SPARTACUS
Commencé par Anthony Mann - dont le travail, la première séquence, est resté dans le montage final - et poursuivi par Stanley Kubrick appelé en remplacement par Kirk Douglas.
avec Kirk Douglas (Spartacus), Laurence Olivier (Marais Crassus), Jean Simmons (Varinia), Charles Laughton (Gracchus), Peter Ustinov (Batiatus), John Gavin (Julius Caesar), Tony Curtis (Antoninus), Nina Foch (Helena), Herbert Lom (Tigranes), John Ireland (Crixus), John Dali (Glabrus), Charles McGraw (Marcellus).
Rome, 69 av. J.-C.
Ramené de Libye par Batiatus, le directeur d'une école de gladiateurs de Capoue, l'esclave thrace Spartacus est entraîné à combattre et mourir dans l'arène. Fier et indomptable, il inquiète quelque peu Batiatus cependant satisfait de sa découverte.
De fait, alors qu'il combat à mort devant le général Crassus, son adversaire au lieu de lui porter le coup de grâce retourne son arme contre Crassus, mais celui-ci le tue froidement.
Peu après, Spartacus se révolte avec ses compagnons, bientôt rejoint par des centaines, des milliers, des dizaines de milliers d'esclaves. Le sénat envoie contre eux une armée qu'ils mettent en déroute.
Crassus, dont le protégé a été battu par les insurgés, et que son intendant a abandonné pour rejoindre ceux-ci, fait de la révolte une affaire personnelle et obtient du sénat les pleins pouvoirs.
Trahis par un pirate qui devait les emmener outre-mer, les esclaves doivent combattre trois années romaines qui les taillent en pièces. Les quelques milliers de survivants sont crucifiés sur la voie Appienne. Crassus fait supplicier en dernier l'homme qui a hanté ses nuits et dont il convoite la compagne, Varinia, comme exorcisme.
Mais Gracchus, le sénateur de la plèbe dont il a obtenu la disgrâce, lui joue un vilain tour avant de se suicider : il affranchit Varinia et le fils de Spartacus qui sera de fait un homme libre.
Voici un extrait du livre de Kirk Douglas qui explique le changement de réalisateur:
"Les choses se mettaient en place. Universal voulait absolument m'imposer Anthony Mann comme metteur en scène. Je m'y opposais. Anthony Mann avait déjà réalisé de nombreux films à succès : Winchester 73, The Glenn Miller Story, Stratégie Air Command, des westerns ou des mélodrames, mais Spartacus n'était pas un film pour lui. J'aime bien les gens qui arrivent sur le plateau avec des idées d'amélioration ; Anthony Mann, lui, avait peu de chose à proposer. La dimension du film semblait l'effrayer. Je me battis avec la compagnie pour qu'il fût remplacé. Mais ils avaient conclu un bon arrangement financier avec lui, et ils restèrent sourds à mes demandes.
Le tournage débuta le 27 janvier 1959. La première semaine, nous tournâmes dans la Vallée de la Mort les scènes dans les mines, et tout se passa bien. J'étais agréablement surpris. Mais les choses se gâtèrent lorsqu'on en arriva à l'école de gladiateurs. Il devint évident qu'Anthony Mann ne dominait pas son sujet. Il acceptait toutes les suggestions de Peter Ustinov, le laissant ainsi se mettre lui-même en scène. Ces suggestions étaient bonnes... pour Peter, mais pas forcément pour le film. Peter était un homme spirituel, et il fit beaucoup rire à Hollywood en déclarant un soir, lors d'une réception, que dans un film de Kirk Douglas, « il fallait faire attention de ne pas jouer trop bien ».
Ironie de l'histoire, Peter Ustinov fut le seul acteur à remporter un Oscar pour son rôle dans Spartacus.
Les gens de la compagnie ne tardèrent pas à s'en ouvrir à moi : « Kirk, vous avez raison. Il faut vous débarrasser d'Anthony Mann. » Je rechignai, peu préparé à ce changement soudain. Je déteste procéder à de tels changements alors que le tournage a déjà commencé. Un engagement c'est comme un mariage : on ne divorce pas immédiatement, on cherche d'abord à arranger les choses. Je voulais le garder. En outre, par qui allais-je le remplacer? Mais ils se montrèrent inflexibles : il fallait le renvoyer, et il fallait que ce fût moi qui m'en charge. A la fin de la journée de tournage, le vendredi 13 février 1959, je me jetai à l'eau. Ce ne fut pas chose facile. « Tony, je regrette, mais la compagnie estime que tu n'es pas à ta place pour ce film. » Tony accepta la chose avec beaucoup de philosophie. J'en fus touché. Peut-être, au fond, était-il soulagé. «Je te dois un film, Tony », ajoutai-je. Je lui devais aussi 75 000 dollars, que nous lui payâmes intégralement.
SPARTACUS CINEMEILLEUR