Franco-italien 1970
Annie Cordy ... Nelly
Jacques Rispal ... Le docteur
Nicole Desailly ... L'infirmière
Harry-Max ...Le retraité
André Rouyer ...Le délégué
Carlo Nell ... L'agent immobilier
Yves Barsacq ... L'architecte
Florence Haguenauer ... Germaine
Renate Birgo ... La crémière
Ermanno Casanova ... Le patron du café
Georges Mansart ... Le garçon à la moto
Isabel del Río ... La fille à la moto
Il fut typographe, elle fut acrobate. Ils sont vieux, oisifs, ils vivent dans un pavillon cerné par les travaux, de grands immeubles remplaçant les petites maisons. Il n'aime plus que son chat, elle devient jalouse.
C'est un film dense parfois lourdement insistant dans sa symbolique (l'écroulement des immeubles voisins, les décombres de deux existences), mais chaque geste quotidien, chaque expression de Julien, de Clémence est juste, significatif dans l'atroce ambivalence de l'amour et de la haine qui les unissent jusqu'à la mort. On pouvait craindre une exhibition de deux monstres sacrés, Jean Gabin et Simone Signoret, on se trouve devant deux êtres humains qui gardent leur mystère et leur transparence ; ils vivent douloureusement l'inexorable vieillesse dans un cadre étriqué que nul misérabilisme ne vient tronquer - Julien, sans doute, ne peut pardonner à celle qui fut le passé radieux d'un grand amour (sobrement évoqué en adroits et brefs flash-back), d'être boiteuse, vieille, il est muré en lui-même et n'offre qu'ironie et inertie aux scènes que tente Clémence. Il croit son cœur éteint à jamais, seul le chat le rend à la vie affective... Elle demeure plus vivante, elle aime encore, elle cherche désespérément par l'évocation du passé, par les querelles, à obtenir une parole, un geste, l'attention qu'il donne au chat... Il est devenu, absurdement son rival et par lui, elle peut atteindre Julien. Le film est une tragédie, banale, celle des couples qui ne peuvent plus vivre ensemble, mais qui ne peuvent pas non plus se séparer. C'est aussi le drame des vieillesses inutiles, de ces vies qui se prolongent, sans but. L'œuvre n'est pas sans défauts mais elle est tristement, profondément humaine.