L’ANGE BLEU
titre original DER BLAUE ENGEL
Allemagne. 1930. PRODUCTEUR: Erich Pornmer, U.F.A.
RÉALISATEUR Von Sternberg.
IMAGES.
Gunther Rittau et Hans Schneeberger.
MUSIQUE : Friedrich Hollander.
Avec :
Emil JANNINGS
Marlène DIETRICH
Kurt GERRON
Rosa VALETTI
Hans ALBERS
Reinhold BERNT
Eduard VON WINTERSTEIN
Roif MULLER
Le professeur Rath, choqué par les photographies suggestives qu’échangent ses élèves, entreprend d’aller chapitrer le modèle, la belle Lola-Lola, au cabaret L’Ange Bleu où elle se produit chaque soir.
Le digne professeur oublie vite ses projets devant la beauté ensorceleuse de la jeune femme et, à la suite d’un véritable coup de foudre, renonce à sa carrière pour l’épouser.
C’est pour lui le début d’une longue déchéance il ira de ville en ville, clown dérisoire d’une troupe miteuse, pour finalement revenir dans sa ville où il sera la risée de ses collègues et de ses anciens élèves. Trompé par Lola-Lola, désespéré de sa déchéance,il va mourir dans sa classe déserte.
L'histoire de L'Ange bleu est celle du détournement d'une œuvre littéraire . Qui pourrait en effet deviner en voyant le film que le personnage principal du roman dont il est tiré n'est pas Lola-Lola, la chanteuse du cabaret, mais le professeur Rath.
Avec une audace qui tient du coup de génie, Sternberg a quasiment rejeté dans l'ombre le triste héros de Heinrich Mann pour mieux mettre en lumière une petite actrice qui n'avait, jusque-là, guère fait parler d'elle.
Comme Lola-Lola humiliant son vieux soupirant, Marlene Dietrich
allait littéralement écraser par sa présence et sa photogénie le plus grand acteur du cinéma allemand, Emil Jannings. Celui-ci en conçut d'ailleurs d'autant plus de rancune, tant à l'égard de la nouvelle vedette qu'à celui de Sternberg, qu'il avait pensé se tailler la part du lion avec un rôle fait sur mesure.
Tout au long de la préparation et du tournage, Sternberg, subjugué par sa découverte, insensiblement s'éloigna du sujet initial. Dans son roman, sous-titré « la chute d'un tyran », Heinrich Mann dénonçait, à travers le portrait de Rath, l'hypocrisie et les vices de la société bourgeoise allemande au début du siècle. S'il est un tyran dans le film, ce n'est certes pas le malheureux professeur, souffre-douleur de la froide et blonde allumeuse, Lola-Lola.
Quant à la critique sociale, Sternberg s'en souciait peu. Il lui importait bien davantage d'observer les ravages déclenchés par la puissance erotique d'une femme.
Et, délibérément, le réalisateur prit le parti de Lola-Lola. Son comportement est plus instinctif que sadique ; elle n'utilise jamais volontairement sa beauté et ses pouvoirs pour détruire les hommes ; elle se contente d'être elle-même, tout à la fois violemment charnelle et ambiguë, presque inconsciente de sa puissance. Libre à Rath de s'abandonner à son masochisme naturel en suivant servilement les pas de Lola-Lola ; il est bien le seul responsable de sa déchéance.
Marlene Dietrich est une femme fatale . La lumière caresse son visage, ses cheveux bouclés, ses jambes gainées de noir. La caméra suit avec tendresse tous ses mouvements, même les plus vulgaires.
Universellement célèbre, L ‘ANGE BLEU marque une date dans l ‘histoire du cinéma.Il confirme Josef Von Sternberg comme créateur, il révèle une comédienne qui deviendra un mythe érotique. Marlène Dietrich, il donne de l ‘Allemagne pré-nazie un portrait qui demeure un témoignage .
L’ANGE BLEU