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CINEREVES  ACTERIEUR DU CINEMA

CINEREVES ACTERIEUR DU CINEMA

CINEREVES ACTERIEUR DU CINEMA le cinéma actuel et antérieur


LE JUGE ET L'ASSASSIN

Publié par cinestranger sur 20 Mars 2016, 09:02am

Catégories : #FILMS ANCIENS

 

LE JUGE ET L'ASSASSIN

 France. 1975.

RÉALISATEUR : Bertrand Tavernier.

AVEC Philippe Nolret, Michel Galabru, Isabelle Huppert, Jean-Claude Brialy, Renée Faure, Cécile Vassort, Yves Robert, Jean-Roger Caussimon...

Le sergent Joseph Bouvier, réformé pour ses accès de violence, vient rejoindre sa fiancée Louise Lesueur, dans l'intention de l'épouser. Celle-ci ne veut plus de lui, pensant que cet homme n'est pas fait pour elle. Aveuglé par la douleur, Joseph Bouvier lui tire plusieurs balles de revolver et tente de se suicider. Tous les deux en réchapperont. Pendant que Louise continuera de vivre avec sa famille ,Bouvier erre sur les routes, avec ses deux balles dans la tête...


Enfermé pendant un an à l'asile psychiatrique de Dôle, Joseph Bouvier en sortira « guéri et sain d'esprit ». Hanté par le souvenir de Louise, il tuera à travers son périple sur le territoire français plus de douze personnes. Ses victimes, dans lesquelles il croit voir à chaque fois l'image de sa fiancé, seront la plupart du temps éventrées, violées ou étrangères Cette bestialité de Bouvier n'est que passagère, car en dehors de ces accès de rage, comme il le prétendra plus tard, c'est un homme généreux, implorant le pardon de Dieu, qui toujours d'après ses dires, lui aurait confié une mission : réveiller la France endormie, écrasée par l'injustice. Ne se dit-il pas anarchiste de Dieu ?


Personne ne le soupçonne, chacun des crimes étant trop éloigné des autres. Personne, sauf le juge de Privas dans l'Ardèche, quelque peu arriviste, anti-Dreyfusard (nous sommes en 1894) qui vient d'établir à la mine de plomb le portrait-robot de l'assassin présumé. Ambitieux et sûr de lui, ce petit juge provincial enverra aux deux cents cinquante parquets de France le signalement dressé par ses soins. Cette curieuse et audacieuse initiative pour l'époque, le mettra enfin face à face avec Bouvier, arrêté pour un délit mineur. Depuis cette rencontre fortuite, il n'y a plus de doute pour ce juge Inquisiteur des temps modernes, Bouvier est bien « le tueur des bergères » I Peu à peu il gagnera la confiance de ce tueur peu ordinaire, mystique, anticlérical, se recommandant tout aussi bien des anarchistes de l'époque comme Ravachol, Casério, que de la Vierge .

 

Tracer le portrait d'un assassin si ambigu, si complexe et dont les contradictions n'apparaissent qu'au fur et à mesure du déroulement de l'histoire, pouvait prêter à de multiples fausses notes. Les pièges ont été évités. Tavernier n'a, à partir de son personnage, réalisé ni une biographie, ni une histoire romanesque à fond social, ni une pièce brechtlenne,. Il a réalisé tout simplement une histoire s'inscrivant dans le tissu épais et ténu de l'histoire d'alors. Document sociologique sur le monde paysan, et sur cet autre groupe de pression constitué principalement de notables (médecin, juge, procureur) qui deviendront l'un des éléments moteur et conservateur à la fois de la III République. 

Plus que l'histoire de ce Vacher, ce qui intéressait Bertrand était son affrontement avec le personnage du juge qui avait aussi existé;
Tavernier disait : « C'était un personnage fascinant, remarquablement intelligent, mais complètement " bloqué "par des tas de choses dans sa vie personnelle et sa façon d'être, d'où son comportement. D'un autre côté, c'est quand même l'une des premières personnes qui ait fait une enquête complètement moderne par rapport à l'époque; à partir de tous les témoignages, il avait dressé une espèce de portrait-robot du bonhomme pour l'envoyer dans toutes les gendarmeries de France et à des tas de juges d'instruction. Il avait été le premier à penser que tous ces crimes impunis ayant lieu aux quatre coins de la France,avaient des points de ressemblance qui faisaient qu'à son avis, ils devaient être commis par la même personne... »


Dans ce rôle, c'est un Noiret à contre-emploi que Bertrand Tavernier nous propose à l'occasion de leur troisième collaboration. En effet, après le   bon père de famille dépassé par l'implication de son fils dans un meurtre (L'horloger de saint-paul), après une vision historique du siècle de Louis XV qualifiée par certains de " rabelaisienne " (Que la fête commence), c'est un Philippe Noiret extrêmement dur qu'il met cette fois.en scène. Un personnage profondément antipathique auquel il n'offre aucune excuse. Même la bonhomie de Noiret est sans effet car son regard paraît s'être figé le temps du film, son cœur durci, son corps raidi; dans le juge et l'assassin, il n'est pratiquement plus qu'un cerveau, une pensée, une ligne directrice.
Il est certain que l'élément physique n'est pas à rejeter, car son aspect imposant inspire comme toujours le même type de réflexe chez l'interlocuteur : respect, crainte, méfiance, et même peur. Mais en menant délibérément à son paroxysme ce personnage, on peut dire qu'il est avant tout une abstraction, d'où le déséquilibre qui s'ensuit dès lors qu'il est en présence de Joseph Bouvier, homme du terroir plein de tendresse, de générosité, d'humanisme, personnage particulièrement touchant dans son malheur.


Philippe Noiret disait :" Le juge était un personnage difficile parce que quand même très loin de moi — Dieu merci! — mais où j'ai trouvé des choses sur lesquelles m'appuyer; dans chaque personnage, on trouve des concordances avec soi, si minimes soient-elles, et le travail de l'acteur, c'est de développer cela.
« Avec Bertrand, on était d'accord sur un certain nombre de points : l'intelligence de cet homme, et puis le côté " coincé " de ce personnage, la façon dont il concevait la société et sa position dans cette société. A partir de là, les choses étaient simples d'autant plus que, et ce n'est pas toujours le cas, le scénario était très bien articulé pour faire ressortir cela. "

 

LE JUGE ET L'ASSASSIN FILM

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H
Rappelons que Michel Galabru fût récompensé par un César du meilleur acteur pour son rôle de Joseph Bouvier.
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