE)
1964 CONTROSESSO SKETCH // PROFESSORE
1965 L'UOMO DEI CINQUE PALLONI (DISTRIBUE, HORS ITALIE, SOUS LE TITRE BREAK-UP).
1966 MARCIA NUZIALE
1967 L'HAREM (LE HAREM)
1969 DI/UNGER E MORTO (DILLINGER EST MORT)
IL SEME DELL'UOMO (LA SEMENCE DE L'HOMME).
1970 PERCHE PAGARE PER ESSERE FELICI! (DOC. SUR LES COMMUNAUTES HIPPIES AMERICAINES). 1972 L'UDIENZA (L'AUDIENCE)
1972 LA CAGNA (LIZA)
1973 LA GRANDE BOUFFE.
1974 TOUCHE PAS LA FEMME BLANCHE
1976 L'ULTIMA DONNA (LA DERNIERE FEMME)
1978 CIAO MASCHIO (REVE DE SINGE).
1979 CHIEDO ASILO (PIPICACADODO)
1981 STORIE DI ORDINARIA FOLLIA (CONTES DE LA FOLIE ORDINAIRE).
1983 STORIA DI PIERA (L'HISTOIRE DE PIERA).
1984 LE FUTUR EST FEMME
1986 I LOVE YOU
1988 YA BON LES BLANCS
1989 LE BANQUET (TV)
1991 LA MAISON DU SOURIRE
1991 LA CHAIR
1993 JOURNAL D'UN VICE
1995 FAICTZ CE QUE VOULDRAS
1996 NITRATE D'ARGENT