Contrairement à ce que son image à l’écran pouvait induire, Humphrey Bogart était un enfant de la haute bourgeoisie new-yorkaise, fils d’un chirurgien et d’une directrice de magazine de mode. En coulisses, la réalité était moins riante l’un était morphinomane, l’autre alcoolique. Né à New York, le 25 décembre 1899, il a 14 ans à peine lorsqu’il maîtrise déjà ce qui sera le hobby d’une vie entière la voile.
Entre deux sorties sur le lac voisin de la maison de campagne familiale, il fréquente les écoles les plus snobs du pays,la Trinity School et la Phillips Acaderny d’Andover, dont il sera expulsé pour obscénités de langage.
Moins d'une semaine plus tard, en mai 1918, il s'engage dans la Navy. Mais, à six mois de l’armistice,il ne connaîtra guère la mitraille. De son passage sous les drapeaux, il devait néanmoins conserver une cicatrice à la lèvre supérieure, qui affectera son élocution et contribuera, un jour, à sa légende. Un coup de menottes d’un prisonnier qu’il escortait, selon la version officielle. Une écharde qu’il se serait prise en tombant, le menton en premier, sur une table de bois, selon la version officieuse.
En 1920, après avoir débuté dans la vie professionnelle comme coursier pour une firme de Wall Street, il intègre une compagnie théâtrale, où il sera successivement manutentionnaire, assistant à la réalisation et doublure. A la première défection de l’acteur, il monte sur scène.
Mais, s’il ressent personnellement, dans cet accident du destin, l’appel de la vocation, la critique ne partage pas son enthousiasme et le cloue au pilori. Il persévère néanmoins. Durant les quinze années qui le séparent de son premier succès personnel, il se produira dans vingt et une pièces. Des comédies, pour la plupart, où il tient souvent le rôle de jeunes gommeux de la haute. Quand il n’est pas sur scène,
il est régisseur. Un soir de 1924, le décor s’écroule sur l’actrice Helen Menkel. Ils se disputent. Il lui flanque une raclée, elle lui rend son coup.
Ils tombent amoureux.
Leur mariage aura lieu en 1926, mais leur ardeur s’éteindra au bout de douze mois. Mary Philips, la deuxième épouse, connaîtra
une longévité de dix ans (1928-38). . Entre-temps, Bogart a fait des débuts négligeables au cinéma. Rien de prometteur ne se profilera d’ailleurs
pour lui avant le succès de la pièce « La forêt pétrifiée », en 1934. Lorsqu’elle sera portée à l’écran, deux ans plus tard,Leslie Howard, qui en est la vedette, menacera de se retirer si son partenaire n’est pas du projet. Bogart, qui y incarne le tueur Duke Mantee, lui sera à jamais ree connaissant de cette première chance et donnera le prénom de Leslie à l’un de ses enfants.
Acteur sous contrat pour la Warner Bros, Bogart attendra pourtant cinq longues années encore avant d’émerger du lot. Une reconnaissance tardive qu’il doit tant à sa réputation d'insubordination et à son look quelconque, qu’aux personnages de voyou et de looser, auxquels il est identifié. Durant cet intermède qui le sépare du « Faucon maltais », il tournera en effet près de trente films. Dans neuf d’entre eux, il sera condamné à la prison. Dans huit autres,il mourra soit par pendaison soit par électrocution, quand il ne tombe pas tout bonnement sous les balles d’un adversaire. Il épouse, en troisièmes noces, Mayo Methot, une femme qui aime la bagarre et l’alcool autant que lui. En sept ans de mariage. Elle mettra le feu à la maison, le menacera d’un fusil, et le poignardera. Sans conséquences fatales.
" La grande évasion" de Raoul Walsh dans lequel il partageait la vedette avec Ida Lupino en fera une star montante ( il y aura un remake dans les années 50 intitulé "La peur au ventre" avec Jack Palance reprenant le rôle de Bogie ).
A l’aube de la quarantaine, Bogart aurait probablement continué à s'enliser dans les sables mouvants de la série B et du pugilat domestique. si George Raft n’avait refusé le rôle du détective Sam Spade, dans « Le faucon maltais ». Premier jalon d’une fructueuse collaboration avec John Huston. ce prototype du film noir connaîtra un immense succès, bétonné, un an plus tard, par" Casablanca ", où, sous l’identité de Monsieur Rick, patron de boîte de nuit, il n' apparaît qu’au bout d’une demi-heure, alors qu'il n'est question que de lui dans les conversations. Sourire rare, verbe court, affichant un détachement à la limite de la muflerie, Rick est l’antihéros emblématique de la filmographie de Bogart, la preuve que le
sex-appeal peut être une attitude et l’immobilité une qualité de jeu. « Demeurez figé et impassible dans
une scène d’action, et tous les regards se focaliseront sur vous », disait-il: non sans pertinence.
En 1944, sa légende naissante gagne encore en éclat par sa rencontre avec Lauren Bacall, sa partenaire de 19 ans dans Le port de l’angoisse ».
Un coup de foudre aussi extravagant qu’inattendu,et qui va connoter chacune de leurs répliques d’une signification particulière, pour bientôt les fondre dans le bronze de l’immortalité. Dès le moment où Marie affronte Morgan,
lui demande du feu, et reçoit pour toute réponse une boîte d’allumettes jetée avec une mile brutalité,
l’alchimie entre leurs deux interprètes opère. Un moment d’apesanteur que la magie du cinéma renouvelle à chaque diffusion, et que prolonge la scène du sifflet, lorsque, devant l’indifférence qu’il oppose à ses tentatives de séduction, elle lui offre de la siffler quand il aura besoin d’elle. Un précieux objet de ralliement que Lauren Bacall glissera plus tard dans son cercueil. Davantage encore que « Le port de l’angoisse »,
« Le grand sommeil » atteste de leur connivence et de leur complémentarité.
Lui en privé, élégant et macho, elle en femme de tête lascivement soumise, pris conjointement dans le tourbillon d’une intrigue compliquée mais envoûtante à souhait.
A l’aube des années 1950, Humphrey Bogart est l’acteur le mieux payé du monde, et ses films sont autant de succès populaires. Avec « African Queen », il s’offre une crise de paludisme en même temps que le premier Oscar de sa carrière. Fort de sa popularité, il prend aussi la défense de ses pairs, devant la commission McCarthy, malgré les intimidations qui l’obligeront par la suite à piteusement se rétracter. Sa réussite professionnelle est désormais au diapason de l’épanouissement de sa vie familiale.
Confortablement installé dans sa légende, enfin rassuré sur son pouvoir de conviction, sinon de séduction, il délaisse graduellement l’alcool et découvre la paternité à l’âge de 50 ans. Son enthousiasme récent en faveur de l’engagement politique l’ouvre à des sujets plus pointus mais non moins populaires, comme la liberté de la presse, avec « Bas les masques », la responsabilité du pouvoir illustrée par "Ouragan sur le Caine" », ou la corruption des milieux de la boxe avec« Plus dure sera la chute ». C’est sur le plateau de « La comtesse aux pieds nus»,
en 1954, qu’il ressent les premiers symptômes du mal qui allait l’emporter. Une toux fréquente et irrépressible,
qui ses traduira, au fil du temps, par une difficulté croissante à avaler et, en janvier 1956, par un diagnostic sans appel: cancer de l’oesophage. Opéré en février, il survivra dix mois encore,avant de s’éteindre le 14 janvier 1957. Jusqu’à l’extrême fin, il avait conservé l’habitude
de recevoir ses amis pour l’apéritif, ce « rat pack» dont Frank Sinatra allait reprendre l’héritage.. Et parfois sur le bateau qu'il possédait car il aimait vivre sur la mer....
MURRAY ROTH ... BROADWAY'S LIKE THAT ... 1930
IRVING CUMMINGS ... A DEVIL WITH WOMEN ... 1930
JOHN FORD ... UP THE RIVER ... 1930
ALFRED SANTELL ... BODY AND SOUL ... 1931
HOBART HENLEY ... BAD SISTER ... 1931
RAOUL WALSH ... WOMEN OF ALL NATIONS ... 1931
IRVING CUMMINGS ... A HOLY TERROR ... 1931
THORNTON FRELAND ... LOVE AFFAIR ... 1932
MERVYN LEROY ... BIG CITY BLUES ... 1932
MERVYN LEROY ... THREE ON A MATCH ... 1932
CHESTER ERSKINE ... MIDNIGHT ... 1934
ARCHIE MAYO ... LA FORET PETRIFIEE ... THE PETRIFIED FOREST ... 1936
WILLIAM KEIGHLEY ... GUERRE AU CRIME ... BULLETS OT BALLOTS ... 1936
WILLIAM MCGANN .. TWO AGAINST THE WORLD .. 1936
RAY ENRIGHT .. COURRIER DE CHINE ... CHINA CHIPPER ... 1936
FRANK MCDONALD ...L'ILE DE LA FURIE ... ISLE OF FURY ... 1936
WILLIAM DIETERLE ... SEPTIEME DISTRICT ... THE GREAT O'MALLEY ... 1937
ARCHIE MAYO...LA LEGION NOIRE ... BLACK LEGION ... 1937
LLYOD BACON .. FEMMES MARQUEES ... 1937
MICHAEL CURTIZ ... LE DERNIER COMBAT ...KID GALAHAD .. 1937
LLYOD BACON ... LA REVOLTE ... SAN QUENTIN ... 1937
WILLIAM WYLER ... RUE SANS ISSUE ... DEAD END ... 1937
TAY GARNETT ... STAND-IN ... 1937
RAY ENRIGHT ... SWING YOUR LADY ... 1938
LEWIS SEILER ... L'ECOLE DU CRIME ... 1938
BUSBY BERKELEY ... LES HOMMES SONT SI BETES ... MEN ARE SUCH FOOLS ... 1938
ANATOLE LITVAK ... LE MYSTERIEUX DOCTEUR CLITTERHOUSE THE AMAZING DR CLITTERHOUSE ... 1938
LLYOD BACON ... MENACES SUR LA VILLE ... RACKET BUSTER ... 1938
MICHAEL CURTIZ ... LES ANGES AUX FIGURES SALES ... 1938
LEWIS SEILER ... HOMMES SANS LOI ... KING OF THE UNDERWORLD ... 1939
LLYOD BACON ... TERREUR A L'OUEST ... THE OKLAHAMA KID ... 1939
EDMUND GOULDING ... VICTOIRE SUR LA NUIT ... DARK VICTORY ... 1939
LEWIS SEILER ... LE CHATIMENT ... YOU CAN'T GET AWAY WITH MURDER ... 1939
ANATOLE LITVAK ... LES FANTASTQIQUES ANNEES 20 ...THE ROARING TWENTIES ... 1939
VINCENT SHERMAN ... LE RETOUR DU DOCTEUR X ... THE RETURN OF DOCTOR X ... 1939
LLYOD BACON ... INVISIBLE STRIPES ... 1939
MICHAEL CURTIZ ... LA CARAVANE HEROIQUE ... VIRGINIA CITY ... 1940
LEWIS STEILER ... RENDEZ VOUS A MINUIT ... IT ALL CAME TRUE ... 1940
LLYOD BACON ... BROTHER ORCHID ... 1940
RAOUL WALSH.... UNE FEMME DANGEREUSE ... THEY DRIVE BY NIGHT ... 1940
.. LA GRANDE EVASION ... HIGH SIERRA ... 1941
RAY ENRIGHT ... THE WAGONS ROLL AT NIGHT ... 1941
JOHN HUSTON ... LE FAUCON MALTAIS ... THE MALTESE FALCON ... 1941
VINCENT SHERMAN ... ECHEC A LA GESTAPO ... ALL THROUGH THE NIGHT ... 1941
IN THIS OUR LIFE ... 1942
LEWIS SEILER ... LA CAID ... THE BIG SHOT ... 1942
JOHN HUSTON... GRIFFES JAUNES ... ACROSS THE PACIFIC ... 1942
MICHAEL CURTIZ ... CASABLANCA ... 1942
LLYOD BACON ... CONVOI VERS LA RUSSIE ... ACTION IN THE NORTH ATLANTIC ... 1942
ZOLTAN KORDA ... SAHARA 1943
MICHAEL CURTIZ ... PASSAGE POUR MARSEILLE ... PASSAGE TO MARSEILLE ... 1944
HOWARD HAWKS ... LE PORT DE L'ANGOISSE ... TO HAVE AND HAVE NOT ... 1944
CURTIS BERNHARDT ... LA MORT N'ETAIT PAS AU RENDEZ VOUS ... CONLICT ... 1945
HOWARD HAWKS ... LE GRAND SOMMEIL ...THE BIG SLEEP ... 1946
JOHN CROMWELL ... EN MARGE DE L'ENQUETE ... DEAD RECKONING ... 1947
PETER GODFREY ... LA SECONDE MADAME CARROLL ... THE TWO MRS CARROLLS ... 1947
DELMER DAVES ...LES PASSAGERS DE LA NUIT ... DARK PASSAGE ... 1947
... LE TRESOR DE LA SIERRA MADRE ... THE TREASURE OF THE SIERRA MADRE ... 1948
... KEY LARGO ... 1948
NICHOLAS RAY ... LES RUELLES DU MALHEUR... KNOCK ON ANY DOOR ... 1948
STUART HEISLER ... TOKYO JOE ... 1949
STUART HEISLER ... PILOTE DU DIABLE... CHAIN LIGHTNING 1950
NICHOLAS RAY ... LE VIOLENT... IN A LONELY PLACE ... 1950
BRETAIGNE WINDUST ...LA FEMME A ABATTRE ...THE ENFORCER ... 1950
CURTIS BERNHARDT ... SIROCCO ... 1950
... L'ODYSSE DE L'AFRICAN QUEEN ... THE AFRICAN QUEEN ... 1950
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RICHARD BROOKS .... LE CIRQUE INFERNAL ... BATTLE CIRCUS ... 1953
... PLUS FORT QUE LE DIABLE ... BEAT THE DEVIL ... 1953
EDWARD DMYTRYK ... OURAGAN SUR LE CAINE ...THE CAINE MUTINY ... 1954
BILLY WILDER ...SABRINA ... 1954
JOSEPH L MANKIEWICZ ... LA COMTESSE AUX PIEDS NUS ... THE BAREFOOT CONTESSA ... 1954
MICHAEL CURTIZ ... LA CUISINE DES ANGES ... WE'RE NO ANGELS ... 1955
.. LA MAIN GAUCHE DU SEIGNEUR ...THE LEFT HAND OF GOD ... 1955
WILLIAM WYLER ... LA MAISON DES OTAGES ... THE DESPERATE HOURS ... 1955
MARK ROBSON ... PLUS DURE SERA LA CHUTE... THE HARDER THEY FALL ... 1956