LE DESERT ROUGE
Italo-française. 1964.
AVEC
Monica Vitti.
Richard Harris, Carlo Chionetti, Xenia Valderi, Lili Rheims, Rita Renoir, Aldo Grotti, Valerio Bartholeschi.
Giuliana qui habite avec son mari, Ugo, dans la banlieue industrielle de Ravenne, souffre de névrose à la suite d'un accident d'automobile. Le triste monde moderne qui l'environne accentue son angoisse. Corrado, ingénieur comme Ugo, arrive un jour à Ravenne, où il cherche à embaucher des ouvriers pour l'étranger. Giulina et Corrado éprouvent des sympathie l'un pour l'autre et se rencontrent plusieurs fois, seuls, en présence d'Ugo, ou lors d'une déprimante réunion d'amis.
L'enfant de Giulina simule la maladie, aggravant encore l'angoisse de la jeune femme qui court à l'hôtel de Corrado et devient sa maîtresse. Cette étreinte passagère ne lui apporte pas le calme escompté, et Corrado parti, elle continue de se promener parmi le triste paysage de la banlieue de Ravenne.
Le message du film est dans le comportement des personnages et cela au niveau de leurs gestes les moins contrôlés, les plus insignifiants en apparence. Il est surtout dans l'emploi expressionniste des paysages, tristes banlieues qui ne connaissent que la brume et la fumée pour masquer une architecture inhumaine, dans l'utilisation symbolique des objets qui jalonnent le film, dans les couleurs savamment étudiées, dans leur monotonie ou dans leurs contrastes.
Quant à la construction dramatique, et aux dialogues, ils sont ce que l'auteur a voulu, la plupart du temps dépourvus de toute signification.
Au centre de l'œuvre , l'aliénation des individus face à une société monstrueuse, inhumaine, qui introduit la mécanique au cœur même de la vie, et qu'on ne supporte qu'en raison d'une réminiscence tenace et nostalgique de l'âge d'or (séquence de l'histoire racontée par Giulina à son fils). De cette prison sinistre qu'est le monde moderne, l'homme tente faiblement de s'évader par des moyens dérisoires : il cherche une excitation facile dans un triste érotisme, rêve d'aphrodisiaques (séquence de la réunion dans la cabane de planches), songe à se libérer par l'adultère qui servait si facilement d'exutoire à ses pères (et la scène d'amour entre Corrado et Giulina n'est que le négatif d'une véritable scène d'amour, elle a quelque chose de triste et de désespéré). Si le film est loin d'être optimiste, le comportement de l'enfant l'empêche d'être totalement pessimiste.