LA VIEILLE DAME INDIGNE
1964.
RÉALISATEUR: René Allio, d’après une nouvelle de Bertolt Brecht .
MUSIQUE ET CHANSONS:
Jean Ferrat.
INTERPRÈTES Sylvie,
Sylvie ... Madame Bertini
Victor Lanoux ... Pierre
Malka Ribowska ... Rosalie
François Maistre ... Gaston
Etienne Bierry ... Albert
Pascale de Boysson ... Simone
Jean-Louis Lamande ... Charles
Lena Delanne ... Victoire
Jeanne Hardeyn ... Rose
Pierre Meffre
Robert Bousquet ... Robert
Jean Bouise ... Alphonse
André Jourdan ... Lucien
Pierre Decazes ... Charlot
André Thorent ... Dufour
A la mort du père. Gaston, Rose et Albert reviennent à l’Estaque. Pour l’enterrement, des décisions sont
prises, on vend la boutique, ce qui permettra de payer les dettes du vieux couple. Berthe, la mère, garde la maison,ses enfants lui verseront une petite pension. Berthe est seule, libre.
Pour la première fois de sa vie, elle n’a plus à servir les siens; peu à peu, elle s’intéresse à ce monde proche et inconnu le cinéma, le restaurant de l’Estaque, Marseille et le grand magasin. les cafés. Elle choisit ses amis, Rosalie, serveuse de restaurant peu farouche, Alphonse. cordonnier imaginatif — Albert s’inquiète. se scandalise, envoie son fils Pierre en mission, alerte son frère Gaston.
Imperturbable la vieille dame continue à vivre, doucement,fermement, à sa façon. Elle acquiert une deux chevaux que Rosalie conduit les frais vêtements convoités et qu’elle ne peut porter, elle les achète pour Rosalie.
Avec Alphonse,elles partent en vacances. A Toulon, Berthe donne sa caution afin qu’Alphonse soit gérant d’un libre service de chaussures. Les vacances sont finies, le gai cordonnier quitte l’Estaque. Après soixante années de travail, de soumission, d’oubli de soi, Berthe a vécu dix-huit mois, sans éclat, sans bruit, mais à sa guise, pour elle-même. La vieille dame meurt.
La vieille dame indigne est un excellent film, il y a un tact, une vérité extraordinaire dans la peinture de cette vieille dame et de ses enfants. Le dialogue est sobre,la musique est bonne, les images sont belles, et un sens très sûr de la composition préside au choix de la taille des plans- le gros plan est rare, jamais appuyé sur la durée,
souvent presque furtif, parfois un peu plus long, il enrichit, précise la gamme d’expression de la réalisation. Cette fonction expressive de la durée se retrouve dans les mouvements de caméra toujours souples et variés.
Et cette œuvre élaborée donne une impression de simplicité extrême, de vérité qui dépasse le cas de cette vieille dame si merveilleusement interprétée, si vraie, si proche de nous, pour atteindre au général, à l’humain tout entier.
Chacun des personnages est décrit par quelques traits bien choisis. Albert est un bougon volubile, un travailleur malchanceux, obnubilé par ses soucis. Gaston, plus intelligent, est un homme sûr de lui, capable à ce stade de quelque indulgence, de quelque ironie. Pierre, le petit-fils est jeune, il s’oppose à son père toujours hargneux, il travaille cependant avec lui, mais le soir, il joue de la guitare.
Il est jeune, gentil, capable encore de comprendre, de rêver et sa grand-mère le séduit vaguement.
Berthe, la vieille dame indigne , est calme, digne, perspicace et ferme, elle possède le bon sens, la sagesse que donne un long passé difficile, mais elle s la fraîcheur, la curiosité, la tranquille ironie de certains qui n’ont guère vécu par eux-mêmes et beaucoup, pour et par les autres.
Chacune de ses phrases est empreinte d’ingénuité tranquille et de bon sens, chacun de ses regards, chacune de ses mimiques à peine esquissée est profondément significative.
Mais si les êtres sont définis, peints en quelques traits justes, si réactions et comportements, évolution de chacun sont sensibles aux spectateurs, les personnages gardent leur densité, la part humaine d’imprévisible, d’indescriptible, l’on sent bien que l’on ne sait pas tout d’eux, qu’un jour, ailleurs, ils ont été ou seront différents.
LA VIEILLE DAME INDIGNE Sylvie ... Madame Bertini Victor Lanoux ... Pierre Malka Ribowska ... Rosalie François Maistre ... Gaston