KATY JURADO d'origine aristocratique, était née Maria Cristina Estella Marcella Jurado de Garcia, à Guadalajara (Etat de Jalisco), le 16 janvier 1924. Katy étant le diminutif de Cristina, par lequel l'appelaient plus simplement ses proches. Sa mère était chanteuse d'opéra, son père, un riche planteur partiellement ruiné par l'une des nombreuses révolutions qui lui avaient confisqué ses terres. Mais, tout appauvris qu'ils fussent devenus, les de Garcia continuaient à mener grand train et à vivre selon leur idéal de noblesse. Une éducation qui se traduira dans le port hautain et fier — cou tendu et regard ombrageux — de la future actrice. Elle aura connu ses premiers succès locaux, grâce au hasard de sa rencontre avec le cinéaste Emilio Fernandez mais elle devra attendre son mariage avec l'acteur Victor Velasquez pour obtenir la bénédiction de son père.
Lorsqu'elle tourne, en 1951, son premier film américain, Katy Jurado est loin d'être une inconnue dans son pays, cumulant déjà une quinzaine de longs métrages en langue espagnole et riche d'un Ariel, l'équivalent mexicain des Oscars. Mais son union avec Victor Velasquez a fait long feuavec deux beaux enfants, Victor (1944) et Sandra (1946).
Katy Jurado est encore à Mexico, où Budd Boetticher et John Wayne, coiffant pour l'occasion la casquette de producteur, la découvrent sur les gradins d'une arène, alors qu'ils sont en repérage dans la capitale mexicaine pour « La dame et le toréador ». Ni l'un ni l'autre ne la soupçonnent d'être une actrice, mais tous deux savent d'emblée reconnaître le charisme dans son regard de braise et son port de tête conquérant. Joy Page et Virginia Grey seront les deux vedettes féminines de ce drame de la tauromachie, mais Katy Jurado s'y entendra comme personne pour capter l'attention de la critique.
« She makes a very strong impression », peut-on lire dans le « Variety » de l'époque. Or, elle ne connaît pas un mot d'anglais et a dû mémoriser son dialogue sans en comprendre le sens profond. Son vocabulaire sera à peine plus étendu sur le tournage du « Train sifflera trois fois », mais sa citation aux Golden Globes rendra sa performance d'autant plus remarquable. De fait, elle a tant de présence dans ce western, devenu depuis un classique du genre, qu'il faudra quelques mois au public pour prendre conscience que la femme de Gary Cooper, dans le film, est Grâce Kelly, alors une débutante.
Tandis que son anglais s'améliore, Katy Jurado s'installe dans les rôles de métisses et de viragos exotiques. Avec « La lance brisée », qui lui offre l'occasion de respecter sa promesse de ne pas porter préjudice à la dignité des minorités qu'elle représente, elle frôle une nouvelle fois l'Oscar en incarnant une Indienne, mère de Robert Wagner, qui, par son courage, tire la morale de ce western vers le haut. Pourtant, malgré une indéniable présence à l'écran, Katy Jurado n'aura jamais les arguments physiques qui feront d'elle une star, comme ses compatriotes Dolores Del Rio et Maria Félix. D'autant moins qu'après sa rencontre avec Ernest Borgnine, sur « L'or du Hollandais », et leur mariage, en janvier 1959, elle disparaîtra virtuellement des écrans jusqu'en 1961, date de leur rupture.
Entretemps, elle se sera fait copieusement rosser par son seigneur et maître, comme en attestent les photos parues dans la presse d'alors, la montrant tantôt boitant, tantôt le visage couvert d'ecchymoses.
Lorsqu'elle revient aux « affaires », Hollywood est en pleine mutation, et le western, en déclin. Raison pour laquelle elle aura désormais plusieurs fers au feu, s'ouvrant au cinéma italien (« Barabbas ») tout en amorçant un retour vers les productions en langue espagnole. Si « La vengeance aux deux visages », le premier film de Marlon Brando en tant que réalisateur, lui offre encore un superbe rôle de matriarche mexicaine, « Stay away, Joe », où elle a pourtant pris 12 kg pour incarner la mère d'Elvis Presley, n'apporte rien à son palmarès professionnel. La pitoyable image des Indiens que renvoie d'ailleurs ce vingt-septième film du King trahit la difficulté qu'éprouve Katy Jurado à désormais refuser les rôles contraires à ses principes. A l'époque, elle a d'ailleurs diversifié ses activités, puisqu'on la retrouve copropriétaire, avec son fils, d'une flotte de camions qui assure le transport de marchandises entre Mexico et Monterrey.
En 1978, elle regagne définitivement son Mexique natal, où elle s'était toujours promis de revenir un jour. A cette date-là, la carrière cinématographique de Katy Jurado est pratiquement close, même si elle participe, par le biais de Miguel Littin, au renouveau du cinéma national et s'offre quelques compositions dignes de son talent, comme la pro-phétesse de « Divine » et la dorïa Gregoria
d'« Au-dessous du volcan », où elle retrouve le cinéaste qui lui avait autrefois mis le pied à l'étrier, Emilio Fernandez. C'est de défaillances pulmonaires et cardiaques que l'actrice devait décéder, le 6 juillet 2002, dans sa maison de Cuernavaca. De ses deux enfants, seule sa fille lui a survécu.
1943 : NO MATARÁS (DE CHANC URUETA)
1943 : INTERNADO PARA SEÑORITAS (DE GILBERTO MARTÍNEZ SOLARES),
1943 :LA VIDE INUTIL DE PITO PÉREZ (DE MIGUEL CONTRERAS TORRES),
1943 : BALAJÚ (DE ROLANDE AGUILAR) ;
1944 : ROSA DEL CARIBE (DE JOSE BENAVIDES HIJO) ;
1945 : BARTOK TOCA LA FLAUTA (DE MIGUEL CONTRERAS TORRES),
1945 : LA SOMBRA DE CHUCHO E ROTO (D'ALEJANDRO GALINDO),
1945 : SOLTERA Y CON GEMELOS (DE JAIME SALVADOR),
1945 :EL CRIMEN DEL MUSEO (DE RENE CARDONA) ;
1948 : NOSOSTROS LOS POBRES (D'LSMAEL RODRÍGUEZ),
1948 : EL ULTIMO CHINACO (DE RAÚL DE ANDA) ;
1949 : PRISIÓN DE SUEÑOS (DE VICTOR URRUCHUA), 1949 :
1949 : EL SEMINARISTA (DE ROBERTO RODRÍGUEZ) ;
1950 : CABALLERA BLANCA (DE JOSÉ DIAZ MORALES),
1950 : EL SOL SALE PARA TODOS » (DE VICTOR URRUCHUA) ;
1951 : THE BULLFIGHTER AND THE LADY (LA DAME ET LE TOREADOR, DE BUDD BOETTICHER),
1951:CÁRCEL DE MUJERES (LE BAGNE DES FILIES, DE MIGUEL M. DELGADO);
1952 : MUJER DE MEDIANOCHE (DE VICTOR URRUCHUA),
1952 : EL BRUTO (L'ENJOLEUSE/LA BRUTE, DE LUIS BUNUEL);
1953 : SAN ANTONE (LES REBELLES DE SAN ANTONE, DE JOSEPH KANE),
1953 : EL CORAZÓN Y LA ESPADA (D'EDWARD DEIN ET CARLOS VEJAR HIJO),
1953 : ARROWHEAD (LE SORCIER DU RIO GRANDE, DE CHARLES MARQUIS WARREN) ;
1955 : TRIAL (LE PROCES/MON FILS EST INNOCENT, DE MARK ROBSON) ;
1956 : THE MAN FROM DEL RIO » DE HARRY HORNER) ;
1957 : DRAGOON WELLS MASSACRE (LA POURSUITE FANTASTIQUE, DE HAROLD SCHUSTER) ;
1958 : THE BAD-LANDERS (L'OR DU HOLLANDAIS, DE DELMER DAVES) ;
1961 : ONE-EYED JACKS » (LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES, DE MARLON BRANDO),
1961 : Y DIOS LA LLAMÓ TIERRA (DE CARLOS TOUSSAINT),
1961 :I BRIGANTI ITALIANI (LES GUERILLEROS, DE MARIO CAMERINI) ;
1962 : BARABBA (BARABBAS, DE RICHARD FLEISCHER) ;
1963 : LA BANDIDA (DE ROBERTO RODRÍGUEZ);
1964 : UN HOMBRE SOLO (DE HARALD PHILIPP) ;
1966 : A COVENANT WITH DEATH » (DE LAMONT JOHNSON);
1967 : STAY AWAY, JOE » ( DE PETER TEWKSBURY) ;
1968 : LA PUERTA Y LA MUJER DEL CARNICERO (DE LUIS ALCORIZA ET ISMAEL RODRÍGUEZ) ;
1970 : THE BRIDGE IN THE JUNGLE (DE PANCHO KOHNER) ;
1971 : RANCHO DEL MIEDO (D'ANTHONY CARRAS) ;
1973 : PAT GARRETT AND BILLY THE KID (PAT GARRETT ET BILLY LE KID, DE SAM PECKINPAH),
1973 : ONCE UPON A SCOUNDREL (DE GEORGE SCHAEFER) ;
1974 : FE, ESPERANZA Y CARIDAD (DE LUIS ALCORIZA ET ALBERTO BOJORQUEZ) ;
1975 : PANTALEÓN Y LAS VISITADORAS (DE JOSE MARIA GUTIÉRREZ ET MARIO VARGAS LLOSA);
1976 : EL ELEGIDO (DE SERVANDO GONZALEZ),
1976 : LOS ALBANILES (DE JORGE FONS) ;
1978 : VIVA EL PRESIDENTE — LE RECOURS DE LA METHODE » (DE MIGUEL LITTIN),
1978 : THE CHILDREN OF SÁNCHEZ (DE HALL BARTLETT),
1978 : LA VIUDA DE MONTIEL (LA VEUVE MONTIEL, DE MIGUEL LITTIN);
1979 : D.F./DISTRITO FEDERAL (DE ROGELIO A. GONZALEZ);
1981 : LA SEDUCCIÓN (D'ARTURO RIPSTEIN);
1983 : UNDER THE VOLCANO (AU-DESSOUS DU VOLCAN, DE JOHN HUSTON) ;
1997 : THE HI-LO COUNTRY(HI-LO COUNTRY, DE STEPHEN FREARS) ;
1998 : EL EVANGELIO DE LAS MARAVILLAS (DIVINE, D'ARTURO RIPSTEIN) ;
2002 : UN SECRETO DE ESPERANZA » (DE LEOPOLDO LABORDE).