LE MAGNIFIQUE
France, Italie. 1973.
RÉALISATEUR : Philippe de Broca.
MUSIQUE : Claude Bolling.
AVEC :
Jean-Paul Belmondo (Bob Saint-Clair et François Merlin), Jacqueline Bisset (Tatania et Christine), Vittorio Caprioli, Monique Tarbès, Raymond Gérôme, Jean Lefebvre...
Un agent secret est enlevé alors qu'il occupe une cabine téléphonique. La cabine et son locataire sont jetés à la mer. Le chef des Services Secrets décide de faire appel au célèbre Bob St Clair, le « plus célèbre agent secret du monde ». Après avoir fait escale à Orly (où il échappe de peu à un attentat), Bob arrive en Amérique du Sud où il retrouve Tatania. Mais le chef des Services Secrets d'Albanie attire Bob et Tatania dans son repaire ; il va les torturer affreusement lorsque l'intrigue policière s'interrompt : nous voici à Paris où, dans un petit appartement sordide, Merlin, auteur de romans policiers à la chaîne est en train d'achever le dernier épisode des extravagantes aventures du personnage qu'il a créé, au milieu des petites tracasseries de la vie quotidienne ; une femme de ménage bavarde, un plombier fatigué, un éditeur qui refuse une avance... et une étudiante (Christine) dont Merlin tombe amoureux. Le malheureux écrivain va mener de front un récit où il intègre les personnages de sa vie réelle et une intrigue sentimentale qui se dénouera heureusement.
« Comment est-il mort? - Dévoré par un requin dans une cabine téléphonique ! » C'est l'une des premières répliques du film et cela donne le ton de cette fantaisie débridée qui constitue une fort réjouissante mise en boîte des films d'espionnage. Pour la plus grande joie des spectateurs, James Bond est mis en pièces, disséqué, ridiculisé (le film s'appelait primitivement : « Comment détruire la réputation du plus célèbre agent secret du monde »).
Le magnifique, c'est Belmondo qui fait ici une inoubliable création dans un double rôle qui lui permet d'exprimer toute la gamme de ses dons : amoureux transi ou séducteur triomphant, écrivain minable ou agent secret invulnérable ; il est constamment juste, drôle, étonnant de virtuosité, de charme, de gouaille.
Quant à de Broca, il retrouve ici la verve, le rythme échevelé, l'invention de L'homme de Rio en s'offrant un exercice de haute virtuosité sur le thème du rêve et de la réalité. Tout est élégance et refus de la vulgarité. Ce refus de la vulgarité qui fait « passer » les plus extravagantes outrances : l'on rit d'un bout à l'autre d'un film où l'hémoglobine coule à flots, au sens propre du terme.