COUP DE TORCHON
Réalisation de Bertrand Tavernier, France, 1981.
d'après le roman de Jim Thompson « 1 275 âmes »
AVEC : Philippe Noiret {Lucien Cordierl, Isabelle Huppert (Rose), Jean-Pierre Marielle (Le Péron et son frère), Stéphane Audran IHuguette Cordier), Eddy Mitchell (Nono), Guy Marchand Chavasson), Irène Skobline (Anne), Victor Garrivier (Mercaillou), Gérard Hernandez (Léonelli), Abdou-laye Diop (Fête Nat), François Perrot (colonel Trannichèle), Samba Mané (Vendredi), Raymond Hermantier (l'aveugle).
L'action se déroule en A.-O.P., en 1938. Lucien Cordier, unique policier d'un petit village africain, manque d'autorité. Bafoué par Huguette sa femme, raillé par Nono, son soi-disant beau-frère, il est la tête de Turc des deux souteneurs locaux. Le Pérou et Léonelli..
Se ressaisissant, à la suite d'une leçon brutale de ses amis et supérieurs, Cordier tue les deux truands, au grand dam de son collègue Chavasson . C'est le début d'un grand « coup de torchon », qui va frapper ensuite le sinistre Mercaillou, mari de l'aguichante Rose, maitresse de Cordier. Après quoi Rose vient s'installer tranquillement chez Cordier et Huguette , ce qui occasionnera quelques troubles.
Tandis que Nono tourne en vain autour d'Anne, la jeune institutrice qui prête une oreille compréhensive aux propos étranges de Cordier , celui-ci a d'autres soucis; son action de justicier universel est interrompue par l'arrivée d'un frère et sosie de Le Péron, soucieux du sort de ce dernier. Grâce à la ruse de Cordier, il repartira , et Cordier, qui a aussi supprimé le Noir Vendredi, va pouvoir continuer sa mission de grand nettoyage. Mais les événements vont se précipiter; exploitant les circonstances, Cordier se trouve débarrassé de l'odieux couple Nono-Huguette, grâce à Rose, à qui il avait confié à tout hasard son revolver... . Dans la confusion générale qui s'ensuit survient la nouvelle de la mobilisation générale, et c'est dans cette atmosphère de fin d'une époque (nous sommes au moment des événements de Munich) que Rose quitte le petit village africain, où, enfin seul, Lucien Cordier va pouvoir s'adonner à la paix de son âme réconciliée...
Coup de torchon est le septième long métrage de Bertrand Tavernier. Mieux construit et mieux maîtrisé techniquement que ses films de début, bénéficiant d'un sujet plus intéressant que La Mort en direct (1979).
Le sujet est tiré d'un roman célèbre de Jim Thompson, auteur qui a lui-même travaillé pour le cinéma, comme dialoguiste d'Ultime Razzia (The Killing, 1956) et scénariste des Sentiers de la gloire (Paths of Glory, 1957), tous deux de Kubrick, comme adaptateur du Guet-Apens (The Getaway, 1972) de Peckin-pah, d'après son propre roman, et même comme acteur dans Adieu ma jolie (Farewell, My Lovely, 1975) de Dick Richards. C'est d'un autre de ses romans qu'Alain Corneau a tiré son célèbre Série Noire (1979). L'action du roman de Thompson, « 1 275 âmes », était située dans le sud des États-Unis, et la transposition en France n'était pas facile à effectuer. Le trait de génie des adaptateurs, Aurenche et Tavernier, c'est de l'avoir transposée en Afrique française à la veille de la guerre qui, avec le double décalage dans l'espace et dans le temps, offrait en effet une équivalence sociologique aussi plausible que satisfaisante. L'ancienne société coloniale répondait assez bien à l'archaïsme de la société sudiste.
Le film a un ton à la fois incisif, truculent et ironique qui enveloppe tout le récit ainsi qu'au relief, qui est conféré à chacun des personnages incarnés par Noiret, Huppert, Marielle, Marchand, Mitchell et jusqu'aux moindres comparses.
Philippe Noiret , Isabelle Huppert , Jean-Pierre Marielle), Stéphane Audran , Eddy Mitchell, Guy Marchand