SERAIL
1976
réalisé par Eduardo DE GREGORIO
avec
Leslie Caron ... Céleste
Bulle Ogier ... Ariane
Marie-France Pisier ... Agathe
Corin Redgrave ... Eric Sange
Marilyn Jones ... Berthe
Pierre Baudry
Une grise journée de novembre, quelque part dans la province française. Avançant lentement le long d'une route déserte, une silhouette. C'est Eric (Corin Redgrave), un bel homme intelligent d'une trentaine d'années aux origines anglaises.
A une centaine de mètres de la route s'élève une imposante villa, grande maison bourgeoise du dix-neuvième siècle. En approchant on peut constater que la peinture s'écaille en de nombreux endroits. Le lieu est désolé, presque sinistre dans la brume automnale.
L'Anglais retire de sa poche une paire de lunettes qu'il ajuste sur son nez pour examiner une petite annonce dans le journal qu'il porte sous le bras. Il tourne ensuite son regard vers la façade qu'il inspecte méthodiquement et franchit les quelques mètres qui le séparent encore de la porte principale.
Une jeune femme blonde vient lui ouvrir. Vêtue d'une longue robe d'un vert criard, vieille peut-être d'un demi-siècle, elle s'appuie langoureusement contre la porte, jaugeant l'inconnu avec une curiosité paresseuse. Elle dit s'appeler Ariane (Bulle Ogier) puis, sans ajouter un mot introduit le visiteur dans le hall et le guide silencieusement à travers la demeure silencieuse. Son attitude provocante excite l'intérêt d'Eric mais alors que celui-ci la croit prête à succomber, la jeune femme le renvoie brusquement en lui demandant de revenir le lendemain.
Intrigué, l'écrivain se présente donc dès le jour suivant à la porte de la mystérieuse villa et, à son grand étonnement, c'est une femme bien différente qui lui ouvre la porte : Céleste (Leslie Caron) porte un gros tablier de toile grise et se tient devant lui tel un gardien intraitable.
Elle accepte de le laisser entrer et le mène jusqu'à une jeune femme brune apparemment respectable et répondant au prénom d'Agathe (Marie-France Pisier). Visiblement très étonnée par les déclarations du visiteur, celle-ci affirme que personne d'autre ne vit dans la maison. Elle semble toutefois fascinée par l'étrange rencontre qu'il prétend avoir fait la veille et se propose de l'aider à éclaircir ce mystère.
Convaincu qu'il tient là le sujet d'un bon roman, Eric décide de percer le secret de ces vieilles pierres et cerner l'existence des femmes qu'elles abritent.
Lors d'une troisième visite, il retrouve Ariane qui, dans une chambre aux rideaux tirés et aux murs nus, lui joue la grande scène de ses ancêtres disparus l'un après l'autre dans des circonstances tragiques. Puis, après l'avoir emmené dans une autre pièce, elle se déshabille et se donne à lui.
Eric se pose des questions sur la conduite à adopter.
Ariane adopte pourtant une étrange attitude et prétend que si « Mademoiselle Agathe» est très bonne pour elle, elle est pourtant au courant de certaines choses bizarres qui se passent dans la maison.
Ne sachant pas très bien s'il doit accorder foi aux propos de Céleste, Eric croit d'abord que la comédie des jeunes femmes n'a qu'un but purement intéressé : vendre la maison pour un maximum d'argent. Mais, une visite chez le notaire lui fait rapidement comprendre que cette hypothèse n'était pas la bonne.
Eric a choisi de faire des trois femmes qu'il côtoie désormais quotidiennement les héroïnes du nouveau roman qu'il est en train d'écrire : leur caractère s'y prête, l'endroit et la situation également. Et, aussi longtemps qu'il pense pouvoir tout justifier rationnellement son livre avance mais, lorsqu'il réalise que ses interprétations sont inadéquates et que c'est peut-être Céleste, aidée d'Ariane et d'Agathe, qui l'entraîne dans un piège, alors sa capacité d'écriture s'amenuise et va mémo jusqu'à disparaître tout à fait.
Eric est résolu à devenir acquéreur de l'étrange villa et qu'il s'y est installé à demeure. Il insiste pour garder Céleste à son service et invite les deux jeunes femmes à profiter de son hospitalité aussi longtemps qu'elles le voudront. En dépit de tout cela, des repas pris en commun, des distractions partagées, il sent confusément que quelque chose lui échappe, que le mystère auquel il est confronté, loin de livrer un peu de lui-même, se fait chaque jour plus impénétrable. Comme si Eric se trouvait soudain prisonnier d'un gigantesque filet dont les mailles se rétrécissent imperceptiblement pour tenter de l'étouffer.
Corin Redgrave, est le représentant prestigieux de la troisième génération d'une illustre famille de comédiens dont les moindres ne sont certes pas son père Michael ni sa sœur Vanessa.
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