PIERROT LE FOU
Franco-Italienne. 1965.
PRODUCTEURS: Rome-Paris Film, de Laurentis.
RÉALISATEUR : Jean-Luc Godard.
AUTEUR: Jean-Luc Godard, d’après le roman de Lionel White.
IMAGES: Raoul Coutard.
MUSIQUE: Antoine Duhamel.
Avec: Jean-Paul Belmondo, Anna Karina, Kirk Sanders, Raymond Devos, Graziella Galvani, Roger Dutoit, Hans Meyer, Jimmy Karoubi, Christa NelI, Pascal
Aubier, Pierre Hanin.
Ferdinand, qui rie s’entend plus avec sa femme Maria, fille d’un industriel italien, profite d’une soirée mondaine pour filer avec Marianne, dont il fut autrefois l’amant.
Le lendemain, il apprend que sa femme, lasse de lui, va demander le divorce: il propose à Marianne de rester avec lui. Celle-ci veut bien partir avec lui, mais seulement lorsqu’il aura débarrassé le salon d’un cadavre compromettant.
Mais il est dérangé dans son travail et ils doivent quitter précipitamment l’appartement en 404. En route, ils trouvent une voiture accidentée pour éviter la police qui le recherche déjà, il incendie les deux automobiles, sans récupérer l’argent que les truands avaient avec eux.
Arrivés sur la côte, ils connaissent tous les deux quinze jours de bonheur éclatant dans la solitude. Mais Marianne se lasse : elle voudrait retrouver la vie civilisée. Ferdinand, qui a cru comprendre qu’elle était la sœur d’un gangster et qu’elle travaillait, pour lui, dans une autre bande, la voit disparaître un jour, après l’apparition d’un nain inquiétant. Retrouvé par Marianne alors qu’il travaille dans le port de Toulon,il repart avec elle. Mais, dans un bar-dancing, ils sont rejoints par deux gangsters que Marianne abat à coups de fusil. Puis elle part avec son frère; Ferdinand les rattrape dans une île proche, voit Marianne embrasser son pseudo-frère, l’abat, blesse mortellement la jeune femme et se suicide.
Le film-vertige de Godard le fou. Fou du cinéma,fou de la beauté, et fou d’une femme aimée.
Pierrot le Fou, est l’aboutissement d’une œuvre discutée,déconcertante, personnelle. Jamais Jean-Luc Godard n’est allé aussi loin dans l’engagement personnel Il sera difficile de séparer la part d’autobiographie et la part de fiction qui se mêlent sous les incorrigibles apparences de désinvolture.
Pierrot le Fou, c’est d’abord le constat agressif d’un monde invivable. On évoque la mort de 115 maquisards viet-cong, comme on parle d’une marque de savon. La guerre sert de divertissement aux habitants des nations sur-développées.
On a envie de fuir, de tout quitter, d’emmener avec soi la femme qu’on aime. La seconde partie du film est cette recherche d’un bonheur absolu dans la retraite artistique et amoureuse. Lire, écrire, aimer. Retrouver la pureté de la forme littéraire, la joie de danser dans une nature complice, réapprendre l’art en suivant l’autodidacte Elie Faure, les citations parlées succèdent aux notations écrites, portant au paroxysme le goût des références que l’on a si souvent reproché à Godard.
Marianne s’ennuie. Elle déambule le long de la plage en exprimant son désœuvrement.
Le bonheur est donc impossible, si on n’a pas su retenir celle qu’on aime. La folie, commence, qui prend l’allure d’un vertige, d’une chute libre assaillie de souvenirs. Le passé de Pierrot le Fou, c’est l’œuvre cinématographique de Godard (avec des références aussi précises que la torture du Petit soldat, par exemple). Et la mort de Pierrot sera celle des héros de Godard.
Le jeune homme désespéré est en face de la mer. Le néant et la mer. C’est la même fin que Le mépris. Mais avec un désespoir immense.
«De PIERROT LE FOU, déclare J.-L.Godard, je voulais faire un petit film avec Michel Piccoli et Sylvie Vartan, elle n’a pas pu. Alors Belmondo m’a permis de faire un film avec plus de moyens; ça compte l’argent qu’une vedette amène. » Le film, présenté au Festival de Venise, suscite de vives polémiques.. Le réalisateur américain Samuel Fuller joue son propre rôle dans la scène de la soirée mondaine.
PIERROT LE FOU