Il filme comme il aime, comme il le sent.
"La caméra est la projection de mon sentiment. Je me projette sur les êtres et j'essaie de traduire leurs sentiments par les mouvements, ou l'absence de mouvements, que je peux faire... La caméra doit traduire une agitation interne, le stress, l'attente. Elle doit aussi être sensible aux ondulations de la musique... C'est comme un serpent... "
"je pratique une suite de variations, d'improvisations à partir d'un thème très travaillé. "La lune dans le caniveau" est un film dont j'ai beaucoup travaillé le sous-texte, les gestes, les intentions. Quand nous avons commencé le tournage, le scénario en était à sa cinquième version. C'était un scénario très écrit, très précis. Mais je suis très ouvert pendant le tournage, très opportuniste : quand un événement survient, j'essaie d'en faire mon profit... Le tournage en studio réclame davantage de travail qu'en décors naturels. Le décor naturel, on le subit. Avec plus ou moins de chance, plus ou moins d'élégance, mais on le subit. Par exemple, pour les scènes de quais que nous devions tourner en extérieurs sur le port de Marseille, j'avais toujours rêvé d'avoir un gros bateau rouge. J'ai eu un bateau gris. ... Le travail en studio est plus délicat. Un studio, c'est quelque chose qu'on doit gérer, qu'on doit vouloir. C'est un garde-manger vide, un endroit tout simplement... Mais dans un cas comme dans l'autre, l'essentiel, c'est de toujours être là où il faut et comme il le faut. Chaque élément amène une possibilité de position de caméra, d'interprétation, de lecture différentes. Et quand il s'agit d'interpréter, l'artiste se retrouve toujours seul face à ses responsabilités."
.Jean Jacques Beineix est un réalisateur français né le 08 octobre 1946 à Paris et décédé le 13/01/2022. Son père travaillait dans les assurances . Aux Noëls dans les compagnies d'assurances de son père, il y avait des spectacles et il voulait toujours monter sur scène, prendre le micro !...
Et ses grands-parents , ses deux grands-mères lui ont fait la lecture pendant des heures, lui ont raconté des histoires... Tout cela lui a permis de devenir conteur et d'aimer le monde du spectacle. Ensuite "il y a eu... l'ennui de l'école, l'ennui des leçons, l'horreur du lycée, l'horreur des compositions où je faisais des impasses totales."
A habité à Paris, a obtenu un bac philo. Grâce à un 18 en français . ..Il a choisi les études difficiles : il s'est inscrit en médecine car un copain y était, Puis au bout de 3 ans : mai 68. Et ses espoirs de médecin se sont envolés... Il a " pris des vacances " et effectué divers petits métiers.
En 69. on lui a proposé un petit travail de stagiaire sur un feuilleton télé, et c'est à ce moment-qu'il s'est présenté au concours de l'IDHEC. Il devait y avoir cinq cents candidats au départ. Après les éliminatoires, plus que cent... Il a fini vingt et unième. Ils en ont pris dix-sept. Alors il est devenu stagiaire sur "Les saintes chéries" puis assistant de Jean Becker., Claude Berri (Le cinéma de papa) .. René Clément ("La maison sous les arbres").. Jean-jacques travaillait avec des gens qui l'appréciaient et le recommandaient à d'autres ... Il sera du "Le bateau sur l'herbe" de Gérard Brach..
Clément le prendra "La course du lièvre à travers les champs" (1972) comme second assistant et premier voyage sur le continent nord-américain...Il rencontrera Jean-Louis Trintignant avec qui il a beaucoup sympathisé. Il sera assistant dans son film "Une journée bien remplie"; Par Jean-Luis, il deviendra mordu de bagnoles et des compétitions automobiles.
Marc Simenon fera appel à Jean-Jacques : ce sera "Le sang des autres" puis Berri avec "Le mâle du siècle", Zidi avec "La course à l'Echalote" . Tout cela lui a appris à "devenir quelqu'un de réaliste et pas un rêveur". Après, ça a été "L'aile ou la cuisse" (1976) L'animal" (1976) avec Belmondo.
Il a ensuite démarré la préparation de "La vie devant soi" avec Moshe Mizrahi... Mais Simone Signoret a dû retarder le film de six mois et Jean-Jacques s'est retrouvé au chômage !
Moshe Mizrahi lui a fait comprendre que personne ne viendrait le chercher pour faire un film. Qu'il fallait qu'il se lance. Ce qu'il fera : un court-métrage, en 77 à partir d'une nouvelle d'André Rouyer "Le chien de monsieur Michel" . Puis il va écrire son film avec son camarade Olivier Mergault , qui était souvent co-premier assistant et ils ont essayé de trouver de l'argent pour financer ce projet. Six mois d'écritures , pas d'avances sur recettes; Donc pas de possibilité de le réaliser.
Irène Silberman lui demandera s'il a lu "Diva" de Delacorta" et ce sera le début de sa carrière de grand réalisateur.
Son premier succès sera " Diva"suivi de "37°2 le matin".
Tourne peu car se consacre aux documentaires ( Otaku sur le Japon, le portrait de Jean Dominique Baudy)
Jean-Jacques Beineix , a aussi travaillé pour le théâtre en dirigeant une biographie musicale sur la vie de Kiki de Montparnasse jouée au théâtre : Au Lucernaire en 2015 , 2016 et interprêtée par Héloise Wagner ( Kiki de Montparnasse) .
Le chien de Monsieur Michel (1977)
Diva (1981)
La lune dans le caniveau (1983)
37°2 le matin (1986)
Roselyne et les lions (1989)
IP5: L'île aux pachydermes (1992)
Otaku (1994)
Mortel transfert (2001)